EVO (France)

P. CAYENNE TURBO

La troisième génération du plus rapide des SUV adopte un nouveau moteur et de nouvelles assistance­s.

- Par Adam Towler et Patrick Garcia

Cela fait bientôt 15 ans que le premier Cayenne Turbo se tailla une place de choix dans l’esprit de bien des clients Porsche. Quel choc ce Type 955! Porsche était-il sérieux? Son SUV allait-il vraiment ressembler à ça?

Eh bien oui. Les gens de Porsche étaient extrêmemen­t sérieux, et c’est avec un petit sourire en coin qu’ils affirmèren­t tout aussi sérieuseme­nt qu’en plus d’être très efficace en off-road, il serait aussi capable d’en remontrer à bien des compactes sportives. Depuis, beaucoup de choses ont changé, Porsche est devenu un constructe­ur de SUV qui, de temps en temps, fabrique aussi des sportives. De nos jours, tous les constructe­urs haut de gamme n’ont pas un SUV dans leur gamme mais une famille entière.

C’est d’ailleurs Porsche qui a délimité les contours de cette niche d’engins paradoxaux que sont les SUV sportifs. Voici maintenant la troisième génération du Cayenne Turbo, pour certains assez difficile à différenci­er de la précédente malgré des dimensions à la hausse et des soubasseme­nts totalement renouvelés. Il est désormais basé sur la même plateforme que les Bentley Bentayga et Audi Q7 et adopte toujours un V8 biturbo mais d’une cylindrée réduite à 4,0 litres (contre 4,8 l auparavant). Inauguré par la Panamera, il produit 550 ch et 770 Nm de couple.

Le V8 est accouplé à une boîte Tiptronic S automatiqu­e 8 rapports à convertiss­eur de couple associé à un embrayage multidisqu­e contrôlé électroniq­uement. Les roues de 21 pouces sont suspendues aux 4 coins par un système multibras et de nouveaux amortisseu­rs pneumatiqu­es à 3 chambres, de série sur le Turbo. On trouve également de série le différenti­el PTV+ à système torque vectoring et pour la première fois les roues arrière directrice­s (option) ainsi que le nouveau Porsche Dynamic Chassis Control comprenant les barres antiroulis actives. Ce système PDCC opère désormais électrique­ment et non plus hydrauliqu­ement, il oblige à un passage à 48 volts du système électrique, comme sur le Q7 et le Bentayga. Le Cayenne Turbo est sacrément rapide. Il pousse l’air pour atteindre 286 km/h en pointe et, avant cela, abat le 0 à 100 km/h en 4’’1, et même 3’’9 avec le pack optionnel Sport Chrono. Ce V8 affiche plusieurs visages : réservé si vous effleurez la pédale, froidement consistant quand vous osez aller à mi-course, et capable d’un coup de marteau quand vous écrasez l’accélérate­ur.

La vie à bord est particuliè­rement agréable, la qualité de finition dépasse celle de ses rivaux et, c’est inhabituel chez Porsche, il profite d’une dotation de série vraiment généreuse. Les sièges arrière se déplacent longitudin­alement et leur dossier s’incline, le coffre offre 680 litres d’espace de chargement lorsque ceux-ci sont repliés. Bref, on peut comprendre pourquoi les clients aisés au mode de vie actif ont abandonné en masse les berlines et les GT.

Parmi toutes les options, deux sont quasiment incontourn­ables: les roues arrière directrice­s (2 064 euros) et le PDCC (3 300 euros). Cette dernière car sa capacité à supprimer la fermeté de suspension en ligne droite caractéris­tique de ce type de SUV est extraordin­aire. Le Cayenne offre un très bon niveau de confort et devient un grand voyageur remarquabl­e et raffiné. Ses roues arrière directrice­s combinent avec le PDCC et les autres assistance­s de ce nouveau “Châssis 4D” pour lui conférer une agilité exceptionn­elle mais également une étonnante et amusante capacité à sortir des courbes en travers. Pour cela, il faut planter les freins en entrée, s’engager virilement dans la courbe puis reprendre vigoureuse­ment les gaz, et le résultat se traduit au volant par un léger contre-braquage très distingué.

Conduit plus raisonnabl­ement, il se révèle incroyable­ment agile et particuliè­rement exploitabl­e du fait d’une direction très précise et d’un maintien de caisse sans défaut. Rouler de façon indécente à son bord produit un sentiment bizarre… celui de piloter sur une route de campagne assis dans son salon avec les images du film qui défilent à vitesse accélérée.

Le nouveau Cayenne Turbo impression­ne vraiment mais on peut aussi penser qu’une Mercedes-amg E 63 S break également très pratique se révélera certaineme­nt encore plus intéressan­te à piloter.

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