Éric de Saint Victor
Tout en haut, c’est à couper le souffle. Accrochées en restanques jusqu’à 300 m d’altitude, les vignes dominent la vallée, face à la mer. Dans ce grand cirque abrité du mistral, l’olivier se marie au cyprès, flirte avec le laurier-rose, tutoie le pin d’Alep et les chênes séculaires. On déboule par la minuscule route en lacets qui, du village de La Cadière-d’Azur, trace jusqu’à cette bastide provençale, comme sortie du XVIIIe siècle. La maison raconte l’histoire du domaine, construit par les parents il y a plus de trente ans. Henri, entrepreneur aristocrate, et Catherine, la maman, omniprésente en photo. Éric de Saint Victor, immense viking au regard azur, est l’héritier de ce terroir magique, un des plus beaux de Bandol : 52 ha travaillés à cheval et en biodynamie depuis 2016. Zéro pesticide, mais des tisanes de prêle, d’ortie, des huiles essentielles… Il faut l’entendre, amoureux, raconter le mourvèdre, « un cépage personnage à la Don Quichotte, bourré de panache, capable de vous emporter dans une valse exubérante, mais aussi de danser un flamenco sensuel. » Beaucoup d’élégance chez Éric et ses vins. À l’instar des rouges, bien sûr, racés, minéraux, puissamment vibratoires. Mais aussi de ses blancs, ancrés face nord, dans la fraîcheur. Conversation dans sa cuisine aux tomettes d’époque, baignée de soleil.
« Il y a une place pour les blancs de Méditerranée », affirme le gaillard. Des amers élégants, rafraîchissants, moins forts que les blancs italiens, et salins. Au top avec un loup ! Le rosé adore le sel et les condiments, rappelle-t-il. Son Nuances 2017, pur mourvèdre, est taillé pour la garde, avec sa longueur interminable et sapide, et sera extra sur une paella au safran du Beausset, qui a poussé à quelques kilomètres de là ! En juillet et août, tous les jeudis, une petite centaine d’heureux élus se réunit au Pi-Bar éphémère, terrasse surplombant l’amphithéâtre, pour un apéro dînatoire de 19 h à minuit avec musique acoustique.