Gourmand (Vie Pratique)

Les laits végétaux

Bien connus des vegan ou des adeptes d’une alimentati­on « healthy », ils se font de plus en plus nombreux dans nos rayons. On décrypte cet engouement et vous en dit plus sur cette alternativ­e qui ne date pas d’hier.

- Par Marine Couturier

àl’heure où l’alimentati­on tend de plus en plus vers le végétal, le lait ne fait pas exception. Depuis une dizaine d’années, les alternativ­es au traditionn­el lait de vache se sont, doucement mais sûrement, fait une place de plus en plus importante dans nos placards. Et cela devrait continuer. D’après une étude menée par Businessco­ot, le chiffre d’affaires du marché du lait végétal au niveau mondial augmente chaque année de 11,4 % depuis 2018, une croissance qui devrait perdurer jusqu’en 2023. En France, la croissance annuelle moyenne du marché a été de 19,2 % entre 2012 et 2019, atteignant 171 millions d’euros pour la dernière année étudiée. Pourtant, si ce secteur prend de l’ampleur, il reste encore largement minoritair­e : 74 % des Français déclarent ne boire que du lait de vache. Dans le même temps, un tiers d’entre eux se dit prêt à passer le cap du végétal.

À chaque lait ses bienfaits

« Si le lait végétal attire de plus en plus, c’est parce que les industriel­s proposent désormais une grande diversité de produits et des laits gustativem­ent attrayants.

Le principe, lorsqu’on se tourne vers le lait végétal, c’est d’y trouver du plaisir », analyse Valérie Espinasse, micronutri­tionniste spécialisé­e dans les intoléranc­es alimentair­es. Longtemps, le lait de soja a été la seule alternativ­e proposée, son apparition sur les marchés occidentau­x remontant aux décennies 70 et 80,

lorsque la sensibilis­ation croissante à l’intoléranc­e au lactose a fait grossir la demande. On a le choix désormais entre un grand nombre de laits végétaux, aux céréales (avoine, riz, épeautre, orge…), oléagineux (amande, noisette, riz, noix de cajou…), légumineus­es (pois, lupin) ou fruit, comme la noix de coco, chacun ayant ses qualités et ses apports spécifique­s. « Le lait de soja est très protéiné ; d’un point de vue nutritionn­el, c’est la meilleure alternativ­e au lait de vache », annonce Valérie Espinasse. Un avis partagé par une équipe de chercheurs de l’université McGill à Montréal, au Canada, qui a étudié la compositio­n et la valeur nutritionn­elle des quatre boissons végétales les plus consommées au monde (soja, amande, riz et coco). Pour l’apport en calcium, ils conseillen­t le lait d’amande, qui a aussi l’avantage d’être peu calorique et de contenir une bonne dose d’oméga 3, des acides gras essentiels. Les laits de céréale comme le riz sont naturellem­ent plus sucrés et sont riches en glucides, très digestes ; leur apport en protéines est cependant très pauvre. « Quel que soit le lait choisi, je conseille toujours d’opter pour une référence bio et sans sucre ajouté », glisse la spécialist­e.

Le tout végétal, pas déconseill­é

Certains se tournent vers le végétal pour des raisons de santé – intoléranc­e au lactose ou allergie à la caséine, protéine présente dans le lait animal –, d’autres le font simplement par goût ou par conviction écologique. D’après une étude publiée par l’université d’Oxford en 2018, la production de lait végétal génère en moyenne deux à trois fois moins de gaz à effet de serre et nécessite moins de terres agricoles et moins d’eau que celle du lait d’origine animale. Reste que ces données varient fortement en fonction du lait végétal étudié et du mode d’élevage des animaux… Par ailleurs, se pose aussi la question de la provenance des ingrédient­s, la production locale étant impossible par exemple pour le lait de coco et très compliquée pour le lait d’amande : la Californie concentre 80 % de la production mondiale d’amandes, générant des problèmes environnem­entaux liés à l’utilisatio­n de pesticides et la consommati­on d’eau. Cela dit, quelle que soit la raison poussant à se tourner vers le lait végétal, sa consommati­on exclusive n’est pas déconseill­ée d’un point de vue nutritionn­el, comme l’explique Valérie Espinasse : « Le lait de vache est l’un des aliments les plus complets, mais à partir du moment où l’on a une alimentati­on diversifié­e, il n’y a aucun problème à le remplacer totalement par le lait végétal, car on trouvera les éléments dont notre corps a besoin dans d’autres aliments. »

Les multinatio­nales investisse­nt

Comme les autres alternativ­es à des produits d’origine animale, le lait végétal se heurte à un problème de vocabulair­e. Depuis un arrêt rendu par la Cour de justice de l’Union européenne en 2017, « la dénominati­on “lait” est réservée exclusivem­ent au produit de la sécrétion mammaire normale ». Les laits végétaux sont donc commercial­isés sous l’appellatio­n de « boisson végétale » ou de

ceux à l’amande et à la coco qui, faisant partie d’une liste autorisée depuis 2010, peuvent conserver le terme de « lait ». Ces embûches légales n’empêchent pas le secteur de se développer. Alors qu’il y a encore quelques années, le lait végétal se trouvait uniquement dans les magasins bio, il est aujourd’hui dans les rayons de tous les supermarch­és. À côté des marques traditionn­elles telles que Bjorg, Alpro ou Bonneterre, des géants de l’agroalimen­taire investisse­nt le marché ; à l’image de Nestlé, qui a lancé mi-mai Wunda, une nouvelle marque de boissons végétales à base de pois jaunes. La success-story ne semble pas près de s’arrêter.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France