/ ENQUÊTE

DOMAINES SKIABLES DE FRANCE,

LES VRAIS CHIFFRES.

UNE ÉTUDE DU CONSULTANT ALLEMAND CHRISTOPH SCHRAHE, QUI S’EST USÉ LES YEUX SUR GOOGLE-EARTH POUR REMODÉLISER LES PISTES DE SKI DE CHAQUE DOMAINE AFIN D’EN MESURER LA RÉELLE AMPLEUR, A MONTRÉ QUE LES STATIONS DE SKI, QU’ELLES SOIENT FRANÇAISES, SUISSES OU GERMANIQUES, AFFICHENT DES KILOMÉTRAGES PEU RÉALISTES.

Passée la polémique qui, dans la grande presse, a quand même terni la réputation de la profession en général, nous nous sommes demandé si les opérateurs de stations de ski allaient trouver une norme commune ou du moins, un mode opératoire identique dans le calcul de la longueur des pistes. Et la polémique aura au moins servi à ce que Domaines Skiables de France, l’association réunissant tous les exploitants français, donne une préconisation, comme le confirme Laurent Reynaud, son directeur : « Nous avons proposé que la mesure soit effectuée en milieu de piste, en prenant en compte l’inclinaison de la pente et en mesurant seulement une fois chaque piste. De même, les variantes sont mesurées en tenant uniquement compte du kilométrage de dérivation, sans celui de la piste principale. » Jusqu’alors, chacun était libre d’interpréter le kilométrage de son domaine, avec des réflexions pas forcément dénuées de sens : un skieur faisant des courbes parcourt davantage de kilomètres qu’un autre tirant tout droit. Idem, une piste élargie ou très large naturellement offre davantage de possibilités qu’une autre plus étroite, ce qui peut justifier qu’elle était comptabilisée plusieurs fois. « À ce jeu de la mesure, les domaines français n’ont pas grand-chose à perdre », rajoute Laurent Reynaud alors que Jean-Christophe Hoff, directeur de l’Alpe d’Huez, pense que « la question est de savoir quels pays et quelles stations vont appliquer en premier cette préconisation, sans être pénalisés par la comparaison. Du coup, à l’Alpe d’Huez cette année, nous avons inscrit les deux chiffrages sur le plan des pistes… En fait, le meilleur moyen serait de mesurer la surface de l’emprise des pistes, ce qui permettrait enfin de mesurer l’exacte taille du domaine, c’est-à-dire tout ce qui est balisé. » Pour rappel, voilà quelques chiffres révélés par cette enquête.

LES DOMAINES SKIABLES (GONFLÉS)

Parmi ceux qui n’y vont pas avec le dos de la cuillère, St Moritz-Celerina (Suisse) affiche 163 km de piste là où il n’y en a que 64 km, soit un dopage des performances estimé à +156% selon l’étude. À noter que l’ensemble de la vallée de l’Engadin annonce un total de 350 km de piste. Pas mieux, les 4 Vallées dont fait partie la célèbre Verbier, parviennent au score intéressant de +151% alors que les Sybelles proposent un non négligeable +120% qui prendrait en compte, selon une interview diffusée sur RTL, les pistes de ski de fond, de raquette, etc. À +123%, Isola 2000 fait aussi un beau score alors que chez les « très grands », notez que les 3 Vallées, avec 495 km contre les 600 annoncés, ne gonflent le résultat que d’un acceptable +22% ; Paradiski d’un mesquin +12% pour 378 km, et presque la même chose avec +17% pour les superbes pistes du Sella Ronda, au coeur des Dolomites. Honorable.

LES DOMAINES SKIABLES (STUDIEUX)

Champion du monde de la rigueur, tellement sérieux que ce domaine relié se vole lui-même des kilomètres, 4Berge dont Schladming est la station la plus emblématique, annonce 121 km alors qu’il en propose 131 km ! Presque une faute professionnelle… Toujours en Autriche, Kitzbühel fait dans l’efficace puisque les 164 km annoncés ont été mesurés à l’identique. Il est vrai que si les pistes sont toutes comme la fameuse Hahnenkamm où se court la descente de coupe du monde, il n’y a pas de quoi trop sortir de la ligne de pente ! En France, c’est l’Espace Diamant qui fait presque un sans-faute avec 185 km contre 178 km, soit un petit +4% d’exagération, autant dire rien. Au final, cette enquête dont le protocole est discutable, a eu le mérite de mettre sur la place publique une question qui mérite d’avoir une réponse universelle.