Dans le vignoble de Marcillac
Phare du vignoble aveyronnais, Marcillac possède des atouts : un raisin typé, le mansois, un vallon superbe et une architecture remarquable.
ON DÉGUSTE…
Tout redémarre il y a cinquante-deux ans lorsque neuf vignerons de Marcillac décident de mettre en commun leur désir de vinifier. Ils essaient alors de reconquérir les pentes du vallon de Marcillac, désertées depuis 1958 et la fermeture des mines de Decazeville dont les ouvriers étaient les clients principaux du cru. Le viaduc de Millau n’était pas construit et l’Aveyron enclavé n’attirait pas le chaland. La notion d’oenotourisme n’avait pas encore été inventée, les touristes descendaient plus vers le Midi que vers les plateaux du sud de l’Aubrac. Un demi-siècle plus tard, le tourisme vert à la cote et, à Marcillac, il est à son affaire. Deux heures et demie depuis Toulouse, idem de l’autre côté depuis Montpellier. La vigne a reconquis les pentes raides du vallon et, chaque année, 2 hectares de plus sont gagnés sur les friches abandonnées. Dans cet amphithéâtre, la vigne couvre environ 200 hectares de part et d’autre de la vallée de l’Ady. Le causse, en haut de coteaux, jusqu’à 500 mètres, n’a pas encore tout à fait retrouvé sa physionomie traditionnelle, trop haut, trop pentu… En raison de ses forts dénivelés, le vignoble est classé en vignoble de montagne, mais quelques murets de pierres sont remontés pour soutenir les terrasses jusqu’à 400 mètres. Elles ont largement été réhabilitées à mi-coteau, là où les vignes alignées sur un ou deux rangs sur les éboulis calcaires coiffent des parcelles aux rangées de vigne enfichées dans la pente de grès rougi. Le mansois, qu’ailleurs on nomme fer-servadou ou braucol, s’y trouve à son aise et profite des rayons maximaux du soleil, compte tenu de la pente, pour produire un rouge savoureux, rafraîchi de tanins subtils, et capable de vieillir. Grand cépage, il donne aussi quelques rosés remarquables.
ON VISITE…
En quittant Rodez par le nord, très vite, le vallon se dévoile, il faut dépasser Marcillac et ses maisons de pierres rouges, celles du terroir, pour pousser jusqu’à Conques. Il ne reste là qu’un seul vigneron produisant un IGP Aveyron, connu des brasseries parisiennes. Le vin nature du domaine Rols honore la mémoire des moines de l’abbatiale de Conques qui, les premiers, plantèrent la vigne aveyronnaise. Ce chef-d’oeuvre de l’art roman, sur le chemin de Compostelle, au tympan et vitraux admirables est classé au Patrimoine mondial de l’Unesco. Les pèlerins venaient y admirer les reliques de sainte Foy. Entre les cours d’eau, se profilent les vignobles et les caves labellisées Vignobles et Découvertes. Ce label a été décerné aux producteurs de la région. Ses partenaires s’engagent à fournir un accueil de qualité et de sensibilité particulière à l’univers du vin. La production viticole n’est pas la seule richesse gastronomique du vallon de Marcillac, où l’aligot et les farçous sont des recettes populaires transmises de génération en génération. Le fromage est l’autre façon de profiter du terroir. Deux AOP se partagent la production laitière aveyronnaise, celle des brebis, au sud, avec le roquefort et celle des vaches, au nord, avec le laguiole. Afin de mieux goûter ces deux fleurons de l’Aveyron, une étape à l’auberge de l’Ady, à Valady, est un excellent début, le chef y sert une assiette réjouissante de produits du terroir mis en scène avec brio et la carte des vins parcourt la région. C’est aussi lors du marché dominical de Marcillac, un bourg qui a toujours vécu de ses commerces et de son activité, que l’on déguste les meilleurs produits locaux. Enfin, pour s’arrêter le temps d’une nuit, il y a l’embarras du choix quant au lieu qu’il vous faut : gîte, chambre d’hôtes ou hôtel de charme.