Cuisine et Vins de France

K-FOOD, L’ÉVEIL D’UN TRÉSOR CULINAIRE

BIBIMBAP, KIMCHI, BULGOGI… LES METS CORÉENS ÉCLOSENT SUR LA CARTE DES CHEFS EN QUÊTE D’AILLEURS ET REPLONGENT NOS PAPILLES VERS DES CROYANCES ANCESTRALE­S.

- Par Léa Ferry

Aussi appelée K-food, la cuisine coréenne déferle sur la France depuis plusieurs années comme un véritable raz-de-marée culinaire. Les derniers chiffres de la plateforme de livraison Uber Eats en témoignent : plus de mille restaurant­s proposaien­t de la K-food en 2021, contre seulement 78 il y a deux ans. Résultat, le nombre de repas coréens livrés a été multiplié par sept. Qu’on savoure le bibimbap, recette phare composée de légumes variés, de riz et parfois de viande, ou encore le kimchi, mélange de légumes fermentés à base de chou et de piment, cette envolée se justifie par des atouts diététique­s incontesta­bles. Plus saine que la cuisine chinoise, plus assaisonné­e que la japonaise, la K-food est une cuisine de tous les jours : colorée, équilibrée, variée, spontanée et facile à emporter.

Tradition millénaire

Au fil des siècles, cet art de la table s’est fondé autour de différente­s croyances. Si, durant plus de mille ans, le bouddhisme a instauré une alimentati­on entièremen­t végétale, l’importance de l’équilibre nutritif des mets s’est développé autour du taoïsme, une doctrine encore plus ancienne. Luna Kyung, auteur culinaire coréenne, explique : « Un plat se constitue de cinq couleurs qui correspond­ent aux éléments naturels présents dans le yin et le yang. Le rouge s’apparente au feu, le bleu ou le vert au bois, le blanc au métal, le noir à l’eau et le jaune à la terre. » Ainsi, le riz symbolise le blanc dans l’assiette, l’épinard le vert tandis que le shiitake ou la viande incarnent le noir. « Ajouter de la couleur dans l’assiette permet de communique­r avec la nature et de mieux l’intégrer. C’est une habitude traditionn­elle qui reste, comme une mémoire collective. Aujourd’hui encore, les pratiques traditionn­elles subsistent en Corée, lorsqu’on cuisine, nous avons une considérat­ion des anciens, de nos aînés. »

Invitation au voyage

Pour Sukwon Yong, chef coréen du restaurant gastronomi­que Perception à Paris, tendre vers une découverte plus poussée de la K-food est une ambition majeure. « Beaucoup pensent que la cuisine coréenne s’arrête au kimchi, mais notre patrimoine culinaire va bien plus loin. On essaie d’initier les consommate­urs à des plats innovants et revisités. » Idem chez Éric Trochon, chef étoilé du restaurant Solstice à Paris, convaincu du potentiel de la K-food en France : « Intégrés de façon élégante, les ingrédient­s coréens se marient particuliè­rement bien avec nos produits locaux. Tout est basé sur les assaisonne­ments et le choix des ingrédient­s. Petit à petit, le but est d’habituer les Français à ces saveurs lointaines, pour leur proposer ensuite des recettes plus typiques. »

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