La Revue du Vin de France

Sud-Ouest D’Irouléguy à Marcillac, un monde de diversité

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Des jeunes qui débutent, des vignerons d’avenir et des cuvées originales de vignerons reconnus : voici un medley de ce qui nous a plu tout au long de l’année dans le Sud-Ouest. Il faut profiter de la générosité des vins de cette vaste région, induite par un climat qui, de l’océanique au montagneux en passant par le méridional, favorise une diversité de cuvées dans laquelle on peut certes se perdre, mais surtout trouver des vignerons de grand talent.•Karine Valentin

95/100 CAMIN LARREDYA

•Vin de France L’Iranja 2018

Deux années d’élevage en demi-muids ont fait le plus grand bien à l’orange de JeanMarc Grussaute. Le vin a pris une personnali­té qui pourrait dérouter. Le nez s’installe au début sur des notes primaires de fruit. La qualité et l’extrême finesse du vin tiennent dans sa capacité d’évolution dans le verre. L’air ne fait pas peur à ce nectar légèrement tannique gansé de parfums de mandarine et d’épices, qui s’affine et s’étoffe au fur et à mesure de son oxygénatio­n. 42 €

94/100 CLOS DE GAMOT

•Cahors Cuvée des Vignes Centenaire­s 2018 La famille Jouffreau produit des cahors d’une grande profondeur, mais qui se révèlent vraiment après une garde certaine. Si le style se modernise depuis quelque temps, les vins n’en restent pas moins de grands cahors de garde. Cette cuvée devrait passer les 50 ans, compte tenu de l’âge des vignes et de la qualité de ce millésime.

Encore sur son fruit mûr, elle n’a pas révélé tout son potentiel. 30 €

94/100 DOMAINE DES BOISSIÈRES

•Marcillac

La Quille de Rouge 2019

Marc Fraysse a commencé par reprendre une parcelle de son grand-père ; il y a ensuite ajouté 3 hectares, et a opté pour la biodynamie, visant la certificat­ion pour 2021. En attendant, le domaine est en bio et le garçon sait composer avec le rustique fer servadou qu’il élève huit mois en pièces bourguigno­nnes. Le rouge prend des allures digestes. Son fruit se répand en bouche pour finir sur une coquetteri­e à la violette. 12 €

94/100 DOMAINE MATHA

•Marcillac Peirafi 2011 Jean-Luc Matha affirme son originalit­é dans ses différente­s cuvées. Le fer servadou, vendangé à parfaite maturité, est mis en valeur par un éraflage total. L’ensemble de la gamme mérite de vieillir, et tout particuliè­rement Peirafi qui, dans

ce millésime en magnum, offre générosité, fruit et minéralité puisée dans l’élevage. 39 €

93/100 DOMAINE JULIEN AUROUX

•Bergerac Un peu de Toi, un peu de Moi 2019

Acteur de la nouvelle vague du Bergeracoi­s, cela fait une poignée d’années que Julien Auroux nous séduit avec ses cuvées très Sud-Ouest mais griffées de son style et de son terroir de l’extrême sud-est de l’appellatio­n Bergerac. Les vins grimpent en acidité tout en gagnant en densité

— ce qui lui vaut sa première étoile dans notre Guide vert 2022. Associatio­n classique de cabernet franc et de merlot, son vin ne rougira pas face à certains crus de la Jurade. 14 €

93/100 DOMAINE VALÉRIE COURRÈGES

•Cahors

Bois Carmin 2019

Valérie Courrèges est originaire de Tarbes. OEnologue talentueus­e, elle a vinifié en Provence et s’investit depuis 2019 sur un domaine de 23 hec

tares de Cahors, dont elle extrait des cuvées tout aussi intéressan­tes. Ce Bois Carmin 2019 est issu d’une vendange éraflée mais non foulée, pour en préserver l’intégrité ; le malbec sans levure est vinifié en petites cuves béton. Rouge au profil salin, réglissé et moderne, on aime son bouquet flamboyant et floral. 19 €

93/100 DOMAINE ESPILA

•Irouléguy

Espilako Xuria 2018

Paul Carricabur­u vendait les raisins de sa propriété familiale au domaine Brana. 2018 est son premier millésime en tant que vinificate­ur. Il assemble quatre parcelles couvrant à peine 1,5 hectare sur trois types de sols (grès, ophite et argilo-calcaires d’Ascarat). Assemblage de petit et gros mansengs et de courbu, l’énergique Espilako Xuria, cuvée vivace et tendue, au croquant séducteur et au beau gras en milieu de bouche, se tend en finale sur une salinité vibrante. 17 €

93/100 DOMAINE LAJIBE

•Jurançon sec

Haure 2019

Jeune vigneron de Lucqde-Béarn à la production confidenti­elle, Jean-Baptiste Semmartin est l’un des derniers venus à Jurançon. Il commence avec le millésime 2018, puis lance ses cuvées en plein confinemen­t… Et ça marche ! Nous caressons l’espoir que sa production grandisse avec lui. Des vinificati­ons en

Bourgogne, puis au domaine Cauhapé l’ont sans doute préparé à produire ces jurançons harmonieux qui marient profondeur et dentelle, charme et éclat. En plus de son petit vignoble de 3,5 hectares, il lance avec son épouse un négoce en achat de raisins bio. 35 €

92/100 CLOS LARROUYAT

•Jurançon moelleux Phoenix 2020

Maxime et Julie Salharang ont commencé par produire des secs (Météore et Comète) en attendant que les vignes atteignent la maturité nécessaire à l’élaboratio­n de doux. Phoenix est la troisième cuvée en moelleux. Assis sur un élevage en barriques qui lui donne de l’étoffe, le moelleux affiche environ 70 g de sucre, possède une liqueur énergique et offre l’éclat vibrant des vins Salharang. 17 €

92/100 DOMAINE BRANA

•Irouléguy 2019

Étienne Brana, le fondateur du domaine, fut aussi l’un des piliers du vignoble d’Irouléguy : c’est lui qui aménagea son vignoble en terrasses pour permettre d’augmenter la densité par hectare. Le domaine est désormais entre les mains de Jean, tandis que sa soeur Martine distille les célèbres eaux-de-vie du domaine. Gros et petit mansengs, augmentés d’une part de petit courbu pour l’assemblage du blanc, donnent un vin à la tension saline et aux amers croquants. Saluons sa finale à l’énergie percutante. 21 €

92/100 DOMAINE DE BROUSSE

•Gaillac Tandem 2020 Amandine Boissel reprend le domaine en 2016 et obtient la labellisat­ion bio en 2019. Duras et loin-de-l’oeil vinifiés en grappes entières, levures indigènes et sans soufre, dessinent un vin formidable­ment désaltéran­t, mais de belle amplitude, au parfum suave

et croquant de fruit rouge intense et délicieux.

Une pointe d’amertume dans la finale évoque le noyau de cerise. 11 €

92/100 DOMAINE ILARRIA

•Irouléguy 2018

Peio Espil signe ici un tannat, cabernet franc et cabernetsa­uvignon 2018 qui assume ses formes arrondies, portées par la fraîcheur d’un tanin de graphite. Sa cuvée Bixintxo (93/100) est une grande bouteille. Le 2019 promet une très longue garde ! 18 €

92/100 DOMAINE LE VENT DES JOURS

•Cahors Les Calades 2020 C’est l’histoire d’un sommelier cadurcien qui a oeuvré des années durant au restaurant Le Balandre, à Cahors, et décide de faire du vin. Avec un ami, il achète un bout de terre sur les hauteurs du vignoble. Aidé de sa femme Nathalie, il travaille en bio pour produire un pur malbec aux parfums de fleurs et de myrtille, aux tanins musclés mais voluptueux, rafraîchi dans la finale par l’altitude des parcelles. 15 €

92/100 SANDRINE FARRUGIA

•Côtes-du-Marmandais Épiphyte 2017

Depuis une petite dizaine d’années, Sandrine Farrugia, qui vinifie aussi aux côtés de son compagnon Elian Da Ros, a repris quatre hectares en fermage. Elle y produit un blanc et deux rouges dominés par l’abouriou : La Vague et Épiphyte, qui livre un 2017 de belle maturité au fruit posé et à la floralité délicate, tout en fraîcheur, sur un tanin fin. 20 €

92/100 IMANOL GARAY

•Madiran Abiatu 2019 Imanol Garay a travaillé chez Arretxea. Aujourd’hui, il signe une poignée de cuvées, dont un vin de France blanc, Ixilune, et ce madiran, tannat et cabernet-sauvignon, éclatant de fruit et d’épices. Un style empreint de fraîcheur. 34 €

91/100 CHÂTEAU MONTPLAISI­R

•Pécharmant Cuvée ZK 121 2018

Charles Blanc se frotte à plusieurs

méthodes afin de lutter contre les incidences climatolog­iques : l’agroforest­erie, la conversion biologique… La trilogie cabernet franc, cabernet-sauvignon et merlot prend ici des allures particuliè­res. La profondeur du rouge et l’amplitude de sa structure donnent à réfléchir, d’autant que le vin reste frais tout au long de la dégustatio­n. 19 €

91/100 CHÂTEAU PONZAC

•Cahors Les Peyrières 2020 Matthieu et Virginie Molinié ont depuis dix ans mis le château Ponzac sur les rails : ils peuvent être fiers d’avoir placé ce domaine parmi ceux qui

assurent l’évolution de l’appellatio­n. Ils entreprenn­ent aujourd’hui de diversifie­r leur production avec des cuvées parcellair­es qui affinent encore leur propos. Les Peyrières, issu des terrasses du Lot, affiche un joli fruit construit sur une dynamique stylée. 18 €

91/100 CLOS D’ORSIGNAC

•Bergerac 2017

Les raisins du microvigno­ble d’Élodie Corrieu, reconverti­e de fraîche date dans le Bergeracoi­s après un passé parisien, sont vinifiés en cuves bois et inox. Élevés ensuite en oeufs, les vins du Clos d’Orsignac ont des accents chantants, dont la mélodie se construit sur un fruit parfumé délicat et net, avec de la fraîcheur et de la tension. Le blanc se montre dynamique. Le seul rouge de la propriété est un 2017 égrené à la main, qui possède un jus expressif et énergique. 14 €

91/100 DOMAINE ETXONDOA

•Irouléguy Xut 2020

Olivier Pouchoulou a étudié le vin à Bordeaux et Dijon, puis travaillé dans le Rhône. Revenu au tannat et au cabernet franc, il nous régale d’un rouge sur la fraîcheur et la largeur. Franc et délicat, le vin termine sur une finale un peu lardée. L’un de ces tannats croquants, peu extraits, issus d’une cuvaison longue pour enrober les tanins et d’un élevage en cuves sur lies pour entretenir la fraîcheur. 12,50 €

91/100 DOMAINE GUTIZIA

•Irouléguy Ardantza 2019 Revenus au pays en 2011, Sébastien Clauzel et Cécile Sabah affinent un peu plus leur style chaque année. Avec ses 90 % de tannat, ce vin s’approfondi­t sur des touches fumées originales qui pourvoient amplement à la complexité et à la fraîcheur. Sa belle vinosité et son croquant épicé sont le résultat d’une vinificati­on en terre cuite qui donne un rouge plutôt carré. Mais la sucrosité en milieu de bouche apporte une souplesse peu coutumière au tannat. 20 €

91/100 DOMAINE HAUT BERBA

•Vin de France

Le Jardin de mon Père 2018 Vincent Maysounave de Jurançon et Fabien Jouves de Cahors se sont associés autour d’un vin blanc produit à Jurançon. Miel et écorce d’orange définissen­t ce blanc pointu et salin, formidable d’originalit­é, où une touche de pamplemous­se rappelle les raisins du coin. Le volume est

intense et une belle tension sur des amers tendres se dégage dans la fin de bouche. Il titre un bon volume, sans que l’alcool ne se perçoive. 18 €

90/100 CHÂTEAU DU CÈDRE

•Cahors L’Improbable 2020

L’arrivée de Jules, le fils de Pascal Verhaeghe, a donné un coup de jeune au Cèdre ; des cuvées originales voient le jour, comme ce rouge issu d’un assemblage de saignée et de pressurage direct, et produit comme les autres en levures indigènes et sans soufre. Élevé un an en foudres de 500 litres de cinq et six ans, il offre une brassée de fruits rouges sur un support légèrement tannique. 18 €

90/100 CHÂTEAU LAMARTINE

•Cahors

Cuvée Particuliè­re 2018

Ce domaine classique a su évoluer dans un sens qui ennoblit les cuvées en même temps que l’ensemble de l’appellatio­n. Ce bon vin de garde mise sur un fruit net, adouci de fleur et de zan. Son ambiance graphite se précise ensuite sur un tanin frais, épicé et ciselé, presque crayeux, qui le promet à une belle garde. 14 €

90/100 DOMAINE AMEZTIA

•Irouléguy Ameztia 2018 Au Pays basque, les vignerons et les bergers se partagent la terre. Jean-Louis Costera assume les deux identités. Gexan et Eñaut, ses neveux, l’ont rejoint depuis sur le domaine de huit hectares sis à Saint-Étienne-de-Baïgorry. En bio depuis 2020, ils produisent un rouge de tannat et de cabernet franc séduisant, d’une vraie fraîcheur avec de la tension en finale. 14 €

90/100 DOMAINE BORDAXURIA

•Vin de France L’Affranchi 2018

Outre la radieuse gamme d’Élorri Reca et Brice Robelet, il faut louer la personnali­té conquérant­e de cette syrah du Rhône septentrio­nal. Les raisins sont ramassés sur deux microparce­lles (syrah et viognier) de granite, cultivées en échalas et en bio à Chavanay et Saint-Étienne-de-Valoux puis vinifiées à Irouléguy. Ce rouge se distingue par un fruit séveux, une belle accroche et une sensualité éblouissan­te. 28 €

90/100 COMBEL-LA-SERRE

•Vin de France

De la Terre à la Lune 2020

Un seul hectare de vermentino, planté au pays du malbec. Par amour pour les blancs issus du raisin méditerran­éen, Julien et Sophie Ilbert ont décidé de faire l’essai sur leur terroir du Lot. Le vin ferait rougir quelques Provençaux : la tonicité de sa matière évoque l’eau fraîche et son fruit citronné nous plonge dans un verger. 15,50 €

90/100 DOMAINE LABRANCHE-LAFFONT

•Madiran Tannat 2020 Christine Dupuy signe des pacherencs formidable­s

et place ses madirans parmi les meilleurs rouges du SudOuest. Les vins produits sur le domaine familial, qu’elle dirige depuis 1993, insistent sur le fruit sans négliger la puissance du raisin. Depuis peu, la vigneronne se frotte au sans soufre avec cette cuvée à la franchise parfaite bien ajustée sur un fruit noir (cassis, myrtille) et tempéré d’un tanin fin. 11 €

90/100 LA COLOMBIÈRE

•Fronton

Les Jacquaires 2020

Diane et Philippe Cauvin conduisent leur vignoble en biodynamie depuis une dizaine d’années. Le génie du couple a permis de produire quelques cuvées très originales.

À partir du bouysselet, un vieux raisin original qui taille

des croupières à la négrette, ici assemblé au sauvignon et au chenin, il façonne un blanc profond mais rafraîchis­sant : sa capacité de garde pourrait surprendre… 11,50 €

90/100 STRATÉUS

•Madiran 2019 Dernier-né des vignerons madiranais, Simon Ribert cultive seul ses trois hectares, dont une partie lui vient de son grand-père. Sa gamme simplissim­e se décline entre deux pacherencs, un sec et un doux, et un madiran, tous habillés d’étiquettes qui reprennent les strates du terroir. Le rouge roule en bouche autour du tannat et du cabernet franc. On aime sa matière sensible, sans tapage ni tanins arrogants, son côté juste frais et suave. 16 €

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Irouléguy 2019 du domaine Brana : un blanc à l’énergie percutante.
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Le Jardin de mon Père 2018 du domaine Haut Berba : un vin de France formidable d’originalit­é !

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