Peugeot 208 GTI by Peugeot Sport
Compacte, puissante et dotée d’un châssis engageant, cette version encore plus aiguisée de la 208 GTI reste la meilleure petite citadine sportive en vente actuellement.
Ouvrez la porte conducteur d’une Peugeot 208 GTI by Peugeot Sport et vous allez voir rouge. Ceci n’est pas une métaphore, non, c’est un fait! Même si le mini-volant et les compteurs en position haute continuent de diviser l’opinion, je parle là de l’ambiance intérieure particulièrement agressive. Même si la 208 n’offre pas une moquette totalement rouge comme son ancêtre la 205, elle propose tout de même des tapis de sol écarlates qui font le lien avec son illustre aïeule. Voici une petite Peugeot énervée dont les atours modernes cachent un coeur où couve un feu ancien.
Après des années d’errance, Peugeot (ou plutôt Peugeot Sport) revient en pleine forme avec cette 208 (et également la 308 GTI by PS). Pour grimper sur la plus haute marche de ce segment, elle aura certes profité de la disparition de la Ford Fiesta ST avec qui elle bataillait jusque-là, mais il serait injuste de réduire son accession au trône à cet état de fait. On ne sait pas encore si la Toyota Yaris GRMN actuellement en essai presse sera capable de rivaliser mais, en revanche, nous sommes déjà certains que la nouvelle VW Polo GTI essayée dans ce même numéro (cf. en p. 26) n’est pas une rivale dangereuse.
Qu’est-ce qui rend cette 208 si spéciale? Pas nécessairement sa teinte bi-ton “Coupe Franche” qui ne plaît pas à tout le monde, non. Plus sûrement, les modifications apportées à la 208 GTI née, imparfaite, en 2012.
Outre les gains anecdotiques de puissance (de 200 à 208 ch) et de couple (de 275 à 300 Nm), on notera les rapports de boîte raccourcis et l’ajout d’un différentiel à glissement limité Torsen améliorant la motricité qui fait aujourd’hui toute la différence car désormais les deux versions possèdent les mêmes caractéristiques moteur. Même si les accélérations n’ont jamais été la clé du plaisir avec ces petites citadines énervées, le gain de trois dixièmes sur le 0 à 100 km/h (6’’5) était très perceptible et permettait enfin à la 208 de rivaliser avec les meilleures. Cependant, le juge de paix d’une telle auto reste son châssis et il ne faut qu’un bref coup d’oeil à la fiche technique pour s’apercevoir que Peugeot Sport a pris les choses très au sérieux dans ce domaine. Les voies avant et arrière sont élargies respectivement de 22 et 16 mm, la barre antiroulis avant est assouplie pendant que les ressorts s’affermissent de 30 % à l’avant et 80 % à l’arrière. Les amortisseurs sont également changés pour des éléments plus efficaces et la garde au sol est réduite de 10 mm. Des Michelin Pilot Supersport complètent les changements. Sur les routes pas trop étroites au relief type Grand Huit de notre région d’essai près de Yorkshire Dales, là où les virages sont plus nombreux que les lignes droites, la 208 se montre particulièrement à l’aise. Je me demande même s’il existe au moment de l’essai (l’alpine n’avait pas encore été essayée) une auto plus appropriée, plus rapide, plus agile pour attaquer sur ce tracé.
Pas une seule fois je n’ai ressenti un manque de puissance, la Peugeot pousse dès les plus bas régimes tout en étant encore assez rageuse à l’abord de la zone rouge, ce qui est vital pour une petite citadine sportive. Son gabarit contenu est un vrai atout ici et prouve encore une fois que sur ce segment, la puissance, l’aérodynamique ou les temps sur le Nürburgring sont des critères anecdotiques. La 208 virevolte entre les rochers et trace ses trajectoires avec aisance sur ce ruban pourtant étroit. Le grip en courbe impressionne au point que je m’inquiète de savoir si mes Supersport n’ont pas été échangés contre des Cup2 plus adhérents. Le différentiel travaille à plein en réduisant à néant les déperditions à l’accélération, ainsi le châssis résiste au sousvirage et offre à la poupe la possibilité de remuer à sa guise. L’essieu arrière participe pleinement à inscrire la 208 dans les virages, ce qui intensifie l’expérience de conduite comme
C’EST SON AGILITÉ EXTRÊME QUI REND L’EXPÉRIENCE DE CONDUITE SI INTENSE
jamais. Pour les quelques hectomètres de bitume défoncé où vous pesterez contre la fermeté excessive de la suspension, vous exulterez de bonheur bien plus souvent lorsque le revêtement sera adapté.
Elle se montre extrêmement vivante également. Du genre à ne vous laisser aucun répit, à remuer tout le temps mais de façon maîtrisée et contrôlable. Elle adore être malmenée, être jetée en courbe. Son équilibre et son hyperréactivité ouvrent ensuite plusieurs options au pilote.
On peut lever légèrement le pied là, remettre un peu de volant ici, lécher les freins pour reprendre la trajectoire ou pour lui envoyer le postérieur en glisse. Et dans un tel cas, vous pouvez la neutraliser instantanément en reprenant l’accélérateur.
Cela dit, la Peugeot n’est pas parfaite. La sonorité moteur laisse franchement à désirer tandis que la faible réactivité de la pédale d’accélérateur devient vexante lorsque vous tentez un talonpointe. On peut également critiquer la position de conduite avec un pédalier trop proche qui oblige à plier les genoux et relever la jambe pour basculer le pied du frein à l’accélérateur. Le volant reste également trop éloigné et masque quasi totalement la vue sur les compteurs. Pour moi tout du moins.
Le lendemain sur d’autres routes, plus larges et plus rapides, avec une météo plus humide, la 208 commence à peiner. Elle semble trop raide, la direction et le volant deviennent nerveux et la progressivité de son comportement à l’attaque tarde à apparaître. Elle se montre toujours rapide mais elle demande maintenant une poigne plus ferme pour la contrôler et atténuer ses ruades. Elle n’en reste pas moins une très désirable proposition: petite mais pratique, relativement frugale et, au-delà de ça, il s’agit d’une auto conçue avec une évidente passion de ses géniteurs pour la conduite dynamique. Ses rivales à venir vont devoir cravacher pour détrôner notre reine des citadines énervées.