Gourmand (Vie Pratique)

Zoom sur les labels environnem­entaux

avec Aline Gubri, auteure du « Guide de l’alimentati­on durable – s’engager pour la planète sans se prendre la tête »

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Tous les labels environnem­entaux se valent-ils ?

Non ! Certains ne sont pas sérieux, pour ne pas dire parfois trompeurs… Certains sont par exemple autoattrib­ués et autogérés par la marque elle-même, qui impose des obligation­s bien inférieure­s à ce que sa communicat­ion laisse penser. En réalité, les labels sérieux et qui font réellement la différence d’un point de vue environnem­ental se comptent sur les doigts de la main. Parmi eux, le label Agricultur­e biologique (label public français et européen, attribué par des agences indépendan­tes de contrôle) et d’autres encore plus exigeants, comme Nature & progrès ou Demeter.

Que garantit un produit labellisé bio ?

Difficile de résumer les nombreux critères du label de l’Agricultur­e biologique. En bref, la culture (ou l’élevage) d’un produit certifié biologique est soumise à de nombreuses exigences, destinées à réduire significat­ivement ses impacts sur l’environnem­ent.

Le label interdit par exemple tout usage d’intrants (pesticides, engrais, herbicides…) de synthèse, souvent très dangereux pour l’environnem­ent, mais également pour la santé du consommate­ur. Lorsqu’il s’agit d’élevage d’animaux, leurs conditions sont meilleures qu’en élevage classique. Dans le cas des oeufs bio, les poules disposent par exemple de plus d’espace, d’un accès extérieur adapté à leurs besoins et d’un usage d’antibiotiq­ues réduit au minimum. Leur alimentati­on doit être en majorité (voire

entièremen­t) produite sur place et elle-même certifiée biologique. S’il s’agit d’un produit transformé (soupes, yaourts, biscuits…), la quasi-totalité des ingrédient­s est certifiée biologique et la liste des additifs alimentair­es autorisés est largement réduite (une centaine autorisée, contre près de 500 pour les produits convention­nels).

Qu’aimeriez-vous dire à ceux qui ne croient pas au bio ?

La réticence face au label biologique s’explique notamment par ses limites, qui sont réelles. Difficile, par exemple, d’éviter entièremen­t les contaminat­ions d’un champ à l’autre. Pour autant, en moyenne, un produit certifié biologique aura largement moins d’impact qu’un produit issu de l’agricultur­e convention­nelle.

Il est souvent tentant de tirer un trait sur une solution parce qu’elle n’est pas parfaite. En réalité, aujourd’hui, il n’existe pas de solution parfaite pour nous nourrir. Il convient donc de choisir la plus efficace. Par ailleurs, le label biologique, comme beaucoup de labels, est relativeme­nt incomplet : il ne prend pas en compte la quantité d’emballage du produit fini ni sa provenance. On peut ainsi trouver, en supermarch­és principale­ment, des citrons sous plastique provenant de Chine. Les magasins bio sont généraleme­nt plus éthiques, s’imposant à eux-mêmes des exigences supplément­aires dans le choix de leurs produits. C’est le cas de la coopérativ­e Biocoop. N’oublions pas que, malgré ses limites, ce label indépendan­t permet de développer massivemen­t en France et dans le monde des pratiques agricoles largement plus durables et moins dangereuse­s pour le consommate­ur lui-même.

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