Oui mais près de Pont-de-l’Isère, se sont affirmés deux grands, Laurent Combier et Alain Graillot. On peut donc faire bon là-bas, non ?
Alain Graillot a marqué les esprits, c’est évident. Son choix décisif de la vendange entière a compté. Il est à Pont-de-l’Isère, c’est vrai, mais sa vendange entière apporte un floral à ses vins, une densité tannique remarquable. Chez lui, il peut y avoir du démonstratif dans les arômes avec des syrahs pivoine, rose, poivre de Sichuan mais il y a cette trame tannique plus solide. Ses vins réclament un peu plus de temps. Je me régale, même si je trouve le style des enfants légèrement différent du papa. Antoine et Maxime sont respectueux du travail de leur père, mais j’aimais la précision qu’apportait Alain, je ne la retrouve pas toujours dans les vins de ses fils.
Laurent Combier, lui, affiche un autre profil. Combier, c’est la lecture la plus fine de ce terroir d’éboulis du plateau des Chassis, dans ses meilleurs côtés. Les vins sont tout en concentration et sphériques à la fois, soyeux, pulpeux au niveau des tanins. Quelle matière gracieuse ! Son Clos des Grives est sans doute la cuvée emblématique sur ce type de terroir, capable d’atteindre une dimension exceptionnelle. Il y a un savoirfaire particulier chez Laurent Combier. Sa cuvée domaine est sortie première de ma dégustation de vins sous la barre des 18 euros (à paraître en juin, ndlr). C’est un remarquable rapport qualité/prix.
À propos de Crozes-Hermitage, je voudrais ajouter ceci : au vieillissement, pour moi, la leçon vient de Marc Sorrel. En termes de densité et de volume de bouche, son vin n’a rien à envier à certains hermitages. Je veux aussi saluer le travail du domaine Belle, des crozes de caractère, avec des tanins un peu plus fermes et carrés. dans la Vallée du Rhône ne transmet ça. Dans les deux couleurs, Hermitage donne des vins à très haute capacité de vieillissement, d’une séduction incroyable. Ils ont l’optimum côté terroir.
« Avec l’âge, le crozes de Marc Sorrel n’a rien à envier à certains hermitages »