Skieur Magazine

PERSONNE NE SORTIRA D'ICI VIVANT !

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Pas de langue française dans « le ski nouvelle école pour mec cool ». Et amenez-moi le premier qui a dit « rider » ! Aussi sournois que le typhus dans nos tranchées, plus efficace encore qu'un herpès dans une cour de collège, ce petit mot s'est insinué dans la bouche de nos jeunes adeptes. Le premier qui a dû l’utiliser, je suis sûr qu'il avait la casquette Advita, celle avec la fameuse étiquette qu'il ne fallait en aucun cas retirer sous peine de se retrouver avec une casquette dont la seule utilité serait de protéger du soleil. Quelle plaie… C'est bizarre, non, la mode ? Il a dû répéter "rider" un paquet fois quand personne ne pratiquait l'expression… Peut-être même qu’il a un jour pensé à abandonner le bougre. Mais non, ce petit fumier l'a fait. Et il a gagné. Pas moyen d'entendre un bon jeune te dire qu'il va skier. Tous les vrais gars vont à la ride, mec ! En effet, le terme a vite enfanté quelques déclinaiso­ns. « La ride » veut dire en fait « pratiquer le ski pour mec cool ». Je pense qu'on dit « la ride » parce que « ride » se traduit par « chevauchée » et qu’une chevauchée, c'est féminin. D'où « la ride »… Ce qui nous amène directemen­t au nom masculin : "un rider", prononcé rideur et qui signifie donc skieur bien qu'il devrait être traduit cavalier. Nous voilà donc tous, grâce à ce fameux prescripte­ur de tendance, une belle bande de cavaliers pratiquant la chevauchée libre dans l'arrière-pays ! Libre à vous de continuer cet amusant exercice qui pourrait vous mener à parler de cavaliers libres envoyant des tire-bouchons 720 muets inversés en style libre d’arrière-pays… Pour ma part, je m'arrête ici car je ne vous amuserais guère plus longtemps. J'ai trouvé le mec qui a dit « rider » en premier. En fait, ils sont plutôt nombreux et il semblerait même qu'ils fassent un peu partie de moi-même ainsi que de toutes les génération­s influencée­s. Si tu ne viens pas à la masse, la masse finit souvent par venir à toi. Toute tendance s'impose d'avoir été à un moment un contre-courant pratiqué par une niche de puristes. Jusqu'à ce que ce contre-courant devienne populaire, les puristes la pratiquant se voyant imités. À un moment, l’expression devient tellement commune qu'elle perd son aspect cool et se voit finalement remplacée par un nouveau contrecour­ant qui bien souvent existait mais qui a été en son temps remplacé lorsqu'il était devenu trop populaire… Dans tout ça, libre à vous d'avoir le cran d'être un vrai puriste et d'accepter d'être perçu comme un has been durant la durée d'un « cycle de popularité » de votre courant ou vous acceptez votre appartenan­ce à la masse et vous achetez cette putain de casquette Advita… Au fait, il y a aussi des fringues avec des têtes de mort chez Jennyfer…

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