JAGUAR E-PACE
Basé sur l’evoque, le SUV compact de Jaguar se fait seulement remarquer par son style extérieur enjoué.
Jaguar reste encore loin des volumes de ventes atteints par les SUV de Porsche. Mais comme pour toutes les autres marques Premium, le futur du constructeur anglais passe forcément par une multiplication de ce genre de modèles dans sa gamme, où les berlines et autres coupés de luxe deviendront fatalement anecdotiques. À titre d’exemple, le récent F-pace revendique 63 519 unités vendues en 2016, ce qui représente 43 % des ventes de Jaguar et
11 % des ventes de Jaguar-land Rover sur le plan mondial cette année-là. Autant dire que le nouveau E-pace, rival du BMW X1 ou de l’audi Q3, doit permettre à Jaguar d’augmenter encore significativement ses volumes à l’heure où la clientèle continue de se ruer sur les SUV. Reconnaissons au E-pace une corpulence moins pataude que certains de ses rivaux, mais nous n’irons pas jusqu’à le qualifier de “sportive Jaguar”, contrairement à d’autres magazines. D’abord parce qu’il avoue plus de 1,8 tonne sur la balance à cause de son châssis, dont la majorité des pièces proviennent du Range Rover Evoque. Il dépasse d’ailleurs ce dernier au registre des dimensions avec une longueur, une hauteur et une largeur supérieures à celles de son cousin anglais. Il parvient à masquer cet embonpoint grâce à un style intéressant, inspiré (comme son grand frère F-pace) de la sportive F-type. Les tailles de jantes vont du 17 jusqu’au 21 pouces, et notre modèle d’essai monté en 20 pouces présente une allure assez cartoonesque. Dans le genre, on a vu beaucoup moins joli.
À première vue, l’intérieur offre lui aussi un style intéressant et une inspiration F-type. Malheureusement, la combinaison toute noire de notre exemplaire manque de chaleur et sa finition souffre de quelques défauts. Certaines surfaces risquent de mal vieillir, au vu de ce que nous avons pu observer. Les pièces en faux aluminium déçoivent, tout comme le cuir sur le volant qui ressemble beaucoup à du plastique au toucher. Le genre d’élément qu’on pardonnerait volontiers à un E-pace d’entrée de gamme, mais beaucoup moins sur un modèle à près de 60 000 euros.
Le E-pace compte sur une batterie de moteurs quatre cylindres Ingenium essence et diesel, la variante la plus puissante P300 s’équipant d’un bloc essence 2,0 litres turbo développant 300 ch et 400 Nm de couple (exactement comme sur la F-type d’entrée de gamme). Malheureusement le SUV se prive de l’échappement enjoué du coupé sportif, aussi faut-il se contenter d’une sonorité nettement moins agréable. Avec un 0 à 100 km/h abattu en 6’’4, les performances se montrent suffisantes et la boîte à 9 vitesses est raisonnablement douce et réactive en mode automatique comme en mode manuel (notez que vous n’aurez des palettes au volant que sur la version R-dynamic haut de gamme, sinon il faudra utiliser le petit levier). La réponse moteur surprend favorablement lors des faibles pressions à l’accélérateur, donnant l’impression d’une très bonne réactivité. Le passage au mode Dynamic et à la position Sport de la transmission permet d’intensifier cette impression.
La mise au point châssis représente le trait de caractère principal du E-pace. Grâce à une direction assez vive, l’engin répond à chaque impulsion sans inertie. Et il peut aussi compter sur un bon niveau de grip à l’inscription, en plus d’un remarquable équilibre entre les trains avant et arrière. À cause de sa hauteur, le E-pace s’affaisse sur ses pneus extérieurs plus violemment qu’une berline, mais la transparence de ses réactions permet de prendre confiance à son volant en conduite dynamique. En revanche, il sous-virera si vous envoyez les gaz en milieu de courbe, et le lever de pied ne permet pas de mobiliser l’arrière-train. Le confort ne déçoit pas pour un véhicule équipé de jantes de 20 pouces et de pneus taille basse, mais il n’atteint pas le niveau d’une berline classique. Vous sentez bien que Jaguar a préféré ne prendre aucun risque pour ce modèle qui doit vite devenir sa meilleure vente mondiale. Malheureusement, cette prudence débouche naturellement sur un engin assez peu remarquable.