LES FREINS, EUX, ONT DONNÉ DES SIGNES DE FAIBLESSE ASSEZ RAPIDEMENT MAIS, AU VU DE L’ALLURE, DU TRACÉ TECHNIQUE ET D’UN POIDS DE DEUX TONNES, DIFFICILE DE LEUR EN VOULOIR.
D’autant que suite au tour de refroidissement, la S5 Cabriolet reprend vie et ne renâcle pas à l’idée de s’insérer fort en virage pour en ressortir encore plus fort. À tout hasard, dans la première épingle gauche suivant la ligne droite des stands, je force une dérive qui finalement s’avérera bien plus longue que prévu. Je recommence dans la longue épingle à droite qui suit… en vain cette fois. Je sens que si j’ai pu surprendre l’électronique la première fois, je l’ai aussi réveillée pour les fois suivantes. À partir de là il me sera impossible sur le sec de la faire décrocher sur la piste. Comme si l’électronique avait compris qu’elle n’était après tout pas faite pour.
Malgré cela, je prends conscience dans mon dernier tour avant le refroidissement final que son comportement est sain à défaut d’être incisif. Si la nouvelle génération se révèle être 40 % plus rigide que la précédente, il est toujours question d’un cabriolet. Aussi, j’ai cédé à l’appel du circuit en toute conscience du fait qu’il ne s’agissait en aucun cas de son terrain de prédilection. Je souhaitais simplement me donner les moyens de mettre beaucoup plus rapidement en lumière les qualités et défauts de la S5. Et c’est fait. En cinq tours, je me laisse convaincre par les améliorations optionnelles apportées au châssis. Mon modèle d’essai comprend la suspension sport, le différentiel quattro Sport et la direction dynamique apparaissant sur la configuration moyennant une poignée de milliers d’euros a priori indispensables tant ils apportent en polyvalence comme en efficacité.
Alors que je reprends la route vers Le Touquet puis vers l’arrière-pays de Boulogne-sur-mer, je me souviens de ce qui m’a toujours perturbé venant des propriétaires d’audi sportives. « Pourquoi vouloir du sport, mais pas de plaisir ? ». Bien sûr, le plaisir n’est ici pas dans la glisse ni dans un caractère moteur exceptionnel. Mais il est difficile de nier que si la S5 Cabriolet n’est pas la pistarde idéale, elle sait se faire à tout type d’utilisation. Il n’est pas question d’une voiture exigeante ni d’un engagement unique dans la conduite, mais c’est le soupçon de raison qui fait d’une voiture performante une voiture utilisable facilement qui séduit. Je ne suis pas certain que l’on achète une Audi en seconde voiture ou en tout cas pas comme voiture plaisir. La plupart sont des véhicules principaux souvent uniques dans le garage, pratiques, discrets, aboutis, tout en étant redoutablement efficaces. Une RS5 se montrera sans doute plus exotique mais jamais contraignante ou compliquée à prendre en main. Même une R8 V10 Plus est la reine dans le registre des supercars utilisables sans aucune arrière-pensée et par tous les temps.
Dans le cas de la S5 Cabriolet, le poids et le caractère sont en rupture avec les arguments d’une potentielle définition sportive, mais le lien entre l’auto et le conducteur est bien présent. Et bien qu’elle n’incarne pas la passion, elle fait malgré tout office de “girl next door”. Autrement dit, bien qu’elle ne soit pas exceptionnelle, elle reste assez tentante pour faire un bout de vie en couple avec elle. J’entends déjà les puristes dénoncer, comme je l’aurais fait, le V6 turbo remplaçant le V8 atmo’, la boîte S-tronic imposée, et l’électronique omniprésente, mais avant de se plaindre, rappelonsnous que nous vivons l’ère du “c’était mieux avant” permanent et qu’il y a de fortes chances pour que demain soit encore bien pire qu’aujourd’hui!
À défaut d’être exaltante, la S5 Cabriolet n’est vraiment pas une mauvaise voiture, en fait, elle sait tout faire, sauf nous filer des auréoles sous les bras.
UNE AUDI, C’EST COMME LE “BLOND” DU SKETCH DE GAD ELMALEH.