Françoise ANTECH, Limoux, Domaine Antech
Françoise Antech – prononcer Anteche ! – est blanquette ou crémant ; mais de toute façon de Limoux. Si le nom est d’origine wisigoth, la vigneronne, elle, est de l’Aude, en parfaite harmonie avec la nature du vignoble de Limoux, aux influences montagnarde, océanique et méditerranéenne. « Lorsque j’ai dit à mon père mon désir de faire du vin, il m’a dit d’aller voir ailleurs, alors je suis partie. » Après quelques années dans les cosmétiques chez L’Oréal, à 28 ans elle rentre au bercail. « Le pays m’appelait, je faisais alors 35 % du chiffre d’affaires d’une parfumerie, mais j’ai préféré un petit chez moi qu’un grand ailleurs.» Père et oncle lui laissent une place au soleil, où elle irradie derrière chacune de ses pétillantes cuvées. À partir du savoir-faire maison, elle innove et retranscrit ce qu’elle pioche au gré de ses voyages : une méthode ancestrale, un rosé, un brut nature, un sous-bois… Avec son mari, elle qui avait hérité des seuls bâtiments d’exploitation rachète à sa soeur les terres familiales, dont le fruit est assemblé à celui d’une vingtaine d’apporteurs : « Je ne souhaite pas l’autonomie. Acheter des raisins à d’autres m’autorise plus de variétés. » Il y a de quoi faire sur ce vignoble d’un peu moins de 8 000 ha sur les coteaux de la vallée de l’Aude, où les moines auraient découvert avant Dom Pérignon la seconde fermentation en bouteilles. L’indigène mauzac, les chardonnays, chenins et pinots noirs couvrent les trois grandes zones d’influence climatique. Lorsqu’elle débarque, vingt-trois ans en arrière, la blanquette se vendait surtout en grande distribution. Elle déplace le curseur sur l’export, où elle fait maintenant 60 % de ses ventes. Parmi ses 850 000 bouteilles et sa quinzaine de cuvées, on peut dire que blanquette, crémant ou méthode ancestrale, ont toutes trouvé leur place à l’instar de leur productrice.