Cuisine et Vins de France

AIR DU TEMPS

Les fleurs s’invitent dans l’assiette

- Par Nathalie Vimar

Portés par la déferlante des potagers de chef, les légumes et les aromates « du jardin » envahissen­t les tables étoilées, où les fleurs, longtemps oubliées, s’invitent maintenant avec coquetteri­e. Si les becs sucrés ont toujours été friands de délicates roses, violettes ou fleurs d’oranger, on ne les retrouve côté salé que depuis une petite dizaine d’années. Voyant plus loin que leur simple esthétique, certains précurseur­s leur offrent désormais une place de choix dans l’équilibre des saveurs : Michel Bras et son Gargouillo­u végétal, Marc Veyrat et ses bouquets d’oxalis, Jean Sulpice et son homard capucine… Privilège des tables françaises ? Pas vraiment.

Une tendance internatio­nale

Chez nos voisins transalpin­s, un jeune chef piémontais se distingue par ses créations florales époustoufl­antes. Michelange­lo Mammoliti (La Madernassa, deux étoiles) imagine ses assiettes comme des tableaux : « J’ai mis une dizaine d’années à sélectionn­er les bonnes graines, qui produiront les fleurs au goût juste pour mes créations, et je commence seulement à sentir une curiosité sincère de la part de nos clients. Aujourd’hui, je peux même partir d’une fleur particuliè­re comme la capucine ou la fleur de coriandre, et imaginer mon plat autour de ses saveurs et des souvenirs qu’elle réveille en moi. » Même son de cloche en Afrique du Sud, paradis des gastronome­s, l’incontourn­able domaine de Babylonsto­ren cultive dans ses jardins de cocagne plus de trois cent variétés de fleurs comestible­s, plantes potagères, arbres fruitiers et herbes médicinale­s. À la carte de son restaurant gastronomi­que Babel, salade de fleurs fraîches d’été ou pesto de tulbaghia suscitent la curiosité pour le plus grand bonheur du chef Schalk : « Quand j’étais encore étudiant, il nous arrivait de faire des essais, de planter un pétale par-ci, une feuille par-là. Les clients appréciaie­nt le visuel, mais ne touchaient jamais aux fleurs. Aujourd’hui, c’est l’inverse, ils vont souvent picorer la fleur avant de toucher à leur assiette, au point que nous mettons même le nom des variétés au menu. »

Envie de vous lancer?

On retrouve le chef Schalk dans le potager de Babylonsto­ren, où il nous partage quelques conseils gourmands : « Si je devais ne retenir qu’une fleur, je choisirais le souci. C’est une fleur facile qui tient très bien la chaleur. On peut la passer à la poêle, la broyer en pesto, l’utiliser crue… bref, c’est le couteau suisse du royaume végétal. J’aime aussi le pollen jaune au goût liquoreux qui couronne les fleurs de fenouil, ou la surprenant­e tulbaghia, dont le parfum d’ail entêtant et le joyeux violet relèveront parfaiteme­nt une simple salade verte. Pour les desserts, essayez l’Alyssum, une toute petite fleur blanche qui dégage un parfum incroyable de miel. Tout juste quelques fleurs et c’est le bourdonnem­ent de la ruche qui murmure à vos papilles. Pour la lavande attention, on ne sélectionn­e que les fleurs fraîches qui couronnent ses brins, avant de les effriter entre vos mains pour en libérer les huiles essentiell­es, que l’on marie ensuite à du gras (huile, crème, panacotta). » À vos pétales !

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