Languedoc : le torchon brûle toujours au sein du CIVL
Les chicayas continuent de miner l’interprofession du Languedoc. Corbières, Fitou et Malepère menacent de claquer la porte.
Les AOP Corbières, Fitou et Malepère vont-elles à leur tour quitter le Conseil interprofessionnel des vins du Languedoc (CIVL) ? Après le départ il y a un an des vignerons du Minervois, le Clochemerle languedocien continue.
Le bras de fer a débuté en juillet 2021 lors de l’assemblée générale élective du nouveau président de l’interprofession, Christophe Bousquet, patron de l’ODG La Clape et représentant du collège des vignerons. Problème, l’Union des entreprises vinicoles méridionales (UEVM), le syndicat des négociants du Languedoc (Gérard Bertrand, Castel, Advini, etc.) écarte ce jour-là du vote 19 “metteurs en marché direct”. Il s’agit de vignerons qui vendent eux-mêmes plus de 50 % de leur production et qui détenaient jusque-là 30 % des sièges alloués au collège des négociants. Une exception en France.
S’estimant floués, ces metteurs en marché direct portent l’affaire en justice, demandant l’annulation de l’AG pour « défaut de convocation et non-respect des statuts ». Le 3 février 2022, ils sont déboutés, le juge se déclarant par ailleurs incompétent pour trancher sur le fond. Une décision qui laisse chacun sur sa faim.
L’UEVM s’estime confortée. Pour elle, il faut être commerçant, donc posséder un numéro de Siret, pour siéger dans le collège des négociants, les producteurs étant déjà représentés dans le collège des vignerons.
Les metteurs en marché, eux, ne veulent pas entendre parler de Siret et voient les choses différemment. « Cette décision de justice prouve la représentativité des metteurs en marché direct. Ils vont pouvoir siéger au CIVL », veut croire leur avocat, maître Pinet, sans apporter d’éléments nouveaux. Reste à trouver une solution acceptable par toutes les parties. Des négociations sont en cours pour créer un troisième collège. D’autres proposent de faire plancher trois cabinets d’avocats pour trouver une issue.
En attendant, tirant prétexte de cette chicaya, trois présidents d’ODG menacent de claquer la porte. « Nous préparons l’après CIVL dans l’Aude, avec Fitou et Malepère », confirme Olivier Verdale, président des Corbières, metteur en marché direct et candidat malheureux contre Christophe Bousquet. La perte de la seconde AOP régionale en volume ne serait pas une bonne nouvelle pour le CIVL. Mais la sécession de trois AOP audoises fragiles constitue-t-elle pour autant une stratégie ?