Les crus du Beaujolais se rêvent en Premiers
“Perdu” dans les arcanes de l’Inao en 1982, le dossier des lieux-dits des crus du Beaujolais est exhumé par un vignoble en quête de reconnaissance.
Surprise ! En Beaujolais, près d’une cuvée sur quatre est déclarée sous un nom de lieu-dit : La Madone à Fleurie, Les Capitans à Juliénas, Les Rochegrès à Moulin-à-Vent… C’est ce qu’a constaté l’Organisme de gestion (ODG) des crus du Beaujolais en épluchant les déclarations de récolte. Toutefois si ces vins sont reliés à des parcelles précises par leurs producteurs, cette réalité échappe trop souvent aux amateurs. « Il y a un décalage entre la déclaration de récolte et l’étiquetage. Très souvent, trop souvent, les vignerons ne mentionnent pas les lieux-dits sur leurs bouteilles », regrette Nathalie Chuzeville, directrice de l’ODG.
UNE NÉCESSITÉ POUR LE BEAUJOLAIS
Dommage ! Les têtes pensantes du vignoble l’ont compris : c’est la mise en avant de ces terroirs qui peut permettre aux vins de tout le Beaujolais de monter en gamme. Une nécessité pour la région. « L’offre des crus est concentrée autour de 10 euros. Et comme ils représentent le haut de la pyramide, il est difficile pour les beaujolais et beaujolais-villages de progresser à leur niveau de prix », reconnaît Nathalie Chuzeville.
Depuis 2019, l’ODG des dix crus du Beaujolais s’est donc mis au travail. « Nous avons ausculté chaque AOP : l’historique, les ventes, les stocks, les replis, la motivation collective… Il faut adapter le projet à chaque cas », précise la directrice de l’ODG. Une dégustation mensuelle est organisée avec l’objectif de caractériser un lieu-dit en particulier. Des apports sur la géologie, la toponymie, l’exposition permettent aux vignerons de se réapproprier leurs parcellaires.
BIENTÔT DES PREMIERS CRUS ?
L’effet d’entraînement joue à plein. « À la première dégustation, à Brouilly, nous n’étions que neuf, intervenants compris. À la dernière, on ne se comptait plus », se réjouit Nathalie Chuzeville. Peu d’aspects sont laissés de côté ; un travail photographique sur le triptyque sol/paysage/patrimoine est en cours. Tout comme la mise en place d’une cartographie enrichira les outils à la disposition des producteurs.
L’idée, à terme, est de faire émerger des candidats au rang de Premier cru. Des contacts ont été pris avec les voisins de Pouilly-Fuissé, fraîchement récompensés par l’accession de 22 climats dans cette catégorie. Quelques judicieux conseils ne seront pas de trop avant de s’engager dans cette aventure de longue haleine…