Skieur Magazine

/ MATCH TEST : FREERANDO VERSUS RANDOFREER­IDE

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PAS DIFFICILE DE COMPRENDRE QU’IL EST BIEN PLUS FATIGANT DE TRAÎNER UN ENSEMBLE SKIS-FIXATIONS-CHAUSSURES LOURD PLUTÔT QU’UN PACK ALLÉGÉ MAIS C’EST ENCORE MIEUX EN LE VIVANT, SKIS AUX PIEDS, SUR LA MÊME MONTÉE.

Pour cet essai, nous avons comparé un Atomic Access (100 mm en 181 cm pour 6 752 grammes) monté en Atomic Tracker et un Black Diamond Revert (95 mm en 180 cm pour 4 496 grammes la paire) monté en Dynafit TLT Radical ST, le premier employé avec des chaussures polyvalent­es Atomic Tracker (4692 grammes en 26,5) et le second avec des tout aussi polyvalent­es Black Diamond Quadrant de la dernière génération (3 584 grammes en 27,5), sachant que ces pointures différente­s conviennen­t au même pied. C’est donc les bonnes pointures, les pesées de tout ce matériel ayant été réalisées dans les locaux de Skieur Magazine.

PREMIER CONSTAT

Ces deux équipement­s, assez similaires en matière d’usage, proposent tous les deux un rocker en spatule pour gagner en facilité, une surface portante suffisante pour bien déjauger et rester en surface tout en offrant la possibilit­é de se faufiler à la montée dans les passages scabreux, assez rapidement mouvement) et l’axe de rotation placé juste devant les orteils rendant indéniable­ment la vie plus simple en montée.

À LA DESCENTE

En bonnes conditions, il n’y a quasiment pas de différence­s pour un skieur moyen ou bon, même à un certain rythme. La transmissi­on des efforts se fait sainement en Low-tec alors que la fixation débrayable devient une pure alpine une fois enclenchée. Comme les chaussures choisies demeurent des « bonnes à tout faire », le maintien s’avère assez équivalent même si l’Atomic reste plus près du pied. C’est en terrain plus exigeant que les choses se compliquen­t pour le pack le plus léger où ça secoue rapidement à tous les niveaux. La fixation (non bloquée) ne bouge pas et fait le boulot mais on se fait léger, évitant de bourriner ou de forcer la courbe, de peur que tout lâche. Et c’est bien le problème de ceux qui aiment les runs de porc : s’ils veulent

« SANS SURPRISE, EN MONTÉE COMME EN DESCENTE, LA FATIGUE ÉCONOMISÉE

D’UN CÔTÉ SE PAIE CASH DE L’AUTRE À PRESTATION ÉGALE. »

avec des couteaux néanmoins. Disons qu’il s’agit de deux équipement­s modernes, polyvalent­s, l’un penchant davantage vers un usage alpin donc freeride-rando même si sa légèreté avait été louée à l’époque, l’autre lorgnant plutôt vers la rando, donc rando-freeride. Du rassurant, sans risque ni chapelle. On a beau le savoir et le sentir, lorsqu’on perd trois kilos après un petit régime, on n’imagine jamais sur le papier ce à quoi correspond réellement ce gain de poids puisque logiquemen­t, on l’estime par rapport à ce que l’on connaît, c’est-à-dire trois kilos d’oranges ou de patates. On se dit alors que ce n’est pas si mal, oubliant l’essentiel : le gain se fait à chaque pas. Dans ce comparatif, nous parvenons à un total de 11,444 kg pour l’ensemble monté en fixations débrayable­s et 8,08 kg pour celui en Low-tec, soit près de 3,5 kilos de gain. À l’usage, cet écart se renforce en matière de sensations. D’un côté, le ski ne pèse rien et la montée se fait en petites foulées, sans gêne. De l’autre, le glissement du ski s’avère moins naturel et on a la sensation de le traîner, sans pour autant nous empêcher d’avancer évidemment. En fait, c’est un peu comme comparer une paire de chaussures de running (ou de trail aujourd’hui) à une paire de chaussures d’alpinisme à tige haute (type coques en plastique d’antan), sur un sentier de montagne en raidillon. Après environ huit cents mètres de dénivelé (assez constant) pour exactement deux heures d’efforts, l’écart en temps se monte à six minutes environ, même s’il est difficile de comparer des performanc­es effectuées à deux jours d’écart. Le temps n’est en fait pas le bon élément de comparaiso­n : c’est la quantité d’efforts qui compte réellement et là, il faut avouer que l’on arrive bien plus frais avec le pack en Low-tec, l’économie de poids au talon (il n’y a rien d’autre que la chaussure en skier comme avec une fixation alpine, ils doivent bloquer la fixation et donc prendre le risque de ne jamais déchausser, cette technologi­e offrant moins d’élasticité qu’une butée qui travaille en permanence à remettre la chaussure dans l’axe, même si on ne s’en rend pas compte dans l’action. Avec le pack Atomic, on skie exactement comme on l’a toujours fait en hors-piste, sans se poser de question, même lorsque ça tremble dans tous les sens, l’Access bougeant pas mal de l’avant également. Un peu mieux tenu, un peu plus sur l’avant des chaussures pour tailler les courbes, c’est un vrai bonheur sans nuage. Comme à la montée, la différence se fait sur le confort ressenti davantage que sur le chrono pur et dur.

EN CONCLUSION

À l’étude de ce comparatif, deux premières conclusion­s s’imposent : 1/ il n’y a pas de réelle surprise puisque la logique est respectée : le pack plus alpin amène un peu plus de sécurité active et psychologi­que à pleine vitesse que la version light. Tandis qu’à la montée, il n’y a pas photo, avec 3,5 kilos d’économie et un meilleur travail de la fixation. 2/ Si l’on élargit le débat, on peut noter qu’au-delà de 1 000 mètres de dénivelé positif, la fixation débrayable s’avère difficile à emmener. En revanche, les chaussures dotées du système Low-tec ont fait de réels progrès en skiabilité et on peut se demander pourquoi faire l’économie de cette option, même si l’on s’en sert que pour atteindre quelques rares objectifs. Mais quel progrès en quelques années! Depuis l’apparition de la Marker Duke, les fixations débrayable­s « solides » ont permis d’aller explorer là où seuls les randonneur­s pouvaient aller, mais avec du matos en allumettes… Aujourd’hui, selon les particular­ités de chacun, on peut se permettre d’ergoter entre ces deux formules : freeride-rando ou rando-freeride, sans que l’une soit vraiment plus cohérente que l’autre. C’est une question de dosage, d’envie, de niveau et de ce qu’on possède déjà.

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