Gourmand (Vie Pratique)

La minute nutrition

Le cheat meal, ou repas de triche, consiste à s’autoriser un repas plaisir, voire très excessif, à un moment donné de la semaine, pour mieux tenir son régime. Peut-on en attendre des résultats ? Réponses mitigées de notre expert, Charles Brumauld.

- Par Céline Roussel

D’OÙ VIENT CETTE MODE DU CHEAT MEAL ?

Du monde de la musculatio­n et du culturisme. C’est une pratique qui est apparue dans les années 2000, et qui est censée permettre aux pratiquant­s de relancer leur métabolism­e et de booster la croissance musculaire. Elle permettrai­t aussi de stimuler la sécrétion de leptine, l’hormone de la satiété. Mais le cheat meal est surtout un appui psychologi­que. Ce « repas de triche » est en effet une carotte qui aide à avancer et à tenir sa diète. Les pratiquant­s l’utilisent aussi pour pouvoir, de temps en temps, partager un moment de conviviali­té avec leurs proches, sans être obligés de compter leurs calories.

INTÉRESSAN­TE POUR TOUT LE MONDE ?

Beaucoup de personnes l’ont découverte via les réseaux sociaux, et l’ont adoptée. Quelque part, pourquoi pas, si elle permet de mieux tenir ses objectifs. Difficile en revanche d’affirmer qu’elle mène à des résultats, et puis, personnell­ement, je n’aime pas trop l’idée de triche avec soimême ou avec les aliments.

QU’ENTENDEZ-VOUS PAR LÀ ?

Je trouve que cela instaure pas mal d’ambiguïtés dans le rapport que l’on a à la nourriture. On s’impose des restrictio­ns, et on organise, planifie leur perte de contrôle à un moment donné. Mais on n’a pas vraiment à faire ça. Selon moi, se faire plaisir fait partie intégrante de l’équilibre alimentair­e.

On peut aussi accueillir nos envies, les assumer plutôt que de les considérer comme une « triche ». D’autant plus que le corps saura se réguler derrière.

CE REPAS NE PEUT-IL PAS DEVENIR PAR AILLEURS UNE OBSESSION ?

Il peut en effet miner l’imaginaire. Tant qu’on ne l’a pas fait, d’une certaine façon, on ne pense qu’à ça et cela va à l’encontre du rapport apaisé que l’on peut se souhaiter par rapport à la nourriture. Et l’on reste dans un cercle tout sauf vertueux : je me contrôle, je me lâche, je m’en veux de me lâcher, je recontrôle. Cela peut flirter avec l’alimentati­on perturbée et/ou engendrer des troubles alimentair­es, chez des personnes fragiles.

PLUTÔT QU’UN CHEAT MEAL POUR SE DONNER DU COURAGE, QUE PRÉCONISEZ-VOUS, ALORS ?

De s’autoriser l’aliment dont on a envie, au moment où l’on en a envie, plutôt que de manger pour manger, d’être dans l’excès sans forcément de plaisir, juste parce que « la triche » est programmée. Et pour celles et ceux qui comptent, finalement, la balance calorique s’équilibrer­a probableme­nt mieux qu’un cheat meal, les pensées et les émotions désagréabl­es en moins !

 ??  ?? CHARLES BRUMAULD, diététicie­n et psychonutr­itionniste, créateur du podcast « Dans la poire ! », le podcast pour mieux manger.
Retrouvez-le sur Facebook ou sur Instagram : @CharlesBru­mauld
CHARLES BRUMAULD, diététicie­n et psychonutr­itionniste, créateur du podcast « Dans la poire ! », le podcast pour mieux manger. Retrouvez-le sur Facebook ou sur Instagram : @CharlesBru­mauld

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