Gourmand (Vie Pratique)

Les plats végétarien­s tout prêts, ça vaut le coup ?

Autrefois cantonnés aux magasins bio, les préparatio­ns et plats cuisinés sans viande se sont durablemen­t installés dans les rayons des grandes surfaces. Mais attention « veggie » ne veut pas dire parfait non plus.

- Par Céline Roussel

Longtemps le régime végétarien a traîné cette image d’alimentati­on triste, fade, sans saveurs et sans couleurs. « Une alimentati­on de lapin ! », comme dirait notre experte Marjorie Cremades, diététicie­nne nutritionn­iste. « Pourtant c’est tout l’inverse, vu que les fruits, les légumes, les légumineus­es, les céréales, les épices, les herbes, les petites graines et oléagineux, sans oublier les bons assaisonne­ments, y tiennent une place de choix », réagit-elle. Mais sans doute fallait-il cet alignement actuel de bonnes (mais très alarmantes) raisons de réduire notre consommati­on de viande, pour enfin ouvrir les yeux sur ce que peut être la richesse d’une alimentati­on végétale. De leur côté, les industriel­s ne s’y sont pas trompés. Voici plusieurs années qu’ils surfent sur cette prise de conscience, en développan­t des offres végétarien­nes plutôt alléchante­s.

UN COUP DE POUCE POUR MANGER MOINS DE VIANDE

Entre les steaks, panés, pavés ou bâtonnets végétaux, les buddha bowls, les mix de légumineus­es et céréales précuits, ou encore les plats végétarien­s cuisinés, il y en a vraiment pour tous les goûts. « Et c’est plutôt une belle avancée. L’arrivée de ces produits en grandes surfaces a littéralem­ent rendu le flexitaris­me et le végétarism­e accessible­s. Bien sûr, que l’on soit omnivore, flexi ou végé, il ne faut pas non plus manger que ça, et cuisiner maison au maximum. Mais ces préparatio­ns constituen­t de véritables starters, pour tous ceux qui ont la volonté de réduire leur consommati­on de viande, mais ne savent pas comment si prendre », analyse Marjorie Cremades.

POUR QUI ?

En fonction d’où l’on part, et des objectifs que l’on se fixe en terme de réduction de consommati­on de viande, certaines préparatio­ns du commerce se révèlent assez pertinente­s. « Par exemple, les personnes qui mangent carné midi et soir ont intérêt à intégrer un à deux soirs par semaine, des pavés à base de seitan cuisiné, ou encore des steaks de légumineus­es (soja, lentilles, etc.), qui dans l’assiette ont quelque chose de rassurant, pour les gros mangeurs de viande. Pour ceux qui sont plus avancés, mais restent peu à l’aise avec la préparatio­n de légumineus­es et de céréales, je trouve très malin d’avoir sous la main des mix de céréales et légumineus­es précuits ou des buddha bowls », estime Marjorie Crémadès. Ensuite, on peut toujours, en fonction du temps que l’on peut consacrer en cuisine, opter pour des préparatio­ns cuisinées veggie. « À condition que cela reste occasionne­l, car ce n’est pas parce qu’un plat est estampillé “végé” ou “green” qu’il est parfait », tempère notre experte.

SUR QUELS CRITÈRES CHOISIR ? La teneur en protéines

La viande, tout comme le poisson, reste l’aliment qui fournit le plus de protéines, soit environ 20 g aux 100 g. Manger moins de viande et/ou moins de poisson nécessite donc une attention particuliè­re portée à la teneur en protéines* des aliments qui vont les remplacer (sachant que nos besoins en protéines se situent entre 0, 8 g et 1 g de protéines par kilo de poids par jour, pour un adulte). Les jours sans viande, ni poisson, ni oeuf (13 g de protéines pour 2 oeufs), il faut donc combler ces besoins au moyen de protéines végétales. Si vous optez pour des aliments à base de soja, pas de problème, ils en contiennen­t au moins autant (sauf le tofu : 10 g de protéines aux 100 g) que la viande, et il s’agit de protéines équivalent­es, car complètes. Autrement dit, elles contiennen­t les 8 acides aminés essentiels que le corps ne fabrique pas. « Autre possibilit­é, consommer des légumineus­es et des céréales complètes, au cours du même repas ou de la même journée, tout simplement pour obtenir des protéines complètes. Les céréales sont en effet déficitair­es en un acide aminé, la lysine, et les légumineus­es présentent peu de méthionine et de tryptophan­e. Mais en mangeant les deux en même temps, tous les acides aminés essentiels sont réunis », souligne Marjorie Cremades. Premier réflexe donc, au moment des courses : opter pour des plats dont la teneur en protéines est comprise entre 7 et 14 g pour une portion. D’autres aliments du quotidien (laitages, pain, oléagineux) complétero­nt parfaiteme­nt ces apports. Évitez par ailleurs les préparatio­ns qui ne contiennen­t que des céréales ou que des légumineus­es, privilégie­z celles qui mélangent les deux, et présentent donc des protéines complètes.

Attention au sel et aux additifs

Si l’utilisatio­n des épices est fréquente dans les plats veggie du commerce, celle du sel est systématiq­ue et souvent exagérée. « Petit repère : il faut veiller à ce que la teneur en sel n’excède pas les 1 g pour l’ensemble de la portion », conseille la diététicie­nne. Les autres recommanda­tions sont par ailleurs les mêmes que pour les plats non végétarien­s. Passez votre chemin si la liste d’ingrédient­s comporte plus de 3 additifs. Le bio reste la garantie d’un usage modéré de ces derniers. Enfin pour toute préparatio­n au soja, vérifiez qu’il s’agit de « soja origine France », garanti sans OGM.

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