La Tribune Hebdomadaire

Et si la Silicon Valley versait un dividende à tous les Californie­ns ?

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Cinquième économie mondiale, le bien nommé « Golden State » est l’État américain le plus prospère.

Mais c’est aussi l’un des plus inégalitai­res. Et les choses ne s’améliorent pas, au contraire. Au cours des dernières années, le boom des nouvelles technologi­es, qui a pour épicentre la Silicon Valley, a entraîné une explosion du nombre de personnes fortunées. La Californie compte plus d’un million de millionnai­res, davantage que n’importe quel autre État. Mais le reste de l’économie californie­nne n’a pas crû dans les mêmes proportion­s. Ainsi, le salaire médian réel a stagné depuis les années 1980. Et les inégalités ont explosé. Un rapport du Public Policy Institute of California, un laboratoir­e d’idées californie­n, rapporte que les 10 % des ménages les plus riches gagnent 10 fois plus que les 10 % les plus pauvres. Un écart deux fois supérieur à ce qu’il était dans les années 1980.

Afin de répartir plus équitablem­ent les fruits de la croissance de l’industrie des nouvelles technologi­es, Chris Benner, directeur du Santa Cruz Institute for Social Transforma­tion, un laboratoir­e d’idées de l’université de Santa Cruz, propose, dans un rapport récent, de mettre en place un tech dividend pour tous les Californie­ns. Cette option consistera­it à verser à chaque résident du Golden State une somme d’argent (le rapport ne donne pas de montant précis). Proche du revenu universel, cette somme ne serait pas suffisante pour vivre, mais permettrai­t de redistribu­er une partie des fruits du boom technologi­que. Le dispositif proviendra­it de fonds publics et serait financé par les revenus que la Californie collecte grâce à l’industrie des nouvelles technologi­es. Cette idée s’inspire d’un modèle similaire mis en place en Alaska depuis 1982 et financé grâce aux revenus de l’industrie pétrolière.

Pour justifier cette mesure, Chris Benner avance, d’une part, que l’essor de la Silicon Valley a été largement permis

par des programmes d’investisse­ments publics. L’algorithme de recherche qui a nourri la croissance de Google a été développé dans le cadre d’une bourse financée par la National Science Foundation. Apple, de son côté, a bénéficié pour son iPhone de l’investisse­ment effectué par l’armée américaine dans les technologi­es cellulaire­s, et des recherches du départemen­t de l’Énergie autour des batteries au lithium. D’autre part, de nombreuses entreprise­s des nouvelles technologi­es, de Facebook à Twitter, en passant par Google, tirent une bonne part de leurs revenus des données générées par les utilisateu­rs, qui, eux, ne touchent rien en retour.

Cette dernière idée a fait mouche auprès de Gavin Newsom, le gouverneur de Californie. En février, il a en effet proposé la mise en place d’un data dividend, qui permettrai­t aux Californie­ns d’être rémunérés pour la session de leurs données. S’il n’a pas précisé de moyens de financemen­t, de nombreux experts suggèrent que les grandes entreprise­s comme Google et Facebook pourraient être taxées pour rendre ce dispositif possible.

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