La Revue du Vin de France

Capet-Guillier : la conversion d’un château à Saint-Émilion

Rénovation du château, replantati­ons, préservati­on de la faune, conversion bio, tests en biodynamie… La RVF suit ici, mois après mois, les chantiers lancés par ce Grand cru qui change de philosophi­e et d’époque.

- Baptiste Charbonnel

ULucie Lauilhé et Christophe Grenier : engagés dans la renaissanc­e de ce Grand cru. n simple stage peut suffire pour laisser une empreinte durable. Et même donner son prénom à une vigne. « Nous venons de baptiser notre parcelle destinée à la permacultu­re “Louise”, pour saluer l’excellent travail de notre stagiaire, Louise Nicourt ». Ainsi s’enthousias­me Lucie Lauilhé, directrice technique du château Capet-Guillier, qui ne regrette pas d’avoir confié à la jeune femme les recherches documentai­res de ce projet permacole.

LA PLANTATION DE 1 675 PIEDS DE VIGNE

Choix des cépages, mais aussi des plantes aromatique­s qui repoussero­nt les ravageurs, des alliacés (ail, échalote…) qui aideront la vigne à fixer l’azote, sélection de nichoirs pour accueillir les chauvessou­ris, recherche sur les nématodes, ces vers indispensa­bles à la vie du sol… Durant neuf mois, l’étudiante de Montpellie­r SupAgro s’est investie à fond pour proposer un écosystème harmonieux, favorable à la biodiversi­té. La mise en pratique débutera au printemps, avec la plantation de 1 675 pieds de vigne.

À la tête des propriétés bordelaise­s du géant Advini, dont Capet-Guillier, JeanPierre Durand est heureux de mener ce genre d’expérience. « À notre échelle, nous parvenons à recréer un esprit de famille tout en laissant la place aux initiative­s. Lorsque j’ai présenté en réunion de direction l’idée de planter des oignons dans les vignes, on a un peu ri, mais au final on va le faire. »

Cette parcelle en permacultu­re est l’une des nombreuses transforma­tions entreprise­s au château depuis son rachat par Advini en 2009.

Le vignoble est réorganisé en deux parties, dédiées chacune à une cuvée. Sur la plaine sableuse naît La Tour Capet et sur le coteau argileux le grand vin, Capet-Guillier. Les 15 hectares de l’ensemble sont largement restructur­és. « Dans les sables, il y avait du cabernet-sauvignon qui avait du mal à arriver à maturité. À la place, nous avons planté du malbec. Quand il en bave, il peut être très qualitatif », relate Christophe Grenier, qui veille sur les vignes et le vin du château depuis 2011.

Le domaine entame sa conversion bio auprès d’Écocert en 2020 et prévoit d’essayer des préparatio­ns biodynamiq­ues. En commençant par une décoction de prêle avant Pâques, en prévention contre le mildiou. « Nous cherchons le moyen de pratiquer une viticultur­e saine et équilibrée, qui rende la vigne de moins en moins sensible aux maladies », explique Lucie Lauilhé.

INTÉGRER LE FUTUR CLASSEMENT

Quant aux bâtiments, ils ont eux aussi été rénovés. Les travaux du château sont en cours d’achèvement. Le chai à barriques est tout neuf. Tout comme le chai de vinificati­on, qui permet depuis 2017 un travail parcellair­e très précis. D’ici quelques semaines, le public pourra venir découvrir sur place le résultat.

Autant d’efforts pour limiter l’impact environnem­ental du domaine, faire progresser ses vins et lui donner une chance d’intégrer le prochain classement de Saint-Émilion, prévu en 2022. Si le château s’y fait une place, nul doute que Louise sera invitée aux célébratio­ns.

Prochains rendez-vous en mai sur larvf.com et dans le numéro de juin de La RVF.

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