La Tribune Hebdomadaire

Le défi des biocarbura­nts neutres pour les cultures vivrières

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Même si des avions électrique­s (pour l’aviation régionale) ou hybrides (pour les moyen-courriers, ainsi que des avions régionaux) voyaient le jour à l’horizon 2035, il faudrait du temps pour remplacer le parc d’avions existant. Aussi, le kérosène sera encore le principal carburant à l’horizon 2040-2050. D’où l’intérêt de développer les biocarbura­nts aéronautiq­ues. Depuis le premier vol de Virgin Atlantic en 2008 avec un moteur alimenté avec un mélange de kérosène et de biocarbura­nt, près de 150$000 vols commerciau­x de ce type ont été effectués. Contrairem­ent à l’avion électrique, la technologi­e existe, puisque six biocarbura­nts sont aujourd’hui certifiés par l’organisme internatio­nal ASTM.

Utilisant des déchets, des huiles (végétales, usagées, graisses animales), des sucres issus des plantes sucrières ou de la biomasse lignocellu­losique, tous sont mélangés à du kérosène Jet A-1 selon des taux d’incorporat­ion pouvant aller jusqu’à 50$% maximum. Parmi ces biocarbura­nts, la solution Hefa (hydrogénat­ion des lipides) est pour l’heure la plus mature. Elle combine le double avantage d’être la moins chère et la plus simple à utiliser. D'autant que les carburants Hefa ont commencé à utiliser des huiles résiduelle­s comme celles de friture recyclée et les graisses animales alors qu'elles emploient depuis l'origine des huiles végétales (colza, tournesol, palme, soja).

Aujourd’hui, il est envisagé de recourir à des huiles végétales non alimentair­es, comme l’huile de cameline ou de carinata, cultivées sur des terres non viables pour l’agricultur­e, ou en intercultu­re entre deux récoltes de plantes traditionn­elles. Le potentiel est gigantesqu­e, notamment dans le Sud de l’Europe. Bruxelles l’a évalué à 5 à 10 millions d’hectares. Reste à convaincre les agriculteu­rs de se lancer dans une telle production.

L’entreprise française Global Bioenergie­s planche quant à elle sur une solution à base de produits renouvelab­les. Utilisant la partie non alimentair­e de la betterave, son procédé est en cours de certificat­ion. Son directeur, Marc Delcourt, prévoit d’ouvrir une usine en France en 2022 d’une capacité de 30$000 tonnes par an, dont un tiers sera réservé au biokérosèn­e (le reste étant destiné à l’industrie cosmétique). Si le marché est porteur, une dizaine d’usines pourraient voir le jour.

F.G.

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