LES VINS D’ABBAYE
Méconnus et peu nombreux, les vins d'abbaye présentent des productions riches d'une histoire et d'un savoir-faire de plusieurs siècles portés par des viticulteurs partagés entre la vigne et la vie liturgique.
Le vin d’abbaye, cela ne vous dit peut-être rien. Et pourtant, aujourd’hui encore, les vignobles bâtis par les moines il y a plus de neuf siècles continuent d’être exploités pour le plus grand bonheur des gourmands que nous sommes. Les noms des cuvées sont en latin, histoire de ne pas oublier vos années collège, et les bouteilles produites s’amusent à faire défiler les binettes des saints sur leurs étiquettes. Une jolie manière de voyager à travers des siècles de culture et de spiritualité ! Historiquement, la viticulture organisée naît sous la Gaule romaine. Les cisterciens ont, eux, mené une quête du Graal pour produire le meilleur vin, symbole de leur idéal monastique. Et puisque l’on n'en fait jamais trop, ils goûtaient la terre pour éprouver les qualités d’un terroir.
Une collation dont les vignerons se passent bien aujourd’hui ! Symboliquement, cette histoire d’amour entre les moines et le vin est liée au sacrement de l’eucharistie. Une communion sans vin était difficilement envisageable. Puis, petit à petit, les lois du marché – encore elles – ont pris le dessus sur le sacré ; le business du vin était né. Les meilleures cuvées, toujours elles, étaient destinées aux puissants seigneurs et aux marchands de passage. En contrepartie, il semblerait que les bourses se déliaient plus facilement. Les dons pour la sainteté fleurissaient, offrant ainsi la possibilité à l’Église de subvenir à ses besoins. Aujourd’hui, la plupart des abbayes ont été rachetées par des propriétaires privés et seulement trois d’entre elles sont encore exploitées par des moines ou des moniales qui élaborent leurs propres vins : l’abbaye du Barroux qui produit la marque Caritatis, l’abbaye Notre-Damede-Fidélité de Jouques, et l’abbaye de Lérins, celle qui communique le plus, nichée sur l’île de Saint-Honorat. Non loin du rythme effréné de la jet-set cannoise, l’atmosphère est sereine, d’un calme monacal, dira-t-on. Les moines produisent leur propre vin et c’est la volée des cloches qui sonne la fin du labeur pour la vingtaine d'entre eux qui peuplent l’îlot bordé d’eaux turquoises. L’ensemble de ces propriétés au patrimoine architectural et culturel s’est rassemblé au sein d’une association des Vins d’abbayes. La plupart d’entre elles sont des sites oenotouristiques majeures à l’instar de l’Abbaye de Valmagne, de Fontfroide ou de Sylva Plana.