La Revue du Vin de France

Baux de Provence : une AOP bientôt 100 % bio

Ils y sont arrivés ! Avec la certificat­ion du Mas Sainte Berthe, longtemps réfractair­e, les onze domaines de l’AOP seront bientôt tous bio.

- Yves Thetiot

Droit devant, on aperçoit le château des Baux. Une place forte longtemps réputée imprenable. C’était aussi l’image renvoyée par le Mas Sainte Berthe, longtemps réfractair­e à la certificat­ion bio malgré les appels du pied répétés des dix autres domaines de l’AOP, tous en bio depuis longtemps.

« Nous étions le dernier des Mohicans »,

sourit Olivier Rolland, nouveau patron du domaine familial après avoir passé trente ans dans l’informatiq­ue bancaire. Une résistance révolue avec une conversion bio entamée en 2020 pour un millésime certifié en 2023. « Attention, il s’agit plus d’une évolution que d’une révolution », tient à préciser le gérant, puisque le domaine était mené en culture raisonnée. « Le désherbage chimique avait été abandonné il y a dix ans. 90 % du chemin était parcouru ». Alors, pourquoi avoir refusé la certificat­ion si près du but ? « L’exdirecteu­r technique avait une appréciati­on du risque trop élevée pour passer en bio. »

Des appréhensi­ons qu’Olivier Rolland n’a pas : « La Provence est une région favorable à la culture en bio, pourquoi s’en priver ? ». Il y a un an et demi, le domaine a donc profité du départ du directeur technique, en poste depuis trente-sept ans, pour recruter son nouveau régisseur Eduardo Pincheira, débauché chez Romanin, un domaine voisin certifié en bio et biodynamie. La conversion a pu alors démarrer. « L’attelage du futur était formé », s’amuse le gérant qui a le sens de la formule.

VETO DE L’INAO

Les éventuels nouveaux arrivants auront-ils l’obligation d’être certifiés bio pour produire un AOP Les Baux-deProvence ? Olivier Rolland n’y est pas favorable : « C’est un frein à l’entrée de nouveaux domaines ». Caroline Missoffe, présidente du Syndicat des vignerons des Baux, a un avis plus mitigé mais se souvient qu’en « 1995, nous avions voulu mettre l’obligation bio dans le cahier des charges, l’Inao a refusé ». En effet, on ne peut pas intégrer dans le cahier des charges d’une AOP un autre cahier des charges (le bio) susceptibl­e d’évoluer hors de son contrôle.

Par défaut, le Syndicat des Baux pourrait demander une simple évolution des règles de l’AOP. À l’image de l’AOP Patrimonio qui, dès 2022, devrait imposer à ses vignerons l’interdicti­on du désherbage chimique. « Une façon d’amener plus de domaines vers le bio », argumente Mathieu Massimi, président du Syndicat de Patrimonio.

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