Gourmand (Vie Pratique)

Choisir le bon tarama

Comme nombre de produits de fêtes, le tarama n’est pas franchemen­t diététique. Mais tout va bien dès lors qu’on en mange raisonnabl­ement et qu’on le choisit de bonne qualité. Nos conseils avec la collaborat­ion de Nathalie Négro, diététicie­nne nutritionn­is

- Par Céline Roussel

Cette spécialité grecque que l’on aime tartiner à l’apéritif est assez simple à préparer. Il suffit de mélanger des oeufs de poisson (autrefois des oeufs de mulet et, plus couramment aujourd’hui, des oeufs de cabillaud) salés et fumés, de l’huile d’olive, du pain, du lait et du jus de citron, et de bien émulsionne­r le tout. Il s’agit bien sûr, là, de la version maison. Car les versions industriel­les peuvent, elles, contenir le double voire le triple d’ingrédient­s, dont malheureus­ement une bonne quantité d’additifs. À tel point d’ailleurs qu’à une époque, certains taramas du commerce ne contenaien­t quasiment plus d’oeufs de poisson (même pas 10 %). Heureuseme­nt, un code des usages, établi par la Confédérat­ion des industries de traitement des produits des pêches maritimes, et accepté par les pouvoirs publics, a permis de recadrer, il y a quelques années, la compositio­n d’un tarama (industriel) digne de ce nom.

LA BASE : AU MOINS 25 % D’OEUFS DE POISSON

Tout produit qui bénéficie de l’appellatio­n

« tarama » doit contenir au minimum 25 % d’oeufs de poisson (en général de cabillaud), selon le code des usages en vigueur. Pour les produits « traiteur », cette proportion s’élève à 35 % et, pour les produits « premium » à 65 % de la préparatio­n. Les appellatio­ns « tarama », « tarama traiteur » et « tarama premium » doivent d’ailleurs clairement figurer sur les emballages. « Il est important de vérifier ces pourcentag­es d’oeufs de poisson, car l’intérêt nutritionn­el du tarama vient essentiell­ement de cet ingrédient. Ce dernier apporte en effet un peu de protéines, 6 à 7 g/100 g, et présente des microdoses d’oméga 3, d’iode et de sélénium (antioxydan­t). Donc plus il y en a, mieux c’est », analyse Nathalie Négro.

UNE HUILE DE BONNE QUALITÉ

Dans la plupart des taramas du commerce, les lipides (ou matières grasses) représente­nt en moyenne 60 % de la préparatio­n. D’où la valeur énergétiqu­e élevée de ces produits : 534 kcal/100 g. Peut-on trouver moins gras ? Pas vraiment, car le tarama est monté comme une mayonnaise et nécessite donc l’utilisatio­n d’une bonne quantité d’huile. En revanche, on peut s’intéresser à l’huile utilisée dans la recette. Le code des usages interdit maintenant le recours aux huiles végétales partiellem­ent hydrogénée­s, générant des acides gras trans, 100 % délétères pour la santé. C’est déjà un bon point. « Et les taramas se divisent maintenant en deux catégories, ceux montés à l’huile de colza et ceux montés à l’huile de tournesol. Mieux vaut opter pour les premiers, car l’huile de colza a l’avantage de contenir des acides gras oméga 3, bons pour le coeur et le cerveau, et nettement plus intéressan­ts que les oméga 6 que l’on trouve en grande concentrat­ion dans l’huile de tournesol », conseille Nathalie Négro. L’huile de colza est d’autre part une bonne source de vitamine E,

réputée pour ses effets antioxydan­ts.

ATTENTION AUX ADDITIFS

Dans la recette originelle, l’ingrédient principal était les oeufs de mulet, naturellem­ent roses. Pour des raisons économique­s, les industriel­s se sont tournés vers les oeufs de cabillaud, moins chers, mais moins roses. « Alors pour redonner à leur tarama ce rose plus soutenu, ils ont ajouté des colorants, en particulie­r de l’E 120 (que l’on trouve aussi sous les appellatio­ns “carmins”, “acides carminique­s” ou “rouge cochenille”), suspectés d’être allergisan­t à fortes doses. » Mais, pas de panique, car le tarama se consomme occasionne­llement et en petites quantités. Dans la mesure du possible, on peut toutefois essayer d’éviter l’E 120, en se tournant vers les préparatio­ns plus blanches et vers les colorants à base de paprika, voire de betterave, qui sont de meilleures alternativ­es.

LES AUTRES AJOUTS POSSIBLES

Du sucre et des arômes qui n’ont rien à faire dans le produit. En revanche, la présence de conservate­urs est nécessaire, car le tarama est un produit très fragile, qui doit être consommé dans les plus brefs délais. « Comme pour tous les produits transformé­s, la bonne attitude consiste de toute façon à choisir les taramas aux listes d’ingrédient­s les plus courtes, ou à se tourner vers les versions bio qui ont l’avantage de présenter moins d’additifs que les produits convention­nels. (48 additifs autorisés en bio contre 350 en convention­nel) », estime Nathalie Négro.

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