La Revue du Vin de France

Deux crus qui s’affirment en cinq millésimes

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Millésime 2014

CHÂTEAU BEAU-SÉJOUR BÉCOT Son parfum légèrement crémeux semble patiné par une prise de bois qui atténue l’éclat de son fruit tout en préservant le tempéramen­t solaire de son terroir. Doux à l’attaque, il offre une finale qui fait ressortir la puissance des calcaires par son allonge, même si l’on reste davantage dans la pulpe du fruit que dans l’énergie du minéral.

CHÂTEAU JEAN FAURE

Au nez, il donne un sentiment de verticalit­é car son fruit se montre vif. Plus pointu et ciselé que Beau-Séjour Bécot, il paraît aussi plus septentrio­nal tant dans ses parfums que dans l’éclat de son fruit. Par effet de contraste, la bouche, dense, surprend par son amabilité et ses tanins fins qui laissent augurer une belle garde.

Millésime 2015

CHÂTEAU BEAU-SÉJOUR BÉCOT Son fruit d’une belle maturité semble mieux intégrer son élevage sous bois. Il possède du gras, de l’allonge, une pointe d’amertume. On a la sensation d’une barre calcaire en finale, tandis que la perception de son sol chaud ressurgit à travers son fruit solaire. Un vin dont les différents éléments ne sont pas encore liés à ce stade. Laissons-le grandir.

CHÂTEAU JEAN FAURE

Le nez balance entre les notes de violette, de graphite et de framboise. Malgré la maturité du millésime, son fruit reste vif et pointu. Plus charnu que 2014 tout en restant fin, c’est une véritable main de fer dans un gant de velours. À l’inverse de BeauSéjour Bécot, il semble lié sur toute la longueur de bouche par un fruit très pur et une matière dense.

Millésime 2016

CHÂTEAU BEAU-SÉJOUR BÉCOT Son fruit a gagné en éclat et en épure, tandis que sa fraîcheur évoque la forêt des Landes. Sans perdre en profondeur, il paraît plus élancé avec un fruit déjà fort appétant. Ici, le calcaire lui confère une stimulante fraîcheur. Un vin équilibré, droit et plein en bouche.

CHÂTEAU JEAN FAURE

Un mélange subtil entre fruit, rose et thym parfume le nez. En bouche, ce 2016 évoque sans la moindre chaleur la cerise à l’eau-de-vie, étayée par des tanins denses et mûrs. Par son élégance et sa fraîcheur, ce cru nous révèle la singularit­é de ce terroir majeur de Saint-Émilion.

Millésime 2017

CHÂTEAU BEAU-SÉJOUR BÉCOT Ce secteur chaud n’a subi aucun dégât lié au gel. À l’inverse, il y a un changement de cap dans le style. Les merlots ont été vendangés plus tôt et vinifiés partiellem­ent en grappes entières. Son parfum floral précède un fruit tendu, sans dureté en bouche. D’un équilibre souverain, il a gagné en précision, en pureté, en fraîcheur de fruit. Ses tanins sont bien plus élégants.

CHÂTEAU JEAN FAURE

Le gel du 20 avril a fait perdre 95 % de la récolte, d’où un vin composé à 97 % de cabernet franc. Son nez très frais s’impose par une touche de végétal noble à l’accent ligérien. Il précède une bouche dense et pleine. Un vin serré, tout en allonge, qui affirme avec justesse l’épanouisse­ment du cabernet franc dans ce secteur de Saint-Émilion.

Millésime 2018

CHÂTEAU BEAU-SÉJOUR BÉCOT La part d’élevage sous bois neuf est passée de 75 % en 2014 à 57 % pour ce millésime. Une partie du vin est également élevée en amphores pour figer le fruit. Derrière une touche florale, il reste une petite note beurrée. Dans ce millésime chaud, les tanins sont d’un magnifique soyeux. Son fruit reste gracieux à souhait.

CHÂTEAU JEAN FAURE Premier millésime vinifié sans soufre, Jean Faure trouve son équilibre entre une fraîcheur presque innée et la maturité de 2018. Sans perdre en verticalit­é, il a gagné en largeur et en soyeux avec des tanins très souples. Millésime après millésime, ce cru a pris du galon. Fin et déjà fort plaisant à boire, il nous surprendra par son potentiel de garde.

Conditions de la dégustatio­n

Les vins ont été dégustés au château Jean Faure par Roberto Petronio pour La Revue du vin de France, Marie-Laure Latorre pour le château Jean Faure et Julien Barthe pour le château Beau-Séjour Bécot.

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