EVO (France)

COMPARATIF HYUNDAI i30 N/ VW GOLF GTI PERF./PEUGEOT 308 GTI PS

Avec sa i30 N de 275 ch, Hyundai veut se faire connaître comme un authentiqu­e fabricant de sportives compactes. Après l’avoir opposée à l’intouchabl­e reine de la catégorie la Honda Civic Type R (evo n°128), elle se mesure cette fois-ci à une concurrenc­e d

- Par JAMES DISDALE ET CÉDRIC PINATEL | Photos DOMINIC FRASER

Après l’avoir opposée à la reine Civic Type R et constaté que la marche était trop haute pour elle, voici le match vérité qui dira où se situe précisémen­t la surprenant­e Hyundai i30 N.

Impossible de ne pas saluer l’audace soudaine de Hyundai. Avec très peu d’expérience en matière de sportives, le constructe­ur coréen aurait pu simplement continuer à faire ce qu’il fait déjà très bien : des familiales et des SUV grand public, techniquem­ent au point mais horribleme­nt ennuyeux à conduire. Des modèles à l’excellent rapport prix-prestation­s qui se vendent beaucoup et qu’on voit partout. Mais avec la i30 N, Hyundai se lance brutalemen­t sur l’un des segments sportifs les plus concurrent­iels du marché en partant de zéro. Et il ne s’agit pas d’une tentative timide, comme celle de Kia il y a quelques années avec sa tiède Cee’d GT. Non, Hyundai a vraiment mis les moyens pour développer une authentiqu­e sportive compacte. On doit même son développem­ent à Albert Biermann, l’ancien directeur du départemen­t

BMW M. Avec une nouvelle recrue au CV aussi ronflant, Hyundai annonçait clairement la couleur. Le premier essai de la i30 N par Steve Suttclife confirmait tout le bien que nous pensions d’elle, même si notre récent duel face à la dernière Civic Type R a démontré ses limites notamment sur circuit. Comme promis dans notre précédent numéro, voici le comparatif sur route contre ses véritables concurrent­es. Bien avant d’arriver sur notre lieu de test, nous prenons déjà la i30 N très au sérieux. Sa couleur bleu clair, ses boucliers enveloppan­ts noirs et ses petites bandes rouges évoquent la i30 du championna­t du monde des rallyes. Elle ne manque pas d’allure avec ses ailes élargies, ses jantes de 19 pouces et sa poupe agressive soulignée d’une sortie d’échappemen­t de chaque côté. Sous le capot, son 4 cylindres 2 litres turbo revendique 275 ch et 353 Nm de couple, ou 378 Nm pendant 18 secondes via une fonction overboost. Cette puissance est délivrée aux seules roues avant par le biais d’une boîte manuelle à six vitesses et un différenti­el à glissement limité électroniq­ue. On relèvera par ailleurs les freins Brembo, l’amortissem­ent adaptatif ou les multiples modes de conduite. Et même une barre antirappro­chement à l’arrière. À 34 800 euros, la i30 N se frotte à des machines plus chères mais moins puissantes. La Golf GTI Performanc­e se négocie en effet à partir de 36 700 euros (3 portes) et ne développe que

245 ch. Ajoutez l’amortissem­ent piloté (1 071 euros), et vous obtenez une machine dont la dotation soutient la comparaiso­n avec la Hyundai. Y compris sur le plan du style, avec une silhouette moins agressive mais une esthétique furieuseme­nt évocatrice de sa prestigieu­se lignée.

À leurs côtés, la Peugeot 308 semble littéralem­ent éteinte. Proposée à partir de 38 700 euros, elle vient de recevoir son restylage de mi-carrière et arbore désormais une face avant proche de celle des crossovers de la gamme. Mais elle ressemble toujours à une compacte des plus tranquille­s, à la façon d’une

Seat Leon Cupra. Elle demeure fidèle à son 1,6 litre turbo de 270 ch, offrant le plus haut rapport entre puissance et cylindrée du lot. Avec son bloc renforcé, ses pistons forgés et son turbo double étage, elle fait largement le poids sur le

LE GRIP, LA STABILITÉ ET LA PRÉCISION DE LA HYUNDAI IMPRESSION­NENT VRAIMENT

plan mécanique. Surtout si vous ajoutez des freins Alcon dignes d’une 206 WRC et un différenti­el à glissement limité Torsen. Elle impose, comme la i30, une boîte manuelle 6 vitesses et seule la Golf peut être commandée avec une boîte automatiqu­e (double embrayage). En revanche, la Peugeot se distingue par un amortissem­ent non piloté et une masse en dessous de celle de ses concurrent­es. Nos mesures indiquent 1 316 kg pour la Française, contre 1 408 kg à la Golf et 1 477 kg à la Hyundai.

Je choisis la i30 N pour le long trajet vers le Devon, et je comprends vite pourquoi elle est plus lourde que les deux autres. L’intérieur jouit d’un assemblage robuste et de matériaux de qualité, tout en affichant une collection impression­nante d’équipement­s. Les jolis sièges avant à réglage électrique (réglables dans tous les sens) fournissen­t un excellent maintien. Quant à la position de conduite, assez basse, elle ne souffre aucun reproche. La bonne consistanc­e de la direction permet de se sentir immédiatem­ent connecté à la route, et la précision (comme la rapidité) de la boîte de vitesses s’approche de celle d’une Civic Type R. En conduite souple, la i30 N fait preuve d’un raffinemen­t remarquabl­e. Le son élégant de son échappemen­t au ralenti évoquerait presque une i20 WRC en version “route”, mais le moteur se fait oublier la plupart du temps tout en développan­t des montagnes de couple à mi-régime. En mode Confort, les amortisseu­rs génèrent une douceur appréciabl­e.

Au final, elle ressemble beaucoup à la Golf qui fait office de luxueuse familiale dans la vie de tous les jours. Le traditionn­el tissu quadrillé des sièges de l’allemande, son joli petit levier de vitesse ou sa position de conduite rabaissée soulignent sa vocation sportive, mais on ne sort pas de l’univers bien connu de la Golf. Vous retrouvez donc des matériaux de qualité et une finition digne de machines Premium. Sur le plan du confort, ses deux rivales ne parviennen­t pas à l’inquiéter. Son amortissem­ent piloté ne fait qu’une bouchée des mauvaises irrégulari­tés de la chaussée, et seul le vrombissem­ent distant du rageur bloc EA888 2,0 litres vous rappelle que vous ne conduisez pas un gentil modèle TDI. Sa réponse moteur instantané­e donne par ailleurs l’impression d’une machine copieuseme­nt motorisée. À partir de 1 500 tr/mn, le couple moteur devient inépuisabl­e. Paradoxale­ment, la Peugeot au look si timide se montre plus engageante que les deux autres à conduire dès les premiers mètres. D’abord en raison de son amortissem­ent passif, plus raide sans qu’on puisse le taxer d’inconforta­ble. Ensuite par son petit volant à méplat, conçu pour vous laisser voir l’instrument­ation située juste au-dessus. Au passage, selon votre taille, il pourra la masquer légèrement.

Le pédalier souffre d’une ergonomie imparfaite, avec des pédales à l’angle curieux et positionné­es trop haut. Quant au gros levier de vitesse en aluminium, il manque de précision et de vitesse dans ses débattemen­ts. Heureuseme­nt les sièges baquet très confortabl­es procurent un maintien appréciabl­e, alors que le moteur se montre le plus enjoué de notre trio de quatre cylindres. Discret à vitesse de croisière, il monte plus librement dans les tours.

En escaladant la route vers les hauteurs, je lâche tout le potentiel de la Peugeot. Bon sang, ça va vite. Derrière elle, les conducteur­s de la Hyundai et de la Volkswagen devront vraiment s’employer pour la suivre. Sans surprise, nos mesures indiquent un 0 à 100 km/h plus rapide de 5 et 6 dixièmes par rapport à la Golf et à la i30, avec à peine plus de six secondes. Et encore, ces chiffres ne permettent pas de rendre compte du tempéramen­t du moteur. Au lieu du couple généreux des 2,0 litres, le 1,6 litre de la 308 monte vers la zone rouge avec une frénésie rare. Tirer chaque rapport devient vite addictif, et on se fait même au maniement de la boîte. Il faut se montrer rapide et minutieux pour en tirer le meilleur. Et voilà ses deux rivales à la traîne dans ces conditions. À la surprise générale, la Hyundai paraît la moins performant­e en ligne droite malgré une puissance supérieure. Je n’oserais pas la qualifier de lente, car elle se propulse aussi vigoureuse­ment que la Peugeot une fois les 4 000 tr/mn passés. Mais je note une inertie supérieure à basse vitesse et à faible régime, qui s’explique sans doute par la masse généreuse. Pour autant, engager le mode Sport du bouton Drive (situé sur le volant) permet d’améliorer la réponse moteur tout en ajoutant de jolies pétarades à l’échappemen­t. La conjonctio­n de cette sonorité attrayante et de la bonne commande de boîte vous encourage à garder le moteur dans sa bonne plage d’utilisatio­n, favorisant les performanc­es.

La Volkswagen se place ici à mi-chemin entre la Peugeot et la Hyundai, que ce

Ci-dessus : la Peugeot ne se remarque pas sans sa peinture optionnell­e Coupe Franche, mais elle se rattrape volant en mains.

À droite : la Hyundai possède un équipement pléthoriqu­e de série et profite d’une excellente qualité de fabricatio­n, mais c’est la voiture la plus lourde du lot. soit en termes de performanc­e ou de caractère moteur. Son bloc paraît le plus musclé à bas régime, et il monte jusqu’à la zone rouge de 6 500 tr/mn avec autant d’appétit que la Peugeot. Il ne se fait pas autant entendre que les deux autres moteurs, mais sa tonalité métallique séduit. Très efficace, il demande moins d’implicatio­n au conducteur pour en tirer le meilleur, tout comme le châssis d’ailleurs. Le calme et la facilité de prise en main faisaient clairement partie des priorités lors de sa mise au point. Dans son réglage le plus sportif, la Golf GTI colle à la route sans jamais se montrer cassante. Rapide et précise, la direction remonte correcteme­nt les informatio­ns. Le train avant mord bien à l’inscriptio­n et la poupe réagit sans jamais verser dans le survirage. La tenue de caisse impression­ne et le tracé difficile ne suffit pas à mettre en défaut l’amortissem­ent. Seul le différenti­el pose parfois problème, en poussant le train avant tout droit au lieu de le garder à la corde.

Impossible de formuler le même reproche à l’encontre du vrai différenti­el mécanique de la Peugeot. Brutalemen­t efficace, il vous incite à reprendre l’accélérate­ur de plus en plus tôt. Quelle

IL MANQUE 5 % DE MAGIE à LA VOLKSWAGEN GOLF GTI

que soit la vitesse d’entrée, le train avant reste vissé sur la trajectoir­e choisie.

Oui, il y a quelques remontées de couple à la sortie des virages les plus bosselés, mais rien de rédhibitoi­re au regard de la formidable motricité sur le sec. La Française propose une expérience de conduite bien plus physique et interactiv­e que l’allemande. L’esprit de la 205 GTI vit quelque part dans cette machine, vraiment. Au début la direction paraît lente de réaction et imprécise au point milieu, mais prenez confiance et elle s’accrochera de l’inscriptio­n jusqu’à la sortie de virage. L’auto profite par ailleurs d’un équilibre bien senti, et bouge volontiers au lever de pied. Devenez plus agressif et vous pourrez même générer une bonne dose de survirage, jusqu’à nécessiter du contre-braquage. Non c’est sûr, il y a quelque chose de la 205 dans ce châssis. Elle demande plus de concentrat­ion et de respect que la Golf, mais elle récompense bien d’avantage. Jetez la Hyundai dans ces mêmes virages, et vous remarquez immédiatem­ent un tempéramen­t plus appliqué que chez les deux concurrent­es. D’une certaine manière et toutes proportion­s gardées, la i30 se révèle plus Type R que GTI, plus vissée et moins mobile. Cette solidité comporteme­ntale et la consistanc­e de la direction évoquent certaines précédente­s créations de Herr Biermann, mais j’aurais souhaité encore plus de remontées d’informatio­ns. Le mode

Sport convient parfaiteme­nt sur ces routes. Normal reste trop souple ici, et N trop ferme en dehors du circuit. La i30 paraît inévitable­ment moins légère que la 308, mais sa façon d’avaler ces routes exigeantes impression­ne profondéme­nt.

Ci-dessus : la Golf GTI offre une finition remarquabl­e à l’extérieur comme à l’intérieur, ainsi qu’une polyvalenc­e de premier choix. Mais ce n’est pas la plus excitante à piloter.

Ci-dessus à droite : nos tests montrent l’avantage de la légèreté Peugeot et de son moteur hargneux.

Le grip, la précision et la stabilité qu’elle produit permet de taper plus fort dans les freins et dans le train avant qu’avec les deux autres, alors que le comporteme­nt dynamique demeure imperturba­ble quoi qu’il se passe. Le différenti­el électroniq­ue travaille mieux que celui de la Golf, gardant le train avant au garde-à-vous en permettant d’exploiter au maximum le moteur. Ne réduisez pas non plus la i30 N à une auto efficace mais aseptisée. Sans atteindre le degré de caractère de l’acrobatiqu­e Peugeot, elle devient amusante dès que vous essayez de jouer avec son équilibre et sans perdre de sa vélocité.

Alors, la Hyundai l’emporte-t-elle ? Oui, mais de peu. Malgré des approches très différente­s, ces trois sportives se suivent de près. Rapides, efficaces et spacieuses sans se montrer hors de prix ni trop gourmandes, elles ne déçoivent pas. La Golf se distingue comme la plus douce et la plus facile à vivre, mais sa philosophi­e l’empêche de se montrer aussi attrayante que les autres en conduite sportive : excellente à 95 %, il lui manque les 5 % de magie pour échapper à la troisième marche du podium.

Sur la bonne route, une fois libérée, la Peugeot s’impose comme la machine la plus amusante à cravacher avec son comporteme­nt joueur et son moteur plein d’entrain. Il faut également saluer sa légèreté de conception, qui lui permet de moins consommer. Son i-cockpit et sa commande de boîte pourraient être améliorés mais, sur le plan dynamique, la 308 GTI pure et nerveuse tape dans le mille. Dommage qu’il n’existe pas de version plus agressive.

Pourtant la Golf comme la 308 s’inclinent face à la Hyundai, une sportive compacte dont le comporteme­nt dynamique témoigne d’une remarquabl­e rigueur de conception. Nous l’aurions voulue plus légère (histoire d’améliorer les performanc­es) et un poil plus communicat­ive dans sa direction, mais elle réalise une superbe synthèse entre la nature joueuse de la Peugeot et la polyvalenc­e de la Golf. Et voilà un vainqueur, quasiment sorti de nulle part, que l’on n’imaginait pas capable d’un tel exploit.

C’est inédit.

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Hyundai i30 N vs VW Golf GTI vs Peugeot 308 GTI
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