Cuisine et Vins de France

AKÉBIE LAVIGNECHO­COLAT

ENCORE PEU CONNUE, CETTE JOLIE GRIMPANTE HABILLE MURS, PERGOLAS ET CLÔTURES DE JOLIES FLEURS POURPRES SUIVIES DE FRUIT OVALES AU GOÛT INÉDIT. UNE BEAUTÉ EXOTIQUE VENUE D’ASIE QUI GAGNE DU TERRAIN…

- Par Snezana Gerbault

Originaire de Chine, de Corée du Sud et du Japon, l’akébie (akebia quinata, famille des lardizabal­acées) pousse naturellem­ent dans les sous-bois et les lisières des forêts. Ses rameaux souples partent à l’assaut de tout support et la plante déploie, entre mars et avril, une myriade de petites fleurs délicates au parfum vanillé. Les fleurs sont réunies en longues grappes pourpres, d’où son nom commun de vigne chocolat ou liane chocolat.

BELLE GRIMPANTE

Le nom « akébie » (« aké », ouvert, « bi », fruit) signifie fruit ouvert. Cette championne d’escalade pousse vite, surtout en climat doux et grimpe facilement jusqu’à 10 m de hauteur. Ses fleurs sont monoïques : chaque grappe porte les fleurs mâles et femelles insérées à des endroits différents. « Pour obtenir des fruits, il faut un été chaud et surtout une pollinisat­ion croisée entre deux espèces différente­s », précise Cécile Troux de la pépinière Sebtan dans le Tarn, spécialisé­e dans les fruitiers et baies méconnues, rares et oubliés. Toutes les akébies sont décorative­s et leur élégant feuillage devient permanent en régions plus chaudes.

NOUVEAU FRUIT

Les fleurs femelles donnent des fruits ovales et charnus pourpres, roses ou crème (selon la couleur de fleurs), de 10 cm de long. En mûrissant, ils s’ouvrent sur leur longueur en dévoilant une pulpe gluante et translucid­e qui se mange et dont raffolent aussi les oiseaux. Les fleurs parfumées de l’akébie décorent les pâtisserie­s tandis que les jeunes feuilles peuvent être infusées comme le thé. « La pulpe des fruits mûrs en septembre a un goût laiteux et sucré, précise Cécile Troux. La chair légèrement amère se consomme crue ou cuite, sautée ou frite en tempura et, en Chine, on la mange aussi farcie, sucrée ou salée. La cuisson atténue son goût amer.» Le fruit de l’akébie étant naturellem­ent sucré, on peut l’utiliser pour préparer des confitures : comptez moins de 500 g de sucre par kilo de fruits.

RICHE EN FIBRES ET EN MINÉRAUX

La pulpe abondante et gélatineus­e de l’akébie constitue entre 17 % et 40 % de son poids. Elle enrobe de nombreuses graines et se mange crue lorsque le fruit s’ouvre, en la laissant fondre dans la bouche sans croquer les graines, qui sont amères. Débarrassé­e de ces graines, la pulpe sert à la confection des glaces, sorbets et liqueurs. En 2005, des chercheurs chinois (Wang Zhongyan et al.) ont d’ailleurs démontré l’intérêt de domestique­r et commercial­iser la plante en raison de sa valeur nutritionn­elle. Le fruit contient des sucres (fructose, glucose et saccharose) et est riche en vitamine C (108930 mg/100 g). Sa teneur en fer, zinc et manganèse est supérieure à celle des oranges ou des pommes. Tout comme l’aubergine, la présence de saponines dans le mésocarpe et dans les graines entraîne une action anti-inflammato­ire. La tige d’akebia quinata renferme un akeboside, l’akebine. Dans la médecine, on l’utilise en décoction comme antalgique, antifongiq­ue, antiinflam­matoire diurétique, laxatif… Un partenaire santé de choix.

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