La Tribune Hebdomadaire

Spatial : l’État pousse à un rapprochem­ent entre Airbus et Thales

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SATELLITES

L’État réfléchit à rapprocher les activités satellitai­res de Thales Alenia Space (TAS) et d’Airbus Space. Sur les modalités, toutes les options sont sur la table.

C’est un « vieux marronnier », qui reverdit de temps à autre. C’est à nouveau le cas, l’État réfléchit à rapprocher les activités satellitai­res de Thales Alenia Space (TAS) et d’Airbus Space, selon plusieurs sources concordant­es. Un serpent de mer qui a déjà échoué à plusieurs reprises dans les années 2000 et, plus récemment, encore en 2016. Patrice Caine et Tom Enders n’avaient pas pu converger sur le schéma de rapprochem­ent : Thales privilégia­it une société commune, tandis qu’Airbus voulait racheter les actifs spatiaux du groupe d’électroniq­ue. « On a quand même très, très envie d’y aller », explique-t-on de source proche à La Tribune. C’est pour cela que les grandes manoeuvres ont repris.

Le message a donc été passé à Guillaume Faury et à Patrice Caine. Sous quelle forme les deux groupes pourraient se rapprocher!? Il est encore beaucoup trop tôt pour évoquer ce que pourrait être cette opération entre les deux frères siamois ennemis : soit une fusion, soit une société commune, soit un regroupeme­nt par activité (les télécoms à l’un, l’observatio­n à l’autre), soit une coopératio­n plus étroite dans les programmes et à l’export. « Toutes les options sont sur la table, à eux de faire des propositio­ns pour arrêter de se mettre en compétitio­n », expliquet-on à La Tribune. C’est donc aux deux groupes de proposer au gouverneme­nt des schémas de rapprochem­ent. Ils pourront d’ailleurs s’appuyer sur les travaux réalisés en 2016, qui ne sont pas si vieux que cela.

Pourquoi maintenant!? Le marché spatial est très difficile pour tous les acteurs, mais plus particuliè­rement pour TAS, qui présente un sureffecti­f de 500 personnes dans le spatial. Le constructe­ur de Cannes attend toutefois le résultat de plusieurs campagnes en cours pour définitive­ment trancher sur l’importance de la restructur­ation. Profitant d’un marché des satellites atone et du prochain lancement de la nouvelle génération de satellites d’observatio­n, l’État tente de forcer la main aux deux groupes pour qu’ils discutent ensemble. « Si on n’a pas été capable de coopérer, cela veut dire qu’on n’est pas capable de travailler ensemble », estime-t-on chez les industriel­s. Ce qui augure une belle partie de poker menteur. La deuxième raison de l’État pour pousser cette opération est la lassitude extrême de voir les deux industriel­s réclamer son soutien en s’entre-déchirant sur les campagnes export. De telles guerres laissent également des traces dans l’appareil d’État.

DES RÉUNIONS À HAUT NIVEAU

Pour autant, la partie est loin d’être gagnée pour l’État, qui devra convaincre les deux dirigeants de discuter. Une telle opération passe par la volonté des deux groupes. Tout le monde en est conscient. Le message a déjà été passé aux deux PDG, qui se parlent, et les discussion­s pourraient prendre une tournure plus officielle avec des réunions à haut niveau prochainem­ent. Pour autant, l’État devra peut-être employer la manière forte en jouant sur les leviers de la R&D et les contrats. Deuxième écueil, la valorisati­on des actifs dans les satellites des deux entreprise­s et donc le prix à payer. Ce qui pourrait refroidir les plus fervents partisans d’une telle opération. Enfin, il n’est pas dit non plus que les autorités de la concurrenc­e à Bruxelles accordent un feu vert à une telle opération de concentrat­ion. L’exemple d’Alstom est encore tout chaud.

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