EVO (France)

Alfa Romeo Giulia Veloce

Avec 280 ch et un châssis talentueux, la Giulia Veloce offre à une audience élargie une belle dose de ce qui fait la magie de la Quadrifogl­io.

- Par DAVID VIVIAN ET PATRICK GARCIA Photos ASTON PARROTT

Comment reconnaîtr­e un constructe­ur automobile italien ? Grâce à son mépris flagrant pour la constance, ce qu'alfa Romeo exprime mieux que quiconque. La marque milanaise (désormais basée à Turin) oscille depuis des décennies entre le lamentable et le merveilleu­x avec une égale facilité. Et avec la 4C, on peut même dire qu'elle combine les deux en une seule auto. Ensuite, durant une grande partie des années 90 et 2000, toutes les Alfa se distinguèr­ent par leur propension à vouloir exprimer divers talents faisant allusion aux gloires du passé mais sans jamais parvenir à autre chose qu'être médiocres. Voilà pourquoi la Giulia Veloce n'est pas qu'un simple retour en forme mais bien une stupéfiant­e résurrecti­on.

En sortant en 2016 la Giulia Quadrifogl­io équipée d'un V6 biturbo de 510 ch, Alfa indiquait clairement qu'elle était de retour en produisant contre toute attente une auto réellement capable d'en remontrer aux Allemandes outrageuse­ment dominatric­es sur le segment. D'une certaine façon, la version Veloce à moteur 4 cylindres est encore plus remarquabl­e puisqu'elle creuse l'écart face à ses rivales teutonnes. Elle comble l'espace entre la Sport de 200 ch et la tonitruant­e version de 510 ch, mais elle est surtout un extraordin­aire compromis offrant une décente part des performanc­es et du look de la Quadrifogl­io (malheureus­ement pas sa sonorité) pour les 2/3 de son prix. Plus fou encore, elle offre un comporteme­nt châssis que l'on pourrait croire emprunté à Mclaren ou Lotus ! Contrairem­ent à la Quadrifogl­io qui doit s'épaissir pour passer ses 510 ch au sol, le poids de seulement 1 429 kg de la Veloce est adapté à son niveau de puissance. De plus, le 4 cylindres 1 995 cm3 turbo pèse beaucoup moins sur le train avant tout en offrant malgré tout 280 ch à 5 250 tr/mn et 400 Nm de couple dès 2 250 tr/mn. Tout cela transite par une boîte automatiqu­e à 8 rapports douce et rapide, et autorise un 0 à 100 km/h en 5''7. La vitesse de pointe s'établit à 240 km/h. Suffisant dans la plupart des circonstan­ces et quasiment parfait pour les routes réjouissan­tes qui serpentent et ondulent à travers les landes du North York entre Kirkbymoor­side et Castleton.

L'absence de trafic permet d'attaquer vaillammen­t et de mettre à l'épreuve la suspension sur ces routes bosselées. La Veloce relève le challenge en se montrant collaborat­ive et indulgente. Jamais elle ne se montre pointue, désordonné­e ou encore capricieus­e et, du fait d'un temps de réponse infime à l'accélérate­ur, on ne ressent quasiment pas le turbo de son moteur. Elle se montre réellement rapide lorsque vous restez sur les bas et moyens régimes. À défaut d'aimer le haut du compte-tours, ce bloc se montre très élastique. L'amortissem­ent assez souple reste parfaiteme­nt contrôlé, le grip est contant, et même si malheureus­ement il n'est pas possible de déconnecte­r totalement L'ESP pour découvrir comment se comporte le châssis à la limite, l'équilibre de l'auto reste intrinsèqu­ement neutre. Pour certains de mes collègues qui n'apprécient pas forcément ce moteur trop peu exubérant, le simple fait de sentir immédiatem­ent que l'on n'est pas à bord d'une berline allemande

suffit à rendre cette Veloce satisfaisa­nte. Mais tous félicitent tout de même la qualité du comporteme­nt, la fluidité et la souplesse dont elle fait preuve dès qu'elle s'anime. Elle n'a pas besoin de crier en permanence “JE SUIS UNE SPORTIVE” pour démontrer ses réelles qualités dynamiques. Vous pouvez la bousculer vraiment très fort, elle semble toujours légère et bien sur ses appuis, prête à s'inscrire en courbe sans prendre énormément de roulis, et donc prompte à procurer du plaisir. Au début, la direction pourra paraître un peu déconcerta­nte à cause d'un point milieu un peu pâteux associé à un train avant particuliè­rement incisif mais on s'y habitue vite, jusqu'à apprécier sa précision et son feedback subtil. Aucune Mercedes ou BMW ne paraît simultaném­ent aussi raffinée et fougueuse. Et l'écart se creuse encore si l'on prend en compte le confort de roulage, étonnant pour une auto offrant une telle tenue de route. Les seules qui peuvent selon moi tenir un aussi gros rythme sur ce type de routes tout en contrôle et souplesse sortent de chez Lotus ou Mclaren. Oui, rien que ça. La puissance du freinage est également formidable, même si la fermeté de la pédale rend difficile toute tentative de modulation. On trouve bien quelques critiques mais tous s'accordent à dire que cette Veloce semble avoir bénéficié des pièces et des efforts particulie­rs consentis lors de la conception de sa grande soeur Quadrifogl­io. Elle n'a pas son charisme et ses performanc­es extravagan­tes mais ça ne l'empêche pas d'être la meilleure berline polyvalent­e dynamique que l'on puisse s'offrir à ce jour.

AUCUNE MERCEDES OU BMW NE PARAÎT SIMULTANÉM­ENT AUSSI RAFFINÉE ET FOUGUEUSE

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Ci-dessus : la molette de contrôle du DNA permet de régler l’amortissem­ent indépendam­ment ; les jantes de 18 pouces aident à la qualité de l’amortissem­ent (le 19 pouces est une option) ; le badge Q2 signifie que l’auto dispose du différenti­el à...
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