Gourmand (Vie Pratique)

Notre invité

« Cela fait plus de 20 ans que je mange bio »

- Par Nicole Réal

Denez Prigent

En ce mois de mai, le chanteur breton Denez Prigent fera coup double, d’une part en sortant « Mil hent – Mille chemins », son nouvel album, et d’autre part dans le cadre de la Fête de la Bretagne, en donnant, le 24, un concert gratuit à Paris.

Quels sont vos plats bretons d’enfance ?

Le kig ha farz, une sorte de pot-au-feu avec de la farce à la farine de blé noir et au froment, et un mélange de beurre salé, oignon et échalote. Et le rata sili, un ragoût avec les meilleurs morceaux du congre ; mon grand-père rapportait beaucoup de ce poisson.

Aimez-vous cuisiner ?

Oui, à partir de vieilles recettes traditionn­elles, j’aime bien, quand c’est possible, les personnali­ser en y ajoutant de nouveaux ingrédient­s. Par exemple, avec les crêpes, il est facile d’improviser. Toutes les garnitures que l’on met aujourd’hui dans les crêpes sont des créations récentes, ce qui prouve que la Bretagne reste ouverte sur le monde.

Votre crêpe préférée ?

C’est le farz pitilig, elle est très peu connue du grand public. Une seule crêpe très épaisse, qui contient de la Maïzena et beaucoup de beurre, suffit à vous remplir l’estomac. La grand-mère de mon épouse est bigouden et elle m’a fait goûter le kouign etel, un gâteau traditionn­el très rare.

Pourquoi est-il si rare ?

En Bretagne, les recettes relèvent souvent du secret de famille et se transmette­nt de mère en fille. Actuelleme­nt, il n’y a qu’une dizaine de personnes capables de préparer ce gâteau.

Quel est, pour vous, le plat breton par excellence ?

Le kig ha farz, bien sûr, et j’ai découvert récemment la recette du farz ha tourc’h, un ragoût très original, endémique et ancestral de l’île d’Ouessant. On met, dans un chaudron, mouton, saindoux, carotte, pomme de terre, rutabaga, ail et oignon. Après avoir enfoui le récipient dans le sol, on le recouvre de 30 cm de terre de bruyère et on laisse mijoter pendant plus de 4 heures. Ce plat dégage une saveur unique au monde.

Les soirs de fest-noz, que servez-vous à vos amis ?

Je fais cuire des pommes de terre avec des oignons. Pour les graisser, je fais griller des tranches d’andouille de Guéméné au point qu’elles deviennent presque croustilla­ntes. Je sers le tout accompagné d’une bière bretonne brune, assis autour d’un bon feu de cheminée.

Vous avez fui la ville pour vivre en pleine nature. Cultivez-vous votre potager ?

Avec ma femme, nous avons tenté l’expérience mais il y a tellement de rongeurs que nous avons fini par jeter l’éponge. En revanche, j’ai planté avec succès des arbres fruitiers. Le figuier noir donne de délicieux fruits.

Mangez-vous bio ?

Oui, depuis 20 ans, ma femme m’a converti. À la campagne, chacun cultive ses produits dans son champ. J’aime aussi faire mon marché.

Pourquoi aimez-vous tant la langue, la gastronomi­e et la culture bretonnes ?

J’aime la musicalité de la langue, que j’ai très vite associée au paysage très préservé de cette côte de Léon dont je suis originaire. La terre, la culture, la langue, la gastronomi­e forment une harmonie parfaite. La langue bretonne m’apporte une vision du monde très différente du français.

Astérix et Obélix sont-ils les dignes représenta­nts de la Bretagne ?

Oui, un peu (sourire) ; comme les Bretons, ils ont ce petit côté querelleur et ils aiment la compétitio­n, dans le bon sens du terme.

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