LE VIGNOBLE QUI MONTE
Dans un vignoble connu pour ses vins rouges, cette appellation apporte un vent de fraîcheur de plus en plus apprécié en toute saison.
Picpoul-de-pinet, le blanc tonique du Languedoc
Voilà encore vingt ans, pas grand monde ne pariait sur le succès du picpoul-de-pinet. Aujourd’hui, le vin blanc triomphe en Grande-Bretagne où s’exporte un tiers de la production. Une belle revanche pour un vin qui a failli disparaître avec son unique cépage, le piquepoul blanc. « En 1963, il ne restait plus que 50 hectares de piquepoul blanc autour du village de Pinet », rappelle Guy Bascou. Ce septuagénaire enfant du pays est l’un de ceux qui ont cru en l’avenir du cépage local, à l’heure où le Languedoc plantait du chardonnay et du sauvignon à tout-va. Face à l’étang de Thau, rafraîchi par les embruns marins, entouré d’une nature sauvage entre pinède et garrigue, le piquepoul blanc a trouvé sa terre d’élection. « Son terroir, c’est la mer », dit son slogan publicitaire lancé en 1995. On ne peut pas mieux résumer l’alchimie du vignoble avec le bassin de Thau, sorte de petite mer privée chérie par ses riverains, peuplée de tables à huîtres dont celles des fameuses Tarbouriech. En bouche, la vivacité du cépage apporte un souffle de fraîcheur parfaitement calibré pour les fruits de mer, poulpes, calamars, moules, poissons… qu’ils soient du coin ou d’ailleurs. Ce vin est devenu la plus grande appellation de blancs du Languedoc.
Une mission : rafraîchir !
Le piquepoul a repris racine dans toute la zone d’appellation, dans des terres rouges, crayeuses ou argileuses. La saga de sa longue histoire se dévore dans un livre baptisé Picpoul de Pinet, une odyssée viticole en Languedoc, de Marc Médevielle (Éditions de La Martinière). Un moment cantonné à la fabrication de vermouths, le piquepoul voit maintenant l’avenir en grand. « On a investi en intellect »,
souligne Guy Bascou en racontant l les progrès techniques qui ont permis de révéler la fraîcheur et les délicats arômes du cépage. Aujourd’hui, le picpoul-de-pinet affine la mise en valeur de ses différents terroirs, protège les eaux de son étang en adoptant des mesures agroenvironnementales.
Il ose même quelques cuvées plus concentrées, armées pour se garder quelques années, sans abandonner sa précieuse mission rafraîchissante.
« C’était un pari risqué. Mais nous nous sommes entendus collectivement sur des objectifs exigeants de rendements limités, de délimitation de parcelles et de qualité. On a gagné en écision aromatique. Aujourd’hui, notre vin est is au sérieux, notamment à l’international. »