Bentley Continental GT
À peine sortie, la toute nouvelle Bentley Continental GT a dépassé toutes ses rivales pour s’imposer comme la meilleure GT actuellement commercialisée.
Il existe un troquet, The Anchor, où je me rends souvent, notamment lorsque j’ai à l’essai une nouvelle auto. Cet endroit est tenu par un vieux type appelé Derek Bovetwhite qui pilotait des Hawker Hurricane durant la Seconde Guerre mondiale. Il adore les voitures. Il a possédé une XJS V12 à boîte manuelle et échappement libre ainsi qu’une XK150S, entres autres jouets. Tous les gens qui ont un rapport à l’automobile finissent par aller chez lui à Barcombe Mills, dans l’east Sussex, pour discuter de tout, de rien, mais surtout de carburant brûlé. Un jour, nous attendions qu’arrive un des plus vieux amis de Derek dans ce que ce dernier appelait « la plus belle auto du monde ».
« Attends, tu vas voir… », me dit Derek.
Lorsque son ami débarqua dans l’après-midi, tout le monde sortit pour découvrir la bête. Il s’agissait d’une Bentley Continental du début des années 50 dont la carrosserie bleu nuit sans défaut fut réalisée à la main par HJ Mulliner. Éclatante sous le soleil de cette belle journée, elle était effectivement à l’époque l’une des plus belles autos que j’avais jamais vues. Et peut-être même encore aujourd’hui.
Tout cela pour expliquer l’étendue de ma déception lorsque fut présentée en 2003 la nouvelle Continental GT. Il s’agissait de la première Bentley depuis le rachat par VW et bien qu’elle possédât sur le papier tous les éléments requis pour dominer le segment des GT d’alors, elle n’était en réalité qu’un gros tromblon. Elle était lourde, pataude et, à mes yeux, pas spécialement belle. Bref, ça n’a jamais matché entre nous.
Quinze ans plus tard, voici une nouvelle Bentley Continental GT et, non contente de paraître mille fois plus jolie que sa devancière, elle se conduit également avec bonheur. Je dirais même mieux, elle est encore plus sympa à piloter qu’à regarder et il y a de bonnes raisons à cela.
La plus importante est que cette nouvelle mouture n’est plus basée sur le châssis d’une humble Volkswagen comme la précédente mais sur celui d’une Porsche, en l’occurrence l’excellente Panamera. Et contrairement à la fois précédente où les ingénieurs Bentley héritèrent d’une Phaeton qu’on leur demanda de transformer en Continental, cette fois-ci ils furent impliqués dès la rédaction du cahier des charges de la plateforme.
Cela fait maintenant cinq ans que les ingénieurs de Bentley et de Porsche se sont assis pour la première fois à la même table, devant une feuille blanche.
Le résultat se matérialise avec cette GT aux capacités étonnantes. D’un côté, la nouvelle Bentley se révèle nettement plus confortable et raffinée que sa devancière, elle flotte audessus du bitume avec une authentique majesté. Même lorsque la route n’est pas parfaite, le confort de roulage apaise et le comportement rend serein.
Et l’habitacle accentue encore cette sensation. Voilà un endroit d’une qualité rare, d’un design et d’un savoir-faire exquis. Cette auto a beau être affichée à 207 000 euros, une fois à l’intérieur elle semble en coûter cinq fois plus. De plus, toute la technologie contemporaine que vous pouviez attendre est bien présente et parfaitement intégrée à cet habitacle qui a l’aspect et même l’odeur d’une suite d’hôtel moderne 5 étoiles. Certes, l’espace aux places arrière manque mais est-ce vraiment important pour celui qui se trouve au volant d’une Continental GT de savoir ce que pensent les occupants des places arrière? Je vous le demande…
Un autre aspect inattendu de la Continental GT est la façon
TENIR UNE DÉRIVE à L’ACCÉLÉRATEUR EN BENTLEY CONTINENTAL GT EST UNE EXPÉRIENCE MERVEILLEUSE
dont elle se comporte plus que décemment en mode Sport. Dans l’ancienne, vous faisiez ça durant, disons… 2 minutes avant de passer à autre chose car il n’y avait rien d’amusant à pousser cette auto pachydermique. Dans la nouvelle GT, il est extraordinaire de constater avec quel bel équilibre elle répond à vos injonctions un peu viriles, et ce malgré le fait que sa masse continue de dépasser les deux tonnes. Même si elle a perdu 76 kg, ce sont les suspensions pneumatiques pilotées qui font tout le travail. Par ailleurs, Bentley a paramétré la transmission intégrale pour privilégier l’arrière. En mode Sport, seulement 17 % de la puissance et du couple partent vers l’avant. Du coup, si vous passez L’ESP sur Off et que vous remettez fort les gaz en sortie de courbe, la Continental GT survire, ce qui est une expérience magnifique à vivre dans ce genre de voiture.
Et pour couronner le tout, elle est également extrêmement rapide. Le W12 6,0 litres biturbo a été entièrement repensé, à tel point qu’il possède un ordre d’allumage totalement différent de l’ancien afin de le rendre plus souple et plus sportif. Mais ce qui importe vraiment, c’est qu’il produit 635 ch et 900 Nm de couple de 1 350 à 4 500 tr/mn, de quoi lancer la Continental GT de 0 à 100 km/h en 3’’7, puis à 333 km/h en pointe. Et là encore, qu’une auto de 2 169 kg, portant qui plus est un badge Bentley, soit capable de cela est juste… hilarant.
Au final, il semble bien que la Continental GT a été plus que correctement remplacée. Et par une auto qui pourra même parfois vous époustoufler. Tout comme le faisait celle des années 50.