AUBRAC Sauvage et envoûtant
SITUÉ EN PLEIN COEUR DE NOTRE PAYS, L’AUBRAC DONNE AU VOYAGEUR UNE IMPRESSION DE BOUT DE MONDE. PRISÉ AU DÉPART PAR LES RANDONNEURS, PÈLERINS ET PÊCHEURS À LA MOUCHE, LE DÉSORMAIS CÉLÈBRE RESTAURANT DE LA FAMILLE BRAS A CONTRIBUÉ À FAIRE RAYONNER UNE RÉGI
Haut plateau posé comme une île aux confins de l’Aveyron, du Cantal et de l’Isère, l’Aubrac dont les sommets culminent à presque
1 300 mètres offre des vues d’une beauté sauvage et une nature inchangée, comme à l’aube de la civilisation. Pays à forte identité, le territoire ne peut que séduire les amateurs d’authenticité et de gourmandise.
Allez en Aubrac, c’est pénétrer un monde de silence
Si les villages sont là pour rappeler que nous sommes au XXIe siècle, le visiteur qui pénètre pour la première fois en Aubrac ne peut être que saisi par l’immensité des panoramas qui s’offrent à lui. Les plateaux ponctués de pâturages à l’infini, murets de pierres sèches, lacs et ruisseaux ; forêts de sapin, terres vertes et grises sur lesquelles paissent les fameuses vaches d’Aubrac aux yeux comme maquillés de khôl, ont l’air d’être là depuis toujours, sans que la main de l’homme ait modifié quoi que ce soit. Peut-être seulement en édifiant quelques burons (petites cabanes en pierre et bois destinées à accueillir les vachers pendant la transhumance) si intégrés dans le paysage qu’eux aussi semblent exister depuis la création du monde. La chaleur des habitants des bourgs et bourgades est proportionnelle à la rudesse du territoire. Amabilité et sens de l’accueil sont partout au rendez-vous, laissant aux voyageurs un souvenir fort comme le pays.
Les maisons se serrent entre elles comme pour se protéger des rudes climats
Laguiole est sans doute le plus connu des villages d’Aubrac. Si, voilà trente ans, le bourg se mourait, l’ouverture du restaurant de Michel Bras, la relance de la Forge de Laguiole, le sauvetage de la race de vache Aubrac (dû en grande partie au très emblématique André Valadier), la coopérative fromagère Jeune Montagne, qui contribue à faire de l’Aligot de l’Aubrac un plat emblématique, ont provoqué un boom économique. Aujourd’hui, dans la ville de 1 200 habitants il y a presque autant d’emplois. Dans la rue principale, se succèdent les boutiques exposant les fameux couteaux à l’abeille, la figure décorative qui les identifie. Pour en savoir plus, il faut filer à la Forge de Laguiole,
dont les ateliers sont ouverts au public. Là-bas, comme dans une ruche, presque 100 personnes travaillent à l’élaboration du célèbre couteau et le visiteur peut apprécier les différentes étapes, la rigueur et l’excellence qui en font un objet unique. La coopérative Jeune Montagne se visite aussi. Dès le matin, on peut assister à toutes les manipulations : de l’arrivée du lait cru venu des 80 producteurs qui forme l’association à la fabrication du fameux fromage de Laguiole bénéficiant d’une AOP. Ici, pas d’artifice. Pas de bon fromage sans bon lait, c’est le mantra de la maison. Impossible de ne pas aller se restaurer chez les Bras. Si Michel a laissé sa place en cuisine à son fils Sébastien, la philosophie de la maison reste la même. Ici les plats sont de véritables odes à la terre, inspirés, poétiques, uniques. Les herbes aromatiques, inconnues de la plupart des gourmets, ponctuent les assiettes. La vue du vaisseau posé au sommet des montagnes à la sortie du village fait flotter le gourmet au-dessus d’un espace dépouillé qui devient un tout, et qui répond au merveilleux agencement culinaire. Se laisser gagner par un dépouillement qui laisse la place à l’imagination De Saint Amans-des-Côts à Espalion, de Laguiole à Marvejols, de Sainte-Urcize à Saint-Chely-d’Apcher, le promeneur ravi découvrira sur son chemin églises fortifiées, romanes ou gothiques, lacs glaciaires, châteaux, cascades, mais aussi pâtisseries, cafés, maisons d’hôtes qui laisseront dans son esprit comme un mélange de simplicité et de richesses sans antagonisme. Et, c’est tant mieux que les chemins de marche soient nombreux, aidant à la digestion des nombreuses gourmandises.