Alfa Romeo Giulia Quadrifoglio
La Quadrifoglio associe une silhouette de berline avec les performances et un coeur de supercar. Voilà une Alfa bipolaire comme on les aime.
Combien de fois avons-nous répété la même chose ? Combien de fois avons-nous croisé les doigts? Combien de fois avons-nous espéré que la nouvelle Alfa allait être l’auto du renouveau? La réponse est: bien trop souvent! Et ce fut récemment à nouveau le cas lorsque Alfa révéla son intention de faire revivre le nom Giulia pour sa nouvelle berline. L’espoir renaissait. Puis, fut présentée la version Quadrifoglio, une propulsion de 510 ch. Enfin, Alfa allait proposer le type d’auto faisant honneur à son glorieux passé. Pour une fois, pas de déception.
Qu’a-t-elle de si bien, cette Alfa? Pour commencer, il suffit de la regarder. Par rapport à ses rivales germaniques de BMW ou Mercedes, si agressives et si boursouflées, la Giulia est le parfait équilibre entre style et sportivité et elle regorge de détails explicites comme ses ouvertures sur le capot, sa quadruple sortie d’échappement ou encore, sur les ailes avant, ses badges historiques arborant le trèfle à quatre feuilles. Et pour faire ressortir idéalement toutes les courbes délicieuses de la Giulia, il faut opter pour le rouge Competizione associé à des jantes argentées (comme ici). Ce n’est pas un avis, c’est un fait!
Les prétentions de cette Giulia se remarquent aussi une fois à l’intérieur. La position de conduite rappelle presque une Mclaren avec ce superbe volant positionné très haut devant vous et vos jambes étendues vers l’avant. Et puis les sièges carbone optionnels signés Recaro sont aussi beaux à regarder qu’efficaces à vous maintenir. On trouve également du carbone pour la malle, le pavillon et l’arbre de transmission, tandis que les ailes et les seuils de portes sont réalisés en aluminium.
Il ne faut guère de temps pour ressentir l’influence de Philippe Krief, l’ingénieur responsable du développement qui supervisa auparavant la Ferrari 458 Speciale. On note les immenses palettes en aluminium derrière le volant qui abrite aussi un gros bouton rouge de démarrage. La boîte automatique 8 rapports (option) se montre fluide et rapide, tout comme la direction qui ne réclame qu’un quart de tour pour la plupart des virages les plus serrés et les ronds-points. Le comportement se révèle assez souple, un peu comme une Ferrari réglée sur le mode “Bumpy Road”. Appréciable par rapport aux concurrentes teutonnes généralement très fermes, ce confort est le bienvenu sur l’autoroute, tout comme la nature généreuse du V6 2,9 litres biturbo (basé sur un bloc Ferrari, ce que personne ne semble vouloir évoquer chez Alfa). Aucune inertie dans sa réponse, il suffit d’effleurer l’accélérateur pour que la Quadrifoglio s’extirpe du trafic. Il ne s’agit pas du bloc le plus chantant du moment mais sur les longs voyages, on ne s’en plaindra pas. Sur les petites routes du Pays de Galles, la Giulia dévoile une nouvelle facette de sa personnalité. Sa molette DNA offre le choix entre plusieurs modes: Advanced Efficiency, Natural, Dynamic et Race. Chacun agit sur l’amortissement, la réponse moteur et la consistance de direction, il est par ailleurs possible de choisir l’amortissement le plus souple avec les autres paramètres réglés de façon extrême. C’est tout. Et c’est suffisant!
Même en mode Natural, la Giulia reste connectée à la route, pourtant sinueuse et pleine de reliefs. Je m’habitue rapidement à la direction électrique légère qui délivre juste ce qu’il faut de ressenti pour jauger le grip du train avant et la confiance grimpe vite. La motricité impressionne également et les amortisseurs adaptatifs avalent les bosses tout en maintenant un parfait contrôle de caisse. L’alfa fonce avec une rare fluidité sur ces routes hostiles.
En mode Dynamic, les choses deviennent sérieuses. La sonorité change, la suspension se tend, L’ESP lâche la bride, la direction s’alourdit et l’accélérateur devient plus sensible. Désormais, l’alfa montre un peu plus d’engagement et le pilote se sent plus libre d’utiliser les capacités de ce bloc prodigieux (en association avec la direction plus vive et des passages de rapports plus rapides), notamment en sortie de courbe.
En mode Race, L’ESP se désengage quasi totalement et les amortisseurs s’affermissent au maximum, ce qui ne convient pas à ces routes bosselées (on revient vite sur le mode intermédiaire plus souple). Il n’y a rien à craindre à rouler en mode ESP Off avec cette Alfa car les transitions entre glisse et reprise de grip se montrent très douces et progressives. Son différentiel piloté électronique ne cherche qu’à vous extraire le plus efficacement des courbes, et vouloir glisser avec cette Quadrifoglio risquera parfois de désorienter le pilote dont le ressenti sera altéré par quelques réactions étranges. Et, non, cette Alfa n’est pas parfaite. Sa sonorité manque de charisme et le mordant de son freinage carbone-céramique optionnel est exagéré lorsqu’on n’attaque pas, mais ces petits désagréments ne suffisent pas à effacer l’immense affection que l’on a pour cette glorieuse Alfa, cette berline au coeur de supercar. L’attente fut longue mais nous ne sommes pas déçus. Nous sommes heureux de vous voir de retour, Alfa Romeo.