FREERIDE 2.0
J’ai longtemps regardé ceux qui pratiquaient le ski de randonnée comme des alpinistes gênés par la neige, ce en quoi je n’avais pas tort puisque c’est la seule expérience que j’en avais. Et si ces quelques fois demeurent d’excellents souvenirs de montagne, ils restent à ma mémoire comme de véritables cauchemars en terme de ski, les chaussures de l’époque sans aucun appui en flexion rendant l’affaire délicate, le sac à dos n’amenant rien à l’affaire… C’est bien simple, question équilibre, ce n’était pas du ski mais de la slackline avant l’heure ! Pas étonnant alors que j’ai toujours préféré porter mes skis sur l’épaule plutôt que d’imaginer remettre des peaux, jusqu’à essayer à nouveau, il y a quelques années, lorsque la Marker Duke est sortie. Même si elle pesait un âne mort (c’est toujours le cas, mais moins), elle devenait la première pure fixation alpine capable de monter quelques centaines de mètres pour s’échapper de la foule ou se rire d’un petit colu (petit col en langage de randonneur) gâchant par sa présence la belle pente démarrant à son sommet. Les appuis en languette étaient préservés, le confort total à la descente. En revanche, à la montée, même en desserrant les crochets, il était bien difficile d’aller vite, les zones plates étant même un calvaire à cause de l’inclinaison naturelle de la tige des chaussures de ski. Avec l’apparition récente des tiges débrayables sur les chaussures alpines, la polyvalence devenait plus qu’acceptable, la pratique du freerando prenait du sens : évolution logique du freeride. Au même titre que le ski de piste est devenu durant quelques années le carving lorsque les skis « paraboliques » sont arrivés sur le marché, la tendance freerando n’est que la pratique du freeride avec des outils modernes, plus légers, plus polyvalents, capables d’exploiter des fixations minimalistes à inserts tout en offrant de réelles compétences en descente. Bref, le ski évolue mais demeure surtout le meilleur moyen de glisser sur la neige, au coeur de la montagne. Randonneurs, freerandonneurs, freerideurs : autant dire skieurs ! Des skieurs qui, au-delà de leurs matos, se retrouvent pour célébrer la montagne et les sensations de glisse, si particulières et tellement uniques… Le freeride 2.0 apporte la dose de montagne qui commençait à manquer maintenant que tout est tracé si rapidement dans nos stations, mais aussi la dose d’aventure et d’authenticité qui sied à l’époque. Bref, le matériel donne une seconde jeunesse au hors-piste et probablement pas mal de fil à retordre aux secouristes. Alors profitez, mais restez attentif et vigilant.
Laurent Belluard
NB :
Skieur Magazine va publier prochainement un hors-série dédié à la sécurité et aux méthodes à suivre pour éviter d’être confronté aux avalanches.