LES « FILS ET FILLES DE »
FILS ET FILLES DE VIGNERONS ÉMÉRITES DE L’APPELLATION, LA TROISIÈME GÉNÉRATION DÉBARQUE AVEC DE NOUVELLES ENVIES.
DOMAINE GEORGES VERNAY EMMA AMSELLEM
Elle porte le nom de son père, Paul Amsellem, frère du célèbre pianiste, compositeur et arrangeur Michel Amsellem. Mais Emma est bien la fille de Christine Vernay, petite-fille de Georges ! Diplômée d’une école de commerce, ex-agent de vignerons, puis acheteuse pour un groupe de restauration, la trentenaire rejoint le domaine de 24 ha en novembre 2020. Avant de cosigner cette année avec sa mère sa première vinification, elle fait un BTS viti-oeno à Mâcon, en alternance chez les frères Bret, propriétaires du domaine de la Soufrandière. Elle souhaite convertir le domaine familial (déjà en bio) à la biodynamie. Trois condrieus chez les Vernay. Les Terrasses de l’Empire 2020 au boisé discret, finale relevée, qui gagnera à s’affiner dans le temps (54 €). Les Chaillées de l’Enfer 2019 (75 €), un parcellaire au nez très expressif de mangue, de l’allonge en bouche, une salinité intéressante. Et surtout le Coteau de Vernon 2019 (105 €), qui isole le coeur de vieilles vignes de 80 ans. Minéral, salin, jolis amers… Un vin tout en retenue dans sa jeunesse, il gagnera en majesté en vieillissant.
DOMAINE CHRISTOPHE PICHON CORENTIN PICHON
En 2012, après des études en viticulture-oenologie et un passage en Australie dans la célèbre Barossa Valley, Corentin intègre le domaine de son père – Christophe, l’actuel président du syndicat de l’AOC. 23 ha, dont 5 ha en condrieu… Que des vieilles vignes, ou quasi ! Épaulé par son frère Alexis, il a affiné les vinifications. Mûrs, mais sans lourdeur, les condrieus offrent un boisé de plus en plus léger, gagnant en équilibre et buvabilité. Roche Coulante 2019 (39 €), est souple et très accessible malgré ses 15 % d’alcool. Caresse 2020 (55 €), plus solaire en ressenti mais long, évoluera bien. Corentin fourmille d’idées, expérimente, ose. À l’instar de ce malin Pur 100 2020 (45 €). Un condrieu contemporain sans sulfites ajoutés, exprimant la quintessence de vieilles vignes de 35 ans. Beau gras, impression de fraîcheur, souplesse en bouche. Le sol est labouré à cheval, d’où le nom de la cuvée.
DOMAINE ANDRÉ PERRET MARIE PERRET
Avec Emma Amsellem et Elsa Gangloff (qu’on n’a, malheureusement pas pu croiser lors de notre reportage), la relève féminine est là ! Son père, André, est l’un des plus grands artistes de l’appellation. Avant lui, Antoine, vigneron de la première heure, avait contribué à sauver le viognier en plantant la vigne dans les années 1940, aux côtés de pionniers. Un sacré héritage à digérer pour cette jeune femme discrète de 25 ans, diplômée de l’ISARA Lyon, École d’ingénieurs en agronomie, agroalimentaire et environnement. Marie trouve peu à peu sa place au chai, gagnant en confiance d’année en année sur les vinifications. Le Condrieu 2020 (30 €) est une cuvée classique, bien faite, accessible – « désoiffante », oserions-nous ! – qui en ressenti, affiche bien moins que ses 14,5 %. Plus complexe, le Clos Chanson 2020 (41 €) oscille entre finesse, tension et fraîcheur, avec de beaux équilibres. « On ne veut pas ce côté trop boisé de certains condrieus », confirme la vigneronne. Un millésime qui se gardera bien. Coteau de Chéry 2020 (49 €) présente un toucher de bouche délicatissime. Une partie des vignes ayant 90 ans, la cuvée gagne en tension minérale. Un vin de très grande noblesse, salin, à la finale longue et persistante.