Les fantassins de la nouvelle garde de l’Anjou Noir
’Anjou semble la terre de tous les possibles pour les jeunes qui veulent se lancer. Le prix abordable du foncier (de 15 à 20 000 € l’hectare) permet d’acquérir quelques hectares et une cave modeste. Quelle est la vision esthétique des vignerons installés depuis moins de dix ans ? Deux écoles stylistiques se distinguent. La majorité affirme son attachement à la tendance “nature” : ils revendiquent une utilisation faible, voire nulle, des intrants oenologiques comme les sulfites, et classent leur production en Vin de France. Ces prises de risques peuvent s’avérer intéressantes pour explorer des expressions alternatives du chenin, mais ces vins qui séduisent des palais excentriques manquent nettement de précision. Parmi les réussites, retenons Olivier Lejeune, Julien Delrieu et Bertin-Delatte. De l’autre côté, une poignée de vignerons, tel Cédric Bourrez (Clos Galerne), proposent une approche plus bien plus cadrée des vinifications. Si la maîtrise technique est là, une sensibilité supplémentaire permettra de débrider le style et d’offrir plus de vitalité aux vins. 96+/100
DOMAINE ANDRÉE
Anjou Les Faraunières 2016
À pas feutrés, Stéphane Erissé prouve depuis plusieurs millésimes que le chenin sur les argiles houillères peut atteindre un niveau exceptionnel de retenue dentelée et de minéralité éclatante, sans perdre de son caractère. L’élevage au cordeau magnifie la salinité effilée d’une superbe matière première, libre et précise. Ce beau vin complet commence à se dévoiler.
39 € // Bouteilles/an : 2 000
92+/100
BERTIN-DELATTE
Vin de France Vingt-Neuf 2018 Une remarquable réussite de maîtrise, fraîcheur et élégance dans un millésime chaleureux. Cette cuvée de vignes plantées en 1929 s’impose en toute discrétion depuis plusieurs millésimes comme une vraie belle expression du chenin sur les schistes pourpres rive droite de Rablay-sur-Layon. Son indéniable potentiel de garde en fait une référence de la région.
26 € // Bouteilles/an : 2 000
92/100
DOMINIQUE DUFOUR Vin de France Aussigouins 2017 Admirable microcuvée d’un ingénieur retraité devenu vigneron pour
TThomas Batardière : des vins sincères et pleins de vitalité.
homas Batardière s’est « égaré » en sommellerie avant de trouver sa voie de vigneron au château Yvonne, à Saumur, où le talentueux Mathieu Vallée lui transmet le métier. Après trois ans de collaboration, le jeune Batardière veut prendre son envol. Le tuffeau du Saumurois l’enchante. Mais les schistes d’Anjou sont bien plus abordables pour se lancer dans l’aventure. En 2012, c’est le grand saut sur quatre hectares à Rablay-sur-Layon, et la conversion à la biodynamie débute. « Je ne cherche pas à donner un style à mes vins, mais plutôt à m’effacer le plus possible dans la vinification au profit de l’expression du terroir », confie ce vigneron volubile, dont les cuvées enchantent par leur sincérité et leur vitalité. A. G.