Primeurs de Bordeaux : le séisme Covid-19
tier François Lévêque, conscient de la nécessité de maintenir ces primeurs au moins durant le premier semestre, et ce malgré le Covid-19.
Mais fin mars, alors que les chaînes d’information en continu diffusent chaque soir le nombre croissant de victimes, certains importateurs anglais annoncent qu’ils ne participeront pas à la campagne des primeurs. Pour eux, le contexte ne s’y prête plus. Les défections se multiplient ; des scénarios s’échafaudent. Faut-il envoyer des échantillons aux quatre coins du monde ? Faut-il repousser les primeurs à l’été, en septembre, voire début 2021 ? Personne n’arrive à se projeter. Le flou persiste.
Passé cette période de flottement, les stratégies se dessinent. Frédéric Castéja, à la tête de la maison de négoce Borie-Manoux, tient quand même à faire goûter le nouveau millésime. « Dès la fin mars, on a commencé à réfléchir aux moyens à mettre en place pour faire déguster les vins à nos importateurs », relate le négociant qui, pendant un mois, va prendre son bâton de pèlerin pour convaincre les crus classés et les importateurs du bien-fondé de son projet. « On a décidé d’organiser des séances de dégustation via Zoom, poursuit celui qui sera le seul à opter pour un tel dispositif dès le début du mois de mai. Une soixantaine d’importateurs ont validé le concept, mais il fallait envoyer à chacun 70 échantillons de crus classés et de seconds vins, ce qui fait plus de 4 000 demi-bouteilles. »
Dès lors, la logistique se met rapidement en place. Le lundi, les échantillons sont récupérés dans les propriétés, le mardi des lots de 70 échantillons sont préparés pour chaque importateur et le soir même, les colis sont expédiés via UPS en Chine, en Australie, en Afrique du Sud, aux États-Unis, en Angleterre ou encore en Allemagne. « Au plus tard le vendredi, tous les clients étaient livrés. Ensuite, ils devaient mettre les échantillons au frais en vue d’être dégustés le lundi suivant. C’est ainsi que nous avons commencé les premières dégustations virtuelles. Chaque propriétaire avait dix minutes pour présenter son vin », raconte Frédéric Castéja. Le succès est tel que cette année, le négociant prévoit d’envoyer 10 000 échantillons à travers le monde.
DES PRIX EN FORTE BAISSE
« Avec le confinement, nous n’avions plus de visibilité et nous ne pouvions pas nous faire une idée précise du millésime, afin de conseiller les négociants et les propriétaires dans leur stratégie de mise en marché »,
« On a décidé d’organiser des séances de dégustation via Zoom » Frédéric Casteja