EVO (France)

BMW M4 Pack Competitio­n

Enfin réglée comme elle aurait dû l’être dès le départ, cette M4 revue et corrigée s’érige désormais au sommet de la catégorie.

- Par JAMES DISDALE ET PATRICK GARCIA Photos ASTON PARROTT

Parfois, certaines personnes travaillan­t à la division Motorsport de BMW doivent regretter le jour où le feu vert a été donné à la M3 E30. Ce morceau cubique de perfection motorisée des années 80 considéré comme l’une des meilleures voitures à piloter jamais produites est devenu le mètre étalon de toutes les berlines ou coupés portant ensuite le badge M. Aucune n’a échappé à la comparaiso­n. Le moindre embonpoint ou un pedigree moins racé les a souvent empêchées d’être portées aux nues et seuls un ou deux modèles sont parvenus à rejoindre la E30 au panthéon des BMW M.

Lorsqu’est sortie la M4 en 2014, elle fut le premier coupé Série 3 à abandonner le patronyme M3 et le premier à abriter un moteur turbo. Certes, avec son look convaincan­t, la F82 parvenait enfin à séduire les fans ne jurant que par la E30, mais son moteur suraliment­é allait cristallis­er les critiques.

Le problème n’était pas la performanc­e, les 431 ch et 550 Nm suffisaien­t largement. En fait, l’arrivée brutale du couple déstabilis­ait tant le châssis et la direction était si perfectibl­e que le ressenti global virait vite à la déception. Tenter d’attaquer avec elle sur le mouillé revenait à partir dans un voyage vers l’inconnu, fait au moindre effleureme­nt d’accélérate­ur de survirages sauvages et de déhanchés immédiats. Heureuseme­nt, vint le pack Competitio­n pour les M3 et M4. Au programme , amortisseu­rs adaptatifs reconditio­nnés, ressorts plus durs, différenti­el arrière recalibré et jantes 20 pouces. À tout cela, ajoutez une hausse de puissance de 19 ch (le couple restant inchangé), et vous obtenez une M4 totalement différente comme l’a montré notre premier Grand Test (evo 126) qui la voyait l’emporter nettement face à la Mercedes-amg C 63 S et l’audi RS5.

À peine installé derrière le volant de cette M4, vous savez qu’une belle relation va s’initier. Vous êtes assis bas dans un profond baquet, avec un volant trois branches qui tombe parfaiteme­nt en mains. Pressez le bouton Start et le 6 en ligne s’anime dans un grondement caractéris­tique, accentué par le moindre petit coup d’accélérate­ur. La sonorité, bien que toujours diffusée par les haut-parleurs, semble plus authentiqu­e qu’avant. Même à basse vitesse, elle vous envoie de bonnes ondes. Son comporteme­nt remontant quantité d’informatio­ns donne tout de suite la sensation d’être léger et connecté à la route. Appuyez un peu plus, et ses qualités émergent. Ce moteur turbo convient aux débutants. Il dispose toujours d’un tsunami de couple à bas régime propre à déséquilib­rer le châssis selon la pression de votre pied droit mais son arrivée est prévisible et progressiv­e. Il est désormais possible d’utiliser la plus grande partie de ses prodigieus­es performanc­es. Malgré cet allant à bas régime, cela vaut la peine de le pousser jusqu’en zone rouge à 7 000 tr/mn tant son enthousias­me le fait ressembler à ses ancêtres atmosphéri­ques. Mais c’est bien la suspension revue qui modifie drastiquem­ent notre jugement sur la M4. Grâce à une parfaite répartitio­n des

masses (longitudin­ale et latérale), sa tenue de route se révèle idéalement équilibrée. Demandez lui le maximum et il répondra comme tout bon châssis de voiture de sport. Sur les routes sales et constellée­s de feuilles de la côte est, la précédente M4 m’aurait refroidi très vite mais, dans la Pack Competitio­n, je m’amuse comme si j’étais au volant d’une compacte.

La direction manque encore un peu de ressenti mais j’apprécie sa consistanc­e et sa précision qui me connectent bien au train avant mordant avec appétit le bitume. Sur le sec, son adhérence donne confiance et s’accorde bien avec cette poupe beaucoup plus prévisible. L’arrivée de la puissance et du couple se fait plus progressiv­ement, l’amortissem­ent est ferme à basse vitesse mais pas inconforta­ble, il suffit de hausser le rythme pour profiter de sa capacité à maîtriser les mouvements de caisse sur les bosses, les compressio­ns et les sommets de crête. La peur de voir la M4 vous échapper a disparu.

On peut se perdre dans le trop grand nombre de réglages possibles mais, une fois la bonne combinaiso­n trouvée, il est possible de l’enregistre­r et d’y accéder via les boutons M sur le volant.

L’améliorati­on est telle que l’on reste dubitatif sur le fait qu’il s’agit de la même voiture, si décevante auparavant. La M4 se montre transfigur­ée, si bien que l’on peut rouler sans crainte avec les aides débranchée­s pour aller chercher ses limites. Le changement est tel que je me suis surpris à murmurer qu’elle était aussi bien qu’une M3 E30…

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 ??  ?? En haut à droite : l’habitacle offre l’équipement de base et diffuse une sonorité moteur améliorée. En haut : le châssis est joliment équilibré, la puissance arrive dorénavant bien plus progressiv­ement.
En haut à droite : l’habitacle offre l’équipement de base et diffuse une sonorité moteur améliorée. En haut : le châssis est joliment équilibré, la puissance arrive dorénavant bien plus progressiv­ement.

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