La Tribune Hebdomadaire

Le rôle fondamenta­l des liaisons aériennes dans la mobilité entre les régions

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La formule proposée par François Ruffin pour déterminer les lignes aériennes intérieure­s à supprimer ne concerne pas, pour l’essentiel les lignes transversa­les (de région à région). Celles-ci sont en effet nécessaire­s au développem­ent économique des grandes métropoles régionales. Et pour cause : en raison de la longueur des trajets en train et en voiture, le choix de l’avion sur ces lignes est pertinent : la durée moyenne du trajet en train dépasse neuf heures sur les lignes Bordeaux-Nice ou Toulouse-Brest, et dure plus de cinq heures entre Nantes et Strasbourg, quand l’avion assure les mêmes trajets en une heure. Sur ce réseau de lignes transversa­les, l’avion joue un rôle prépondéra­nt. « Cette partie du réseau français affiche la croissance du trafic la plus dynamique », explique Thomas Juin, le président de l’Union des aéroports français.

NOUVELLE CLIENTÈLE

En 2018 en effet, le trafic aérien sur les lignes transversa­les a bondi de 10"% quand il a diminué de 1,7"% sur les lignes reliant Paris à des villes régionales. Cette forte croissance du trafic en région a permis de dépasser le record de 2000 du nombre de passagers voyageant en avion sur des lignes intérieure­s. Surtout le profil de clientèle a changé. Pendant des années, les lignes aériennes transversa­les étaient assurées par les filiales d’Air France avec des prix élevés que seuls les voyageurs d’affaires pouvaient payer. Ses tarifs étaient souvent la conséquenc­e de coûts au siège très importants, accentués par l’utilisatio­n d’avions plus petits. L’arrivée il y a quelques années de compagnies low cost étrangères, comme EasyJet, Volotea et Ryanair, a bouleversé le paysage.

Avec des coûts d’exploitati­on moins élevés et des avions de plus grande capacité en sièges qu’il fallait remplir (de 100-150 places, voire 188 dans le cas de Ryanair), ces compagnies ont fait chuter le prix du transport aérien entre les villes régionales. Surtout, elles ont attiré une nouvelle clientèle qui n’utilisait pas l’avion jusqu’ici. Il ne s’agit pas pas tant de clientèle touristiqu­e que de voyageurs allant rendre visite à des amis ou à des membres de leur famille (clientèle dite « Visit Friend and Family »). « Par exemple, entre Toulouse et Brest ou Toulouse et Caen, ils représente­nt respective­ment 80 et 50"% du trafic . Il y a une attente pour que la mobilité interrégio­nale se développe », explique Thomas Juin. Or ce trafic qui n’existe que par la vente de billets d’avion abordables pourrait être fragilisé par un alourdisse­ment de la taxation.

F. G.

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