René Lacaille
« Pour moi, la cuisine est primordiale »
Depuis le 12 octobre et jusqu’au 11 novembre, le festival Villes des musiques du monde nous invite à découvrir les musiques et cultures des îles, parmi lesquelles figure La Réunion. Originaire de cette île, le chanteur René Lacaille participe à cette joyeuse manifestation.
Vous souvenez-vous de la première fois où vous avez goûté à la cuisine de terroir de la métropole française ?
Quand j’y suis arrivé, dans les années 60, et j’ai tout de suite aimé cette cuisine. À l’époque, impossible de trouver ici les ingrédients pour préparer les recettes réunionnaises, j’ai donc commencé par goûter certains plats plutôt en sauce, comme le boeuf bourguignon. J’ai aussi apprécié les rognons et le hachis parmentier.
Quel plat réunionnais s’harmonise le mieux avec votre musique ?
Le massalé. Cette poudre, venue d’Inde, composée de plusieurs épices, est utilisée dans énormément de recettes réunionnaises. On peut l’acheter toute prête ou préparer soi-même son mélange. Lorsque je réside en métropole, ce sont mes amis ou ma famille qui composent le mélange et me l’envoient.
Quelles épices peut-on y mettre ?
On peut y trouver des graines de coriandre, du poivre noir, du cumin, de la cardamome, de la muscade, des clous de girofle, de la cannelle et de la poudre de piment fort. Moi, j’aime bien ajouter du caloupilé. Ces feuilles de curry qui poussent sur l’île de La Réunion donnent un goût spécial. D’ailleurs, prochainement, avant le concert, je dois préparer avec des mamans un massalé cabri.
Musique et cuisine font-elles, pour vous, bon ménage ?
Complètement. Pour moi, la cuisine est primordiale et elle fait partie de la culture. Je ne conçois pas de jouer de la musique sans m’attabler ensuite devant un bon repas.
Vous chantez avec vos enfants. Quel plat aimez-vous leur concocter ?
La queue de boeuf, un plat pas très courant en Europe mais qui est plus apprécié en Afrique ou au Brésil. Même si cette viande demande trois heures de cuisson, j’adore la cuisiner. J’aime bien aussi les zandouillettes réunionnaises, mais elles demandent beaucoup de préparation. Sans en raffoler, j’aime bien aussi le rougail saucisse mais, en général, je préfère des plats moins traditionnels.
La musique vous a permis de voyager à travers le monde. Dans quel pays avezvous le mieux mangé ?
Il y en a deux. J’ai eu la chance d’aller jouer en Chine où, pendant quinze jours, je me suis vraiment régalé. Il y a aussi l’Inde, où la gastronomie est à tomber par terre.
Ces deux pays ont-ils influencé la gastronomie réunionnaise ?
Oui, comme en Inde, nos plats sont très épicés, très relevés et, comme en Chine, le riz est un peu notre pain quotidien.
Quelle est la différence avec la cuisine de votre enfance ?
À l’époque, mes parents et mes grands-parents cultivaient pratiquement tous nos fruits et légumes. Mon père était musicien et l’on vivait grâce au troc. Il jouait et, en échange, les gens lui donnaient des aliments, comme un morceau de viande ou un peu de farine. Aujourd’hui, ce n’est plus possible car on construit à tout bout de champ et on ne trouve plus de terrain pour jardiner.