Cuisine et Vins de France

LES OUTSIDERS

ILS NE SONT PAS ISSUS DE FAMILLES DE VIGNERONS, MAIS ONT CRÉÉ LEUR PROPRE DOMAINE… PARTIS DE ZÉRO, ILS ASSURENT!

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DOMAINE FRANÇOIS DUMAS FRANÇOIS DUMAS

Ce natif de Véranne, au sud de Condrieu, s’est longtemps vu prof d’EPS. Faire du vin étant un sport comme un autre, en 2004, François fait une saison chez Cuilleron « pour voir ». Droit au but ! Il enchaîne à bonne école : un stage chez Jean-Louis Chave (Hermitage), puis un an au Domaine Trapet (Gevrey-Chambertin), où il découvre la biodynamie. Retour au bercail. Il s’installe en 2011, reprend quelques parcelles de saint-joseph et condrieu. À 43 ans, il est aujourd’hui à la tête d’un domaine de 4 ha, certifié AB. Une approche très peu interventi­onniste, du nature, mais pas barré. Sa patte ? Des cuvaisons longues (3 à 4 semaines), pour « chercher un peu de rafles et de pépins, histoire de complexifi­er mes jus, et gagner de la fraîcheur ». Ça et des élevages sans bois neuf, pour ne pas marquer les vins. D’une finesse épatante, son condrieu, assemblage de deux parcelles sur Malleval et Limony, sort à 36 €. Un 2019 frais, au fruité pur, long, juteux, avec un délicat ne z d’amande et d’agrumes. Goûté sur fût fin novembre, le 2020 se profile dans la même veine, avec un peu moins de matière mais un équilibre supérieur.

HAMEAU TOUCHEBOEU­F SIMON GASTREIN

Ses parents tenaient l’Auberge de Lupé. Lui se destinait à être cuistot. Ado, Simon passe tous ses week-ends et vacances dans les vignes de son ami Jean-Baptiste, du domaine de Boisseyt-Chol (revendu depuis). Il n’a pas vingt piges qu’il s’envole au Mexique. Six mois en stop « pour apprendre la cuisine locale ». Entre ses quatre murs, les vignes lui manquent. Le baroudeur rentre au pays, travaille sept ans pour André Perret, avant de s’installer en 2016 à Bessey, sur les coteaux du parc naturel du Pilat. Ce tout jeune trentenair­e tire de ses 5 ha de vignes de gourmands rouges et blancs, naturels, mais pas déviants. Dont, depuis 2020, un condrieu, Le Saut de Lorette… Qu’on a été les premiers à goûter ! Un vrai jus de terroir, long comme une vague prise depuis le pic, déroulant une minéralité, une fraîcheur rares. Joli nez de bergamote, avec ce côté pierre à fusil, typique du schiste – sa parcelle au-dessus de Malleval en contient. Libre, mais droit comme un i. De la « Haute-Goûture » à 100 €. À raison de 900 cols, vous l’aurez compris, il n’y en aura pas pour tout le monde.

DOMAINE BLANC CHRISTOPHE CHRISTOPHE BLANC

« Tu vois nous, on est des surfeurs, pas des snowboarde­rs. Le surf, c’est plus ingrat. Tu tombes souvent, ‘faut sans cesse remonter au pic. » Ce mordu de sports extrêmes a le sens de l’analogie. Et de l’effort. Ancien ingénieur en génie civil, Christophe Blanc entame sa reconversi­on en 2006. Il crée son domaine ex nihilo en 2009, en AOC saintjosep­h et condrieu. Sept hectares en tout aujourd’hui. Avec aussi du crozes, un côte-rôtie, et depuis peu du saintpéray. Toujours prompt à rigoler, il reste un sacré bosseur. Sur les hauteurs de Verlieu (lieu-dit rattaché à Chavanay), il a défriché il y a cinq ans, comme Vernay en son temps, une parcelle boisée ; puis planté 7 000 m2 en chaillées étroites, où le treuil ne passe pas ; et enfin retrouvé des vestiges de murs abandonnés depuis les années 1950. Depuis trois ans, sur les Vallins, plus plat, il travaille en traction animale avec Isko, son fidèle comtois. Mais promis, pas d’odeur d’écurie dans ses quilles ! Dégusté en avril dernier, Les Vallins 2019 (31,50 €) séduit, avec son nez de fleur blanche, sa note d’amande. En bouche, un fruité ample, puissant, tendu. Beau gras, à l’équilibre, avec une trame fine et fraîche.DOMAINE GRAEME ET JULIE BOTT GRAEME ET JULIE BOTT

Si Julie a grandi entre Vienne et Condrieu, Graeme, lui, vient de Nouvelle-Zélande. Le kiwi d’Ampuis, comme on le surnomme ici, débarque en 2010 dans la Vallée du Nord, fasciné par ce terroir unique. En 2011, il rencontre la jeune femme dans un domaine viticole local. « Rien n’était écrit, confesse Julie, on ne s’ était jamais autorisé de rêver avoir nos propres ceps. » Oui mais… C’est l’ occasion qui fait le vigneron. On leur propose une maison sur les hauteurs, entre coteau de Chéry et Château-Grillet. Ils repèrent surtout les 3 500 m2 de terrain en friche, tout autour. Se renseignen­t : 100 % du jardin est classé en condrieu. Ils l’achètent, commencent à planter en 2015. Et vinifient leurs premiers millésimes dans les 16 m2 de leur garage. Réjouissan­t Condrieu 2020 (46 €), 13 % d’alcool, nez expressif, bouche équilibrée et fraîche. Mais surtout sublissime L’ Aleau 2019 (75 €), tout en longueur, minéralité et salinité affolantes. 900 quilles, qu’ils gardent un an en bouteille avant de commercial­iser. Grande cuvée.

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