Agnès HenryHocquard

Elle est tombée dans le tonneau de Bandol un peu par hasard, Agnès. En 1968, ses parents, des Parisiens, ont un coup de foudre pour une bastide perchée entre deux villages croquignolets, La Cadière-d’Azur et Le Castellet. Le Brûlat est un lieu de quiétude et de lumière qui regarde la mer du haut de sa colline. Ils y passent leurs vacances, il y a un vignoble, sa mère commence à s’en occuper. « Gardienne du lieu, je me suis peu à peu rapprochée de la vigne – à laquelle je ne connaissais rien au départ. » À 27 ans, elle décide de planter définitivement Paname pour prendre la relève au soleil, s’entoure de Thierry Puzelat, pape du vin naturel, pour l’aider à « toréer » le mourvèdre et élaborer des vins « justes », c’est-à-dire dans lesquels il n’y a « pas plus que ce qu’il faut ». Loin du tumulte du monde, ses 12 ha de vignes en pente douce ont les pieds dans le calcaire. Des fleurs poussent entre les rangs. Elles aèrent le sol, «alors on les laisse», dit Agnès. Une poésie simple, un Sud à la Nino Ferrer, que cette biologiste de formation aime donner à voir, entendre et sentir. Le fleuron de la gamme, c’est la cuvée Saint-Ferréol (90 % de mourvèdre) : «un vin assez rude, très noir, quasi mystique. On n’est pas en contact avec Dieu, mais presque», dit-elle avec fierté.