LEXUS GS F
Cela ne se voit pas forcément au premier regard mais la grande berline sportive de Lexus a été restylée. Elle n’est toujours pas la reine de la catégorie mais reste néanmoins extrêmement séduisante.
exus a toujours fonctionné de façon bizarre. Durant la plus grande partie des trois dernières décennies, ils ont produit des berlines raffinées et de très sérieuses hybrides toutes très bien construites mais à peu près aussi amusantes qu’un bilan comptable annuel. Cependant, de temps en temps, Lexus oublie ses principes un brin rigoristes et met sur le marché des autos telles que L’IS F rivale des BMW M3, la spectaculaire LFA, la LC, mais également notre voiture du jour, la GS F qui vient de subir un petit rafraîchissement de mi-carrière.
Les modifications restent modestes et il est difficile de distinguer la précédente de la nouvelle car les changements principaux ont eu lieu sous la carrosserie. On y trouve de nouveaux amortisseurs adaptatifs
(AVS) comprenant 30 niveaux de fermeté différents également accessibles via
4 modes prédéfinis (Eco, Normal, Sport et Sport+). L’objectif était d’élargir la palette d’utilisation pour plus de confort au quotidien et plus de fermeté à l’attaque. Pour le reste, c’est peu ou prou la même GS F, c’est-à-dire une berline hautes performances qui, contrairement à ses rivales, se moque de la tendance au downsizing, aux quatre roues motrices et aux boîtes double embrayage. Cette Lexus combine de façon rafraîchissante un V8 atmosphérique de grosse cylindrée, des roues arrière motrices et une boîte à convertisseur de couple. Très old school sur le papier mais aussi volant en mains. À une époque où la règle va aux moteurs suralimentés délivrant leur couple instantanément, le V8 5,0 litres de la GS F demande un peu de temps avant d’exprimer pleinement ses 477 ch et ses 530 Nm de couple. Face à une AMG E 63 S qui réclame moins de 4’’ pour atteindre les 100 km/h, la Lexus pourra paraître un peu timide. Bien qu’elle ne puisse rivaliser avec l’opposition germanique en matière de performance, elle propose malgré tout une expérience extrêmement satisfaisante. Faute d’une réponse instantanée au moindre effleurement de la pédale des gaz, vous allez devoir travailler dur pour en extraire le maximum car ce bloc 32 soupapes à 4 arbres à cames ne commence à vraiment s’exprimer qu’à compter de 4 500 tr/mn. À partir de là, il chante et pousse avec vigueur. Son ralenti ronronnant et subtil se transforme en une plainte hurlante et métallique à mesure que le compte-tours approche des 7 100 tr/mn de sa zone rouge.
Et les modifications de la suspension ? La première chose que l’on remarque est une amélioration notable du confort. C’en est fini de la trop grande fermeté à basse vitesse de la précédente version, désormais c’est avec souplesse qu’elle aborde toutes
les bosses du parcours. On ne parlera pas de mollesse mais il sera plus facile de vivre au quotidien avec elle.
Basculez la molette de sélection sur le mode Sport ou Sport+ et vous sentirez la GS F se raidir sur ses appuis. La direction se montre vive et précise mais manque de ressenti. Toutefois, dès que vous découvrez la belle adhérence du train avant, vous haussez le rythme de façon prodigieuse. Bien sûr, des changements rapides de direction vous feront prendre conscience qu’elle reste lourde (1 790 g) mais, la plupart du temps, la GS F maîtrise parfaitement ses mouvements de caisse et garde la trajectoire grâce à un bel équilibre. Il est possible d’aller plus avant dans les réglages des modes de conduite en modifiant les paramètres (Standard, Slalom ou Track) du différentiel à fonction torque vectoring. Le second améliore l’agilité en envoyant plus de couple sur la roue extérieure au virage, ce qui aide le nez à pointer à la corde. Ça, c’est la théorie, mais en pratique cela paraît très artificiel. Le mieux est donc de rester sur Standard ou Track et de désactiver L’ESP pour que se révèle enfin l’équilibre naturel du châssis. Une nouvelle fois, ce merveilleux moteur joue ici une part non négligeable grâce à une réponse moteur naturelle et instinctive qui vous permet, en courbe, de jouer facilement avec l’équilibre de l’auto. La GS F est imposante, choisissez donc une route large et dégagée si vous êtes enclin à jouer les hooligans. Ensuite, quelle satisfaction d’ajuster sa dérive au millimètre en combinant vos actions au volant et sur la pédale des gaz.
Dans tous les autres domaines, cette Lexus se montre toujours aussi brillante que surprenante.
Bien qu’esthétiquement peu exubérante, elle paraît aussi musclée que pratique, sa qualité de finition est remarquable, et son habitacle spacieux est bien équipé. En revanche, son appétit pour le Sansplomb peut vite devenir alarmant et sa boîte automatique sembler léthargique par rapport aux meilleures transmissions du segment.
Mais ces petits défauts ne parviennent pas à faire oublier son caractère, son originalité ainsi que son côté sympathique. Elle n’est pas la plus rapide ou la plus avancée technologiquement, mais c’est une auto viscéralement attachante qui offre une heureuse alternative aux reines allemandes du segment.