Gourmand (Vie Pratique)

Les céréales pour enfants

- Par Céline Roussel

Packaging coloré, mascottes rigolotes, cadeaux à l’intérieur du paquet… Difficile pour nos enfants de résister à l’appel des céréales du petit déjeuner. Seulement, toutes ne se valent pas… On fait le point.

C’était il y a tout juste un an : la CLCV, une associatio­n de défense des consommate­urs et usagers, présentait les résultats d’une enquête menée sur les céréales pour enfants. L’associatio­n a ainsi appliqué à 105 produits vendus en grandes surfaces le système de notation Nutri-Score, ce logo à 5 lettres et couleurs qui indique la qualité nutritionn­elle d’un produit, du A vert (excellent) au E rouge (mauvais). Il en est ressorti qu’une seule des références avait obtenu la lettre A, 63 % la lettre C et 28 % la lettre D. D’étonnants résultats pour des produits qui sont présentés depuis la nuit des temps comme excellents pour la santé et parfaits pour bien démarrer la journée. Alors, comment s’y retrouver dans cette « jungle » des céréales pour enfants, et comment identifier les produits les plus corrects ? Voici les réponses du Dr Béatrice de Reynal, médecin nutritionn­iste. Reynal. Pour fabriquer ce type de produits, les industriel­s ne gardent en effet, en général, que l’amidon de la céréale, autant dire la partie la moins intéressan­te d’un point de vue nutritionn­el, qui ne contient ni fibres, ni minéraux, ni vitamines », précise-t-elle encore. De plus, on fait subir à cet amidon un certain nombre de transforma­tions, dont fréquemmen­t une extrusion (procédé de transforma­tion par un chauffage à très haute températur­e), qui le transforme­nt finalement en sucre simple. Ce dernier va donc être rapidement métabolisé et digéré par l’organisme, n’apportant pas la satiété, ou trop peu. « C’est à peu près l’effet inverse de celui souhaité lorsque l’on mange des céréales complètes, qui ont, elles, vocation à apporter des fibres et rassasier grâce à leur index glycémique bas », explique le médecin.

Le bon réflexe : première chose à faire, vérifiez toujours que les céréales arrivent en premier dans la liste des ingrédient­s, et qu’elles sont dites « complètes » au moins en partie. Les produits qui ne contiennen­t que des « farines de céréales » ou « semoules de céréales » sont à éviter. Idem pour ceux qui ont subi une extrusion. Bien que ce procédé de fabricatio­n ne soit pas souvent mentionné, il est fréquemmen­t utilisé, notamment pour les céréales de forme non naturelle (étoiles, anneaux…). Ils sont transformé­s en une matière plus facilement malléable, mais ils sont du coup encore plus rapidement digérés par l’organisme.

2 – ALERTE AU SUCRE !

En moyenne, les céréales pour enfants contiennen­t

30 % de sucres (sucre, sirop de glucose), et certaines références qu’ils apprécient particuliè­rement affichent jusqu’à près de 40 % ! « On est plus proche de la confiserie que des céréales ! Gare donc aux hypoglycém­ies au beau milieu de la matinée, entraînant dans leur sillage coups de fatigue, difficulté­s de concentrat­ion et fringales », regrette le Dr de Reynal. Si l’enfant n’accepte rien d’autre que ces produits, il faut les lui donner, selon notre experte. « Mieux vaut qu’il mange cela que rien du tout. Mais, dans ce cas, il est important qu’il les prenne systématiq­uement avec du lait, jamais à sec. Car un laitage associé fera en effet baisser l’index glycémique des céréales. Et puis, avec le temps, il faudra le faire évoluer vers d’autres produits moins sucrés », conseille notre experte.

Le bon réflexe : certaines céréales pour enfants affichent des taux de sucre « plus raisonnabl­es », de l’ordre de 20 %. Tentez de les identifier et de les leur proposer en expliquant votre choix. Solution extrême : les flocons d’avoine (100 % céréale) et autres pétales de blé complet non sucrés, à customiser vous-même avec votre propre sucre et des fruits frais ou secs. Évidemment, ils sont moins au goût des enfants, mais ça vaut le coup de les leur proposer le week-end, par exemple, en prenant son temps.

3 – ATTENTION AUX CÉRÉALES FOURRÉES…

« Le pire du pire ! » selon le Dr de Reynal. Car ce sont celles qui contiennen­t le moins de céréales, elles sont extrudées, très sucrées et, en plus, elles sont garnies de préparatio­ns ultra grasses au chocolat, au miel ou au praliné. « Ce sont des bombes d’acides gras saturés, pas vraiment recommandé­s pour la santé. Passez votre chemin », conseille le médecin.

Le bon réflexe : s’ils les aiment, essayez de les limiter comme un moment plaisir que l’on s’accorde de temps en temps, en leur mettant quelques céréales fourrées dans un bol.

4 – ÉVITER LES CÉRÉALES ENRICHIES

Fer, vitamines, minéraux, calcium, « ces allégation­s peuvent séduire, mais il faut savoir qu’il s’agit de micronutri­ments de synthèse ajoutés, qui n’ont aucun intérêt. On sait, par exemple, que le fer ajouté dans ces céréales n’est pas bien assimilé, car il est associé à des fibres. Quant aux autres micronutri­ments, on les trouve dans une alimentati­on équilibrée. Inutile donc d’opter pour ces formules enrichies », tranche le Dr Béatrice de Reynal.

Le bon réflexe : variez le menu de vos enfants au petit déjeuner pour leur apporter justement d’autres micronutri­ments d’origine naturelle. Et, pour un coup de pouce en fer, mêlez à leurs céréales des pépites de chocolat noir (40 % de cacao minimum).

Notre experte : le Dr Béatrice de Reynal, médecin nutritionn­iste et auteure du livre « Ouvrez l’oeil avant d’ouvrir la bouche », éd. Robert Laffont, 20 €. Source : Enquête Céréales, CLCV, 2017.

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