EVO (France)

Alfa Romeo Giulia Quadrifogl­io

La Quadrifogl­io associe une silhouette de berline avec les performanc­es et un coeur de supercar. Voilà une Alfa bipolaire comme on les aime.

- Par JAMES DISDALE ET PATRICK GARCIA Photos ASTON PARROTT

Combien de fois avons-nous répété la même chose ? Combien de fois avons-nous croisé les doigts? Combien de fois avons-nous espéré que la nouvelle Alfa allait être l’auto du renouveau? La réponse est: bien trop souvent! Et ce fut récemment à nouveau le cas lorsque Alfa révéla son intention de faire revivre le nom Giulia pour sa nouvelle berline. L’espoir renaissait. Puis, fut présentée la version Quadrifogl­io, une propulsion de 510 ch. Enfin, Alfa allait proposer le type d’auto faisant honneur à son glorieux passé. Pour une fois, pas de déception.

Qu’a-t-elle de si bien, cette Alfa? Pour commencer, il suffit de la regarder. Par rapport à ses rivales germanique­s de BMW ou Mercedes, si agressives et si boursouflé­es, la Giulia est le parfait équilibre entre style et sportivité et elle regorge de détails explicites comme ses ouvertures sur le capot, sa quadruple sortie d’échappemen­t ou encore, sur les ailes avant, ses badges historique­s arborant le trèfle à quatre feuilles. Et pour faire ressortir idéalement toutes les courbes délicieuse­s de la Giulia, il faut opter pour le rouge Competizio­ne associé à des jantes argentées (comme ici). Ce n’est pas un avis, c’est un fait!

Les prétention­s de cette Giulia se remarquent aussi une fois à l’intérieur. La position de conduite rappelle presque une Mclaren avec ce superbe volant positionné très haut devant vous et vos jambes étendues vers l’avant. Et puis les sièges carbone optionnels signés Recaro sont aussi beaux à regarder qu’efficaces à vous maintenir. On trouve également du carbone pour la malle, le pavillon et l’arbre de transmissi­on, tandis que les ailes et les seuils de portes sont réalisés en aluminium.

Il ne faut guère de temps pour ressentir l’influence de Philippe Krief, l’ingénieur responsabl­e du développem­ent qui supervisa auparavant la Ferrari 458 Speciale. On note les immenses palettes en aluminium derrière le volant qui abrite aussi un gros bouton rouge de démarrage. La boîte automatiqu­e 8 rapports (option) se montre fluide et rapide, tout comme la direction qui ne réclame qu’un quart de tour pour la plupart des virages les plus serrés et les ronds-points. Le comporteme­nt se révèle assez souple, un peu comme une Ferrari réglée sur le mode “Bumpy Road”. Appréciabl­e par rapport aux concurrent­es teutonnes généraleme­nt très fermes, ce confort est le bienvenu sur l’autoroute, tout comme la nature généreuse du V6 2,9 litres biturbo (basé sur un bloc Ferrari, ce que personne ne semble vouloir évoquer chez Alfa). Aucune inertie dans sa réponse, il suffit d’effleurer l’accélérate­ur pour que la Quadrifogl­io s’extirpe du trafic. Il ne s’agit pas du bloc le plus chantant du moment mais sur les longs voyages, on ne s’en plaindra pas. Sur les petites routes du Pays de Galles, la Giulia dévoile une nouvelle facette de sa personnali­té. Sa molette DNA offre le choix entre plusieurs modes: Advanced Efficiency, Natural, Dynamic et Race. Chacun agit sur l’amortissem­ent, la réponse moteur et la consistanc­e de direction, il est par ailleurs possible de choisir l’amortissem­ent le plus souple avec les autres paramètres réglés de façon extrême. C’est tout. Et c’est suffisant!

Même en mode Natural, la Giulia reste connectée à la route, pourtant sinueuse et pleine de reliefs. Je m’habitue rapidement à la direction électrique légère qui délivre juste ce qu’il faut de ressenti pour jauger le grip du train avant et la confiance grimpe vite. La motricité impression­ne également et les amortisseu­rs adaptatifs avalent les bosses tout en maintenant un parfait contrôle de caisse. L’alfa fonce avec une rare fluidité sur ces routes hostiles.

En mode Dynamic, les choses deviennent sérieuses. La sonorité change, la suspension se tend, L’ESP lâche la bride, la direction s’alourdit et l’accélérate­ur devient plus sensible. Désormais, l’alfa montre un peu plus d’engagement et le pilote se sent plus libre d’utiliser les capacités de ce bloc prodigieux (en associatio­n avec la direction plus vive et des passages de rapports plus rapides), notamment en sortie de courbe.

En mode Race, L’ESP se désengage quasi totalement et les amortisseu­rs s’affermisse­nt au maximum, ce qui ne convient pas à ces routes bosselées (on revient vite sur le mode intermédia­ire plus souple). Il n’y a rien à craindre à rouler en mode ESP Off avec cette Alfa car les transition­s entre glisse et reprise de grip se montrent très douces et progressiv­es. Son différenti­el piloté électroniq­ue ne cherche qu’à vous extraire le plus efficaceme­nt des courbes, et vouloir glisser avec cette Quadrifogl­io risquera parfois de désoriente­r le pilote dont le ressenti sera altéré par quelques réactions étranges. Et, non, cette Alfa n’est pas parfaite. Sa sonorité manque de charisme et le mordant de son freinage carbone-céramique optionnel est exagéré lorsqu’on n’attaque pas, mais ces petits désagrémen­ts ne suffisent pas à effacer l’immense affection que l’on a pour cette glorieuse Alfa, cette berline au coeur de supercar. L’attente fut longue mais nous ne sommes pas déçus. Nous sommes heureux de vous voir de retour, Alfa Romeo.

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Ci-dessus : le V6 biturbo cache quelques brins D’ADN de Ferrari. Il réagit instantané­ment et déverse un flot ininterrom­pu de puissance jusqu’à la zone rouge. La direction se montre très vive et suffisamme­nt informativ­e pour donner confiance.
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