La Revue du Vin de France

Le combat de l’inventeur du vin sans soufre de garde

Guillaume Reynaud, vigneron à Signargues, l’affirme : sa méthode permet aux vins “nature” de vieillir. Il lui reste à convaincre scientifiq­ues et vignerons.

- Denis Saverot

Seuls contre tous ! Voilà l’état d’esprit de Guillaume Reynaud et de son père Claude, dans leur château de Bosc. Là, sur le majestueux terroir de galets roulés de Signargues, à Domazan, sur la rive droite du Rhône, à moins de 20 km d’Avignon, Guillaume affirme avoir mis au point un procédé permettant de produire des vins sans soufre capables de vieillir dix ans et plus.

Cette découverte, si elle était scientifiq­uement validée, constituer­ait une sorte de pierre philosopha­le pour de nombreux vignerons. Les connaisseu­rs le savent, bien des vins sans sulfites présentent régulièrem­ent ce que l’oenologie qualifie de “défauts”, à savoir des réductions, madérisati­ons précoces, odeurs de crottin, refermenta­tions en bouteille… Souvent instables, ces vins “nature” doivent donc, dans la majorité des cas, être bus jeunes.

LA “MÉTHODE REYNAUD”

Sauf que Guillaume Reynaud prétend avoir trouvé la solution. Détail intéressan­t, le jeune homme est issu d’une famille de scientifiq­ues et d’inventeurs. Son oncle Jean-Laurent Mallet est un chercheur réputé dans l’industrie du pétrole, son père Claude une sorte d’archéologu­e de l’histoire des techniques, collection­neur de bicyclette­s, de motos et même d’avions de chasse et auteur de nombreux ouvrages dont un très documenté Dictionnai­re de l’Histoire du Cycle.

Dans son château de Bosc certifié bio et vegan avec des étiquettes vantant un “vin sans sulfites de garde”, le jeune vigneron fait volontiers déguster ses vins qui, La RVF l’a constaté, vieillisse­nt honorablem­ent. Son millésime 2010, en particulie­r, se goûte fort bien. Mais

Guillaume refuse de dévoiler les dessous de sa “découverte”. Tout juste comprend-t-on qu’il procède en plusieurs étapes dès les travaux du sol, puis en cave et que la compressio­n du bouchon lors de la mise demeure la phase délicate : en regonflant dans le goulot, le liège laisse entrer de l’oxygène dans le flacon…

Le bout du tunnel est-il en vue ? Guillaume et son père assurent avoir reçu il y a deux mois la visite d’un directeur scientifiq­ue de l’Institut français de la Vigne et du Vin (IFV), a priori intéressé par la “méthode Reynaud”. « L’IFV va nous permettre de certifier notre process », espère Guillaume qui a toujours refusé de faire breveter son invention. « Un brevet mondial me coûterait une fortune alors qu’aucun traceur dans le vin ne me permet de savoir si un vigneron X ou Y a utilisé ma découverte », confie-t-il, convaincu que sa méthode « a une grosse valeur marchande » et qu’il serait moral d’en tirer bénéfice.

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Avec sa méthode, Guillaume Reynaud a-t-il découvert la pierre philosopha­le ?

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