Alfa Romeo Giulia Veloce
Avec 280 ch et un châssis talentueux, la Giulia Veloce offre à une audience élargie une belle dose de ce qui fait la magie de la Quadrifoglio.
Comment reconnaître un constructeur automobile italien ? Grâce à son mépris flagrant pour la constance, ce qu'alfa Romeo exprime mieux que quiconque. La marque milanaise (désormais basée à Turin) oscille depuis des décennies entre le lamentable et le merveilleux avec une égale facilité. Et avec la 4C, on peut même dire qu'elle combine les deux en une seule auto. Ensuite, durant une grande partie des années 90 et 2000, toutes les Alfa se distinguèrent par leur propension à vouloir exprimer divers talents faisant allusion aux gloires du passé mais sans jamais parvenir à autre chose qu'être médiocres. Voilà pourquoi la Giulia Veloce n'est pas qu'un simple retour en forme mais bien une stupéfiante résurrection.
En sortant en 2016 la Giulia Quadrifoglio équipée d'un V6 biturbo de 510 ch, Alfa indiquait clairement qu'elle était de retour en produisant contre toute attente une auto réellement capable d'en remontrer aux Allemandes outrageusement dominatrices sur le segment. D'une certaine façon, la version Veloce à moteur 4 cylindres est encore plus remarquable puisqu'elle creuse l'écart face à ses rivales teutonnes. Elle comble l'espace entre la Sport de 200 ch et la tonitruante version de 510 ch, mais elle est surtout un extraordinaire compromis offrant une décente part des performances et du look de la Quadrifoglio (malheureusement pas sa sonorité) pour les 2/3 de son prix. Plus fou encore, elle offre un comportement châssis que l'on pourrait croire emprunté à Mclaren ou Lotus ! Contrairement à la Quadrifoglio qui doit s'épaissir pour passer ses 510 ch au sol, le poids de seulement 1 429 kg de la Veloce est adapté à son niveau de puissance. De plus, le 4 cylindres 1 995 cm3 turbo pèse beaucoup moins sur le train avant tout en offrant malgré tout 280 ch à 5 250 tr/mn et 400 Nm de couple dès 2 250 tr/mn. Tout cela transite par une boîte automatique à 8 rapports douce et rapide, et autorise un 0 à 100 km/h en 5''7. La vitesse de pointe s'établit à 240 km/h. Suffisant dans la plupart des circonstances et quasiment parfait pour les routes réjouissantes qui serpentent et ondulent à travers les landes du North York entre Kirkbymoorside et Castleton.
L'absence de trafic permet d'attaquer vaillamment et de mettre à l'épreuve la suspension sur ces routes bosselées. La Veloce relève le challenge en se montrant collaborative et indulgente. Jamais elle ne se montre pointue, désordonnée ou encore capricieuse et, du fait d'un temps de réponse infime à l'accélérateur, on ne ressent quasiment pas le turbo de son moteur. Elle se montre réellement rapide lorsque vous restez sur les bas et moyens régimes. À défaut d'aimer le haut du compte-tours, ce bloc se montre très élastique. L'amortissement assez souple reste parfaitement contrôlé, le grip est contant, et même si malheureusement il n'est pas possible de déconnecter totalement L'ESP pour découvrir comment se comporte le châssis à la limite, l'équilibre de l'auto reste intrinsèquement neutre. Pour certains de mes collègues qui n'apprécient pas forcément ce moteur trop peu exubérant, le simple fait de sentir immédiatement que l'on n'est pas à bord d'une berline allemande
suffit à rendre cette Veloce satisfaisante. Mais tous félicitent tout de même la qualité du comportement, la fluidité et la souplesse dont elle fait preuve dès qu'elle s'anime. Elle n'a pas besoin de crier en permanence “JE SUIS UNE SPORTIVE” pour démontrer ses réelles qualités dynamiques. Vous pouvez la bousculer vraiment très fort, elle semble toujours légère et bien sur ses appuis, prête à s'inscrire en courbe sans prendre énormément de roulis, et donc prompte à procurer du plaisir. Au début, la direction pourra paraître un peu déconcertante à cause d'un point milieu un peu pâteux associé à un train avant particulièrement incisif mais on s'y habitue vite, jusqu'à apprécier sa précision et son feedback subtil. Aucune Mercedes ou BMW ne paraît simultanément aussi raffinée et fougueuse. Et l'écart se creuse encore si l'on prend en compte le confort de roulage, étonnant pour une auto offrant une telle tenue de route. Les seules qui peuvent selon moi tenir un aussi gros rythme sur ce type de routes tout en contrôle et souplesse sortent de chez Lotus ou Mclaren. Oui, rien que ça. La puissance du freinage est également formidable, même si la fermeté de la pédale rend difficile toute tentative de modulation. On trouve bien quelques critiques mais tous s'accordent à dire que cette Veloce semble avoir bénéficié des pièces et des efforts particuliers consentis lors de la conception de sa grande soeur Quadrifoglio. Elle n'a pas son charisme et ses performances extravagantes mais ça ne l'empêche pas d'être la meilleure berline polyvalente dynamique que l'on puisse s'offrir à ce jour.
AUCUNE MERCEDES OU BMW NE PARAÎT SIMULTANÉMENT AUSSI RAFFINÉE ET FOUGUEUSE