DOMAINE DE TERREBRUNE
En 1963, Georges, le père de Reynald, exsommelier au Crillon (Paris), représentant des plus belles porcelaines de Limoges et cristaux de Baccarat, s’entiche d’une bastide surplombant Ollioules. Il quitte tout pour ce domaine en ruines. Retroussant ses manches pendant dix ans, il retape les restanques, porté par les bons conseils de la famille Peyraud (Domaine Tempier). Visionnaire, il sera un des pionniers à travailler en bio. Reynald, son fils, diplômé d’oenologie, prof d’aïkido depuis quarante ans, hérite de ce terroir unique. Des sous-sols calcaires du Trias – vieux de plus de 220 millions d’années – fortement décomposés et posés sous une argile brune riche en gypse et sels minéraux (d’où le nom du domaine). Les racines plongent, puisant en profondeur leurs nutriments. Si les vins blancs (salins, iodés) et les rosés évoluent remarquablement dans le temps, les rouges sont pour nous les plus hauts vecteurs d’émotion. Tout sauf exubérants, ils ont tendance à pinoter en vieillissant, avec toujours une longueur et fraîcheur impressionnantes. Bien construit, le 2013 aux notes ferreuses en a encore sous le pied et peut évoluer en cave. Le 2011, très solaire, ample, suave, est un fauve se déplaçant à pas de velours. Petite larme sur le 2001, au grain satiné, qui déroule ses notes d’épices et tabac, et des tanins d’une finesse sans nom. Surtout, arrêtez-vous au restaurant du domaine. Le jeune chef Mathieu Torrente y brosse une cuisine méditerranéenne généreuse et pleine de goût !