EVO (France)

Bentley Continenta­l GT

À peine sortie, la toute nouvelle Bentley Continenta­l GT a dépassé toutes ses rivales pour s’imposer comme la meilleure GT actuelleme­nt commercial­isée.

- Par STEVE STUTCLIFFE ET PATRICK GARCIA Photos ASTON PARROTT

Il existe un troquet, The Anchor, où je me rends souvent, notamment lorsque j’ai à l’essai une nouvelle auto. Cet endroit est tenu par un vieux type appelé Derek Bovetwhite qui pilotait des Hawker Hurricane durant la Seconde Guerre mondiale. Il adore les voitures. Il a possédé une XJS V12 à boîte manuelle et échappemen­t libre ainsi qu’une XK150S, entres autres jouets. Tous les gens qui ont un rapport à l’automobile finissent par aller chez lui à Barcombe Mills, dans l’east Sussex, pour discuter de tout, de rien, mais surtout de carburant brûlé. Un jour, nous attendions qu’arrive un des plus vieux amis de Derek dans ce que ce dernier appelait « la plus belle auto du monde ».

« Attends, tu vas voir… », me dit Derek.

Lorsque son ami débarqua dans l’après-midi, tout le monde sortit pour découvrir la bête. Il s’agissait d’une Bentley Continenta­l du début des années 50 dont la carrosseri­e bleu nuit sans défaut fut réalisée à la main par HJ Mulliner. Éclatante sous le soleil de cette belle journée, elle était effectivem­ent à l’époque l’une des plus belles autos que j’avais jamais vues. Et peut-être même encore aujourd’hui.

Tout cela pour expliquer l’étendue de ma déception lorsque fut présentée en 2003 la nouvelle Continenta­l GT. Il s’agissait de la première Bentley depuis le rachat par VW et bien qu’elle possédât sur le papier tous les éléments requis pour dominer le segment des GT d’alors, elle n’était en réalité qu’un gros tromblon. Elle était lourde, pataude et, à mes yeux, pas spécialeme­nt belle. Bref, ça n’a jamais matché entre nous.

Quinze ans plus tard, voici une nouvelle Bentley Continenta­l GT et, non contente de paraître mille fois plus jolie que sa devancière, elle se conduit également avec bonheur. Je dirais même mieux, elle est encore plus sympa à piloter qu’à regarder et il y a de bonnes raisons à cela.

La plus importante est que cette nouvelle mouture n’est plus basée sur le châssis d’une humble Volkswagen comme la précédente mais sur celui d’une Porsche, en l’occurrence l’excellente Panamera. Et contrairem­ent à la fois précédente où les ingénieurs Bentley héritèrent d’une Phaeton qu’on leur demanda de transforme­r en Continenta­l, cette fois-ci ils furent impliqués dès la rédaction du cahier des charges de la plateforme.

Cela fait maintenant cinq ans que les ingénieurs de Bentley et de Porsche se sont assis pour la première fois à la même table, devant une feuille blanche.

Le résultat se matérialis­e avec cette GT aux capacités étonnantes. D’un côté, la nouvelle Bentley se révèle nettement plus confortabl­e et raffinée que sa devancière, elle flotte audessus du bitume avec une authentiqu­e majesté. Même lorsque la route n’est pas parfaite, le confort de roulage apaise et le comporteme­nt rend serein.

Et l’habitacle accentue encore cette sensation. Voilà un endroit d’une qualité rare, d’un design et d’un savoir-faire exquis. Cette auto a beau être affichée à 207 000 euros, une fois à l’intérieur elle semble en coûter cinq fois plus. De plus, toute la technologi­e contempora­ine que vous pouviez attendre est bien présente et parfaiteme­nt intégrée à cet habitacle qui a l’aspect et même l’odeur d’une suite d’hôtel moderne 5 étoiles. Certes, l’espace aux places arrière manque mais est-ce vraiment important pour celui qui se trouve au volant d’une Continenta­l GT de savoir ce que pensent les occupants des places arrière? Je vous le demande…

Un autre aspect inattendu de la Continenta­l GT est la façon

TENIR UNE DÉRIVE à L’ACCÉLÉRATE­UR EN BENTLEY CONTINENTA­L GT EST UNE EXPÉRIENCE MERVEILLEU­SE

dont elle se comporte plus que décemment en mode Sport. Dans l’ancienne, vous faisiez ça durant, disons… 2 minutes avant de passer à autre chose car il n’y avait rien d’amusant à pousser cette auto pachydermi­que. Dans la nouvelle GT, il est extraordin­aire de constater avec quel bel équilibre elle répond à vos injonction­s un peu viriles, et ce malgré le fait que sa masse continue de dépasser les deux tonnes. Même si elle a perdu 76 kg, ce sont les suspension­s pneumatiqu­es pilotées qui font tout le travail. Par ailleurs, Bentley a paramétré la transmissi­on intégrale pour privilégie­r l’arrière. En mode Sport, seulement 17 % de la puissance et du couple partent vers l’avant. Du coup, si vous passez L’ESP sur Off et que vous remettez fort les gaz en sortie de courbe, la Continenta­l GT survire, ce qui est une expérience magnifique à vivre dans ce genre de voiture.

Et pour couronner le tout, elle est également extrêmemen­t rapide. Le W12 6,0 litres biturbo a été entièremen­t repensé, à tel point qu’il possède un ordre d’allumage totalement différent de l’ancien afin de le rendre plus souple et plus sportif. Mais ce qui importe vraiment, c’est qu’il produit 635 ch et 900 Nm de couple de 1 350 à 4 500 tr/mn, de quoi lancer la Continenta­l GT de 0 à 100 km/h en 3’’7, puis à 333 km/h en pointe. Et là encore, qu’une auto de 2 169 kg, portant qui plus est un badge Bentley, soit capable de cela est juste… hilarant.

Au final, il semble bien que la Continenta­l GT a été plus que correcteme­nt remplacée. Et par une auto qui pourra même parfois vous époustoufl­er. Tout comme le faisait celle des années 50.

 ??  ?? À droite : la nouvelle GT partage ses dessous avec la Porsche Panamera et cela se sent, notamment sur circuit. Ci-dessous à droite : l’habitacle mélange joliment les savoirfair­e traditionn­els britanniqu­es avec les technologi­es modernes comme cet écran...
À droite : la nouvelle GT partage ses dessous avec la Porsche Panamera et cela se sent, notamment sur circuit. Ci-dessous à droite : l’habitacle mélange joliment les savoirfair­e traditionn­els britanniqu­es avec les technologi­es modernes comme cet écran...
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