DANS LES VIGNES L’Alsace se refait une jeunesse
ILS ONT REPRIS LES RÊNES DE DOMAINES OU REJOINT LEURS PARENTS, CERTAINS SONT ARRIVÉS APRÈS AVOIR FOULÉ D’AUTRES SOLS, FORTS DE LEURS NOUVELLES EXPÉRIENCES. LA NOUVELLE GARDE DU VIGNOBLE ALSACIEN REMODÈLE LA PRODUCTION ET INSUFFLE L’ÉNERGIE DE SA JEUNESSE
Souvent boudé par méconnaissance, le vignoble alsacien mérite qu’on s’y attarde. Sa situation d’abord : il s’étire sur 120 km de long entre haut et bas Rhin, au pied des Vosges, alternant plaines et coteaux de 120 à
400 mètres d’altitude, villages de carte postale et châteaux médiévaux. Son terroir à la géologie généreuse offre une multiplicité de sols inouïe. Plus encore qu’ailleurs, ces sols influencent les cépages. Ici, sans aucun doute sont produits les plus grands vins blancs de France. La jeune génération fraîchement débarquée dans les domaines familiaux injecte un peu de son énergie dans ces vins, plus secs, plus tendus, plus modernes. Elle soutient des cépages peu considérés comme le sylvaner, se passionne pour le pinot noir avide de montrer ce qu’il peut produire de meilleur sur leurs terroirs, remet au goût du jour les vins de macération, élabore des vins nature et poursuit la conversion du bio lancée par leurs parents.
Tradition et modernité
Bien sûr, il y a les locomotives, ceux dont les amateurs prononcent le nom avec vénération et qui font briller le vignoble le plus septentrional de France.Depuis longtemps ceux-là savent offrir le meilleur de leurs vignes tout en élégance et classicisme. Leurs flacons sont souvent des vins de fête qui accompagnent à merveille la gastronomie alsacienne, mais aussi celle d’Asie et d’Orient. Leurs adeptes obéissent à des rituels bien ancrés : un muscat à l’heure de l’apéritif, un riesling avec un poisson noble, un « vendange tardive » avec un dessert… ces cépages que l’amateur peut reconnaître les yeux fermés grâce à leur aromatique singulière. Et puis, la relève est là pour offrir autre chose : ces jeunes vignerons ont repris seuls les rênes de leur domaine ou travaillent encore avec leurs parents, avec l’envie de revoir totalement ce que faisaient les anciens ou simplement d’optimiser des pratiques vertueuses déjà amorcées.
Des stéréotypes à chambouler
Nous sommes allés rencontrer ces nouveaux passionnés dans leur domaine lassés d’entendre encore trop souvent le même discours : « Le vin blanc d’Alsace donne mal à la tête, il y a trop de cépages et je n’y comprends rien. » Les cépages, ils sont nombreux oui, mais quasiment toujours vinifiés sans assemblage, des clos, des lieux-dits, des grands crus aux noms imprononçables aussi, qui nous emmènent ailleurs et à chaque fois proposent une nouvelle expérience. L’objectif, aujourd’hui encore plus affirmé, est la mise en avant du terroir. Une revendication plus que légitime qui prend tout son sens au vu de la géologie régionale. L’Alsace est belle à toute saison et ses vignerons accueillants et généreux. Vous pourrez commander leurs bouteilles au domaine, mais nous vous conseillons, de partir en balade à leur rencontre pour une savoureuse découverte.